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Titre Des identités (dé)politisées ? Les enjeux de catégorisation des Nubien.ne.s en Égypte
Auteur Mérième Ihsan
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 27, 2022 Dossier : Minorisations. Revisiter les conditions minoritaires
Rubrique / Thématique
Dossier : Minorisations. Revisiter les conditions minoritaires
Page 41-56
Résumé Dans la lignée des travaux qui étudient la façon dont l'État gère ses groupes culturels, cet article se donne pour objectif de rendre compte de la complexité du processus de construction des catégories où les récits et les représentations de plusieurs acteurs s'entrelacent. À rebours d'une vision dichotomique de l'État vs les Nubien.ne.s, cet article vise à mettre en présence l'hétérogénéité d'acteur.trices (l'État, les chercheurs, les militant.e.s, les leaders associatifs, etc.) qui participent aux processus de catégorisation. Dans cette perspective, il propose d'étudier ce processus au croisement des problématiques de politisation et de dépolitisation, à savoir les lectures déconflictuelles, diffusées dans un contexte globalisé, donnant lieu à des processus de politisation à géométrie variable. À géométrie variable parce que ces processus dépendent des différentes interactions entre les divers acteurs, la circulation des récits et des travaux académiques, et la mise en place des espaces qui ne sont pas tous nécessairement politiques ; mais qui favorisent une prise de conscience et renforcent l'identification des individus. Comme nous le verrons dans cet article, les processus de catégorisation s'inscrivent dans une zone grise qui oscille entre reconnaissance et déni, politique et ‘apolitique', donnant naissance à des stratégies d'appropriation, de négociation et de contestation. Pour ce faire, cet article analyse, d'abord, la façon dont l'intérêt aux enjeux patrimoniaux devient un instrument d'homogénéisation dont l'objectif est de déconflictualiser les rapports à l'État. Il examine ensuite les études ethnologiques portant sur la population nubienne et leur rôle dans la diffusion d'une image folklorique et parfois essentialiste de celle-ci. L'article retrace, ensuite, les tentatives de politisation à travers l'appropriation des catégories politiques (comme « indigènes » et « minorités ») afin de faire partie d'un discours global. Alors que ce discours émerge, à partir des années 2000, chez certain.e.s militant.e.s, les chercheurs contribuent aussi à ces processus de politisation en mobilisant davantage ces catégories dans leurs travaux.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In line with works that study the way the state manages its cultural groups, this article aims to account for the complexity of the process of category construction on which the narratives and representations of several actors are intertwined. Reversing a dichotomous vision of the state vs. the Nubians, the article aims to highlight the heterogeneity of actors (the state, researchers, activists, associative leaders, etc.) who participate in the categorisation process. Using this perspective, it examines this process at the intersection of the issues of politicisation and depoliticisation, namely, the deconflicted readings, disseminated in a globalised context, giving rise to processes of politicisation with variable geometry. “Variable geometry” because these processes depend on the different interactions between the various actors, the circulation of narratives and academic works, and the setting-up of spaces that are not all necessarily political but that promote awareness and reinforce the identification of individuals. As we will see, the processes of categorisation are part of a grey zone that oscillates between recognition and denial, between political and “apolitical”, giving rise to strategies of appropriation, negotiation and contestation. To this end, the article first analyses the way in which interest in heritage issues becomes an instrument of homogenisation, the aim of which is to reduce conflict with the state. It then examines ethnological studies of the Nubian population and their role in the dissemination of a folkloric and sometimes essentialist image of the population. The article then traces the attempts at politicisation through the appropriation of political categories (such as “indigenous” and “minority”) in order to become part of a global discourse. While this discourse emerges among some activists from the 2000s onwards, researchers also contribute further to these processes of politicisation by making use of these categories in their work.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/anneemaghreb/10620