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Titre Vivre et travailler dans une enclave chinoise au Cameroun : Les ouvriers d'un « grand chantier de l'émergence »
Auteur Gérard Amougou, Antoine Kernen, Fabien Nkot
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 245-246, 2022/1-2 Salariats d'en bas
Rubrique / Thématique
La diversification des conditions salariées
Page 241-263
Résumé Au Cameroun, les « grands chantiers de l'émergence » servent à consolider le régime du président Paul Biya, mais représentent également de nouvelles opportunités d'emplois salariés sous contrat dans un pays marqué par leur rareté. En s'appuyant sur les récits d'ouvriers camerounais du barrage de Lom Pangar, cet article rend compte de la tension entre les avantages d'un emploi salarié et stable et la réalité du travail dans cette enclave chinoise caractérisée par des conditions de travail difficiles, des salaires bas et le maintien d'une grande précarité de l'emploi. Cette tension est renforcée par une organisation « raciale » du travail. Ainsi, quelle que soit la fonction des employés camerounais (manœuvres, conducteurs de machine, techniciens ou encore ingénieurs), ils sont toujours en position d'infériorité face aux employés chinois. Comme, dans les chantiers des entreprises chinoises au Cameroun, le nombre de travailleurs expatriés est beaucoup plus important qu'au sein des entreprises étrangères opérant dans le même secteur, chaque employé camerounais ou presque est sous les ordres directs d'un chef chinois. Dès lors, si les grèves dénoncent les conditions de vie et de travail sur le site, les récits que nous avons récoltés reviennent souvent sur les conflits, les bagarres et les frustrations engendrés par cette organisation raciale du travail.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Cameroun, the “major structuring projects for emergence” aim to consolidate the regime of President Paul Biya. However, they also represent new opportunities for salaried employment under contract in a country marked by their scarcity. Based on the accounts of Cameroonian workers at the Lom Pangar dam, this article reports on describes the tension between the advantages of a stable salaried employment and the reality of work in this Chinese enclave, marked by difficult working conditions, low wages, and the maintenance of a high level of job insecurity. This tension is reinforced by a “racial” organization of work. Indeed, whatever the function of Cameroonian employees (laborers, machine operators, technicians, engineers), they are always in an inferior position compared to the Chinese employees. Knowing that in a Chinese construction site in Africa, expatriate Chinese workers represent between 15 and 25 % of the workforce depending on the phase of the project, almost every Cameroonian employee has a direct Chinese boss. Therefore, if the strikes denounce the living and working conditions on the site, the stories we have collected often refer to the conflicts, fights, and frustrations generated by this racial organization of work.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_245_0241 (accès réservé)