Titre | Une haine tentaculaire | |
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Auteur | Rose-Marie Lagrave | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 243-244, septembre 2022 Qui a peur des sciences sociales ? | |
Page | 18-25 | |
Résumé |
En reconstruisant la configuration hétéroclite des prises de position qui mettent en accusation les sciences sociales, et singulièrement la sociologie, de transgresser les places et les fonctions qui leur sont assignées par les pouvoirs en place et leurs épigones, cet article porte au jour la convergence entre des charges scientifiques, politiques et médiatiques prenant pour cible des thématiques, telles que l'intersectionnalité, l'islamo-gauchisme, et les études de genre. Au nom d'un usage dévoyé de la neutralité axiologique, utilisée comme certification de la « bonne » sociologie, des recherches sont ostracisées, des chercheur·es mis·es au pilori, quand dans d'autres pays, ils sont emprisonnés, et leurs travaux interdits. En confrontant quelques travaux qui disqualifient ces thématiques, soit en les classant sous le qualificatif de science militante, soit en leur reprochant de délaisser ou de sous-estimer le primat de la classe sociale, on constate que les logiques argumentaires n'empruntent pas aux mêmes objections. Les premières s'opposent, voire dénoncent les approches critiques en sociologie ; les secondes méconnaissent la fécondité heuristique que donne le croisement des rapports sociaux de sexe, de race, de classe, de sexualité et d'âge, ce qui suppose de distinguer ces critiques tout en montrant qu'elles s'adossent et se confortent dans le contexte scientifique et politique de ces dernières années. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Public stances in the media, the political field, and the scientific field itself have long targeted the social sciences – and particularly sociology – for the alleged transgression of their position and function in society. Tracking this motley configuration of attacks exposes their unprecedented convergence against research themes construed specifically as societal threats - such as intersectionality, ‘Islamo-Leftism' or gender studies. In the name of a misappropriated notion of axiological neutrality waged to certify “good” sociology, these themes – and the researchers who develop them – are stigmatized and pilloried – when not imprisoned and expurgated in some countries. A closer examination of the arguments used in some of these attacks shows that they either disqualify these themes by deriding them as activist research or criticize their alleged neglect or undermining of the primacy of the social class as an analytical tool. These arguments reflect different critiques against sociology. While the first build against – if not denounce – critical approaches in sociology, the others misrecognize the heuristic value of combining different variables – gendered social relations, race, class, sexual orientation, and age. Though these critiques are therefore distinct, they converge and reinforce each other in the current scientific and political context. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_243_0018 (accès réservé) |