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Titre Extraire la ressource, s'extraire du conflit. Réguler la surexploitation des mines et des eaux souterraines au Maroc
Auteur Pierre-Louis Mayaux, Max Rousseau
Mir@bel Revue Revue internationale de politique comparée
Numéro vol. 28, no 3-4, 2021 Dossier : Les mobilisations autour de l'extractivisme. Circulation et potentiel heuristique d'un concept en voie de globalisation
Page 125-153
Résumé Contrairement à ce qui peut s'observer en Amérique Latine, les conflits de l'extractivisme demeurent rares au Maroc. Une paix sociale relative prévaut dans de nombreux secteurs primaires. Lorsqu'ils gagnent en intensité, les conflits associés à ce régime d'accumulation restent cadrés, pour l'essentiel, comme des conflits d'extraction qui ne remettent pas en cause la légitimité même d'une utilisation maximale des ressources naturelles. La comparaison de l'exploitation minière avec celle des eaux souterraines (agriculture intensive) amène ainsi à identifier deux préconditions des mobilisations anti-extractivistes. En premier lieu, la polarisation économique suscitée par ces activités doit être suffisamment marquée pour permettre l'émergence d'une identité collective de subalternes (une polarisation observable historiquement dans les mines, et aujourd'hui dans les territoires miniers, mais pas dans l'agriculture). En second lieu, des politiques territoriales de diversification économique doivent être déjà conduites, qui rendent socialement imaginable la perspective d'un développement non-extractiviste (ce qui n'est guère le cas, ni pour les mines, ni pour l'agriculture irriguée). Le dépaysement de la problématique extractive au Maroc invite ainsi à s'interroger sur les préconditions économiques et politiques des mouvements anti-extractivistes, mais aussi sur l'articulation de ces préconditions.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Unlike in Latin America, anti-extractivist movements are rare in Morocco. Social peace prevails in many extractive industries. When they do become more acute, the social conflicts generated by this regime of accumulation are still framed, for the most part, as conflicts over the distribution of the benefits and costs of extraction, without questioning the legitimacy of maximum use of natural resources as such. The comparison of the mining industry with groundwater use for irrigation leads us to identify two preconditions for anti-extractivist movements. First, the economic polarization generated by these activities must be sufficiently pronounced to allow for the formation of a collective identity as subalterns (a polarization that was observed historically in mining, and today in broader mining territories, but not in agriculture). Secondly, policies of economic diversification must already be implemented, so as to make the prospect of non-extractivist development socially imaginable by the local population (which is hardly the case either for the mines or for irrigated agriculture). Displacing the political analysis of extractivism from Latin America to Morocco thus raises new questions about the economic and political preconditions of anti-extractivist movements, and about the articulation of these preconditions.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RIPC_283_0125