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Titre Déglobaliser l'histoire globale de l'Europe
Auteur Stephen W. Sawyer, Laurent Perez
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 76, no 4, octobre-décembre 2021 L'histoire européenne après le tournant global
Rubrique / Thématique
L'histoire européenne après le tournant global
Page 775-785
Résumé Cet article soutient que les récentes histoires globales de l'Europe ne représentent qu'un mode très spécifique de conscience globale dans l'historiographie et les sciences sociales européennes. S'il ne fait aucun doute que notre compréhension du passé européen serait plus que desservie par un isolationnisme malvenu ou le simple rejet des considérables gains scientifiques de l'histoire globale, les récents changements dans les structures, les technologies et les modes de la mondialisation héritée de l'après-guerre froide nous poussent à reconsidérer la manière dont cette interconnexion globale s'est effectivement réalisée à d'autres époques et en particulier au XIXe siècle. L'histoire européenne après notre plus récent « tournant global » doit tenir compte des modes antérieurs de conscience globale et examiner comment la mondialisation elle-même s'est en retour vue façonnée par cette connaissance. En effet, la compréhension passée de l'interconnexion mondiale n'a pas nécessairement favorisé l'ouverture des frontières, une interdépendance ou une fluidité culturelle croissantes. Ainsi, en réponse aux forces mondiales perçues, des modes d'organisation sociale de désintégration et de réduction d'échelle émergèrent et se consolidèrent. On a également pu assister à des tentatives de canalisation des bénéfices de ces processus mondiaux à la suite de la prise de conscience de leurs retombées potentiellement enrichissantes et déstabilisantes. Ces efforts de contrôle de la mondialisation ne l'ont pas empêchée, mais lui ont donné une forme spécifique à des moments particuliers. À titre d'exemple, l'article soutient que le demi-siècle qui a suivi la Révolution française a été le témoin de ce que l'on pourrait appeler une globalisation déglobalisante, soit un moment où l'intégration mondiale, que beaucoup considéraient comme responsable du bouleversement de la Révolution, ne s'est certainement pas arrêtée, mais s'est vue réorientée au service d'une nation souveraine par la naissance de nouveaux modes d'écriture des sciences sociales et de l'histoire.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article argues that recent global histories of Europe represent just one quite specific mode of global awareness in a long history of European global historical and social scientific consciousness. There is no doubt that our understanding of the European past would be more than ill-served by misplaced isolationism or the simple rejection of the massive scientific gains made by global history. Yet recent shifts in the structures, technologies, and modes of the globalization inherited from the post-Cold War world push us to reconsider how that global interconnectedness was achieved. European history after our most recent “global turn” must take into account previous modes of global consciousness and examine how globalization itself has been shaped by this knowledge. Indeed, past understanding of global interconnectedness did not necessarily lead to more open borders, increased interdependency, or growing cultural fluidity. Dis-integrating downscaling modes of social organization were invented and reinvigorated in response to perceived global forces. There were also conscious attempts to channel the fruits and accumulations of global processes based on an awareness of their potentially enriching and destabilizing impact. These efforts to take control of globalization did not stop it, but they did give it a specific shape in particular moments. As a case in point, the article argues that the half-century following the French Revolution witnessed what might be called a deglobalizing globalization: a moment when the global integration that many considered responsible for the upheaval of the Revolution certainly did not stop, but was redirected in the service of a sovereign nation through the birth of new modes of social science and history writing.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_764_0775 (accès réservé)