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Titre L'École de journalisme d'Alger (1964-1990) : les défis d'une formation professionnelle
Auteur Chloé Nejma Rondeleux
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 27, 2022 Dossier : Minorisations. Revisiter les conditions minoritaires
Rubrique / Thématique
Varia & Recherches en cours
Page 135-152
Résumé À travers une histoire de l'École de journalisme d'Alger, depuis sa création en 1964 jusqu'aux réformes d'envergure de 1990, cet article vise à éclairer la profession de journaliste dans l'Algérie indépendante. Au cours de cette période, l'instauration du parti unique se traduit par un monopole du pouvoir politique sur l'ensemble des médias (presse-écrite, radio, télévision et agence de presse) placés soit sous la tutelle du ministère de l'Information, soit sous celle du parti du Front de libération nationale (FLN). Avec l'évolution de cet institut universitaire, unique lieu de formation aux métiers de l'information en Algérie, se dessinent à la fois les différentes visions de la figure de journaliste et les grandes transformations de l'enseignement supérieur en Algérie, dont la plus marquante est l'arabisation. En considérant, d'une part, l'influence de la tutelle ministérielle et, d'autre part, les orientations socialistes et tiers-mondistes adoptées par les responsables politiques algériens à partir de 1962, cet article privilégie un point de vue interne à l'institution. Les sources qui se composent essentiellement d'écrits, tels que les travaux universitaires, autobiographies, articles académiques, etc., laissés par les principaux acteurs de l'Institut de journalisme (directeurs, enseignants, étudiants et étudiantes) ont été enrichies par des entretiens inédits et archives personnelles recueillis auprès de ces derniers, permettant d'approcher au plus près le fonctionnement de l'Institut. L'article retrace d'abord le contexte de naissance et s'attarde sur le projet initial des années 1964-1965. La description du premier stage en journalisme depuis l'indépendance organisé au début de l'année 1964, soit quelques mois avant l'ouverture de l'École de journalisme en octobre 1964, met en évidence l'influence des pays socialistes et de la dimension pratique dans la formation dispensée. L'étude de la composition et du cursus de la première promotion souligne les choix retenus dans le programme universitaire, et esquisse déjà les tendances d'une formation tournée davantage vers l'acquisition d'une culture générale que l'apprentissage d'un métier. En s'arrêtant ensuite sur les différentes réformes, initiées au niveau du système universitaire comme au niveau de l'Institut de journalisme, l'article retrace le processus d'arabisation de la filière et ses effets. Il démontre aussi comment elles contribuent à renforcer progressivement le caractère académique de la formation au détriment de son caractère professionnalisant, malgré des débats réguliers et discours critiques de la part des principaux concernés, notamment sur la question des débouchés des diplômés. La prise en compte des diverses projections sur l'École de journalisme souligne finalement le défi insurmontable pour l'institution de satisfaire des acteurs ayant des conceptions distinctes du métier de journaliste.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Through a history of the École de journalisme d'Alger (Algiers School of Journalism), from its creation in 1964 to the large-scale reforms of 1990, this article aims to shed light on the journalistic profession in independent Algeria. During this period, the establishment of the single party translated into a monopoly of political power over the media as a whole (newspapers, radio, television and press agencies), placed either under the supervision of the Ministry of Information or under the party of the National Liberation Front (FLN). With the evolution of this university institute, the only place in Algeria for training in the information trades, there emerge different visions of the figure of the journalist and the great transformations of higher education in Algeria, of which the most striking is Arabisation. By considering, on the one hand, ministerial supervision and, on the other, the socialist and Third World positions adopted by Algerian political managers from 1962, this article favours an internal view of the institute. Sources consisting primarily of writings, such as university works, autobiographies, academic articles, etc., left by the principal role-players of the École de journalisme (directors, lecturers and students), have been enriched by previously unpublished interviews and personal archives collected from the above-mentioned, making it possible to approach as closely as possible to the functioning of the institute. The article first recounts the context of birth and dwells on the initial project of the years 1964–1965. The description of the first journalism training course since independence, organised at the start of 1964, just a few months before the opening of the École de journalisme in October 1964, highlights the influence of the socialist countries and the practical dimension of the training provided. The study of the composition and curriculum of the first course emphasises the choices made in the university programme, and outlines the tendencies of a training already geared more towards the acquisition of general knowledge than an apprenticeship in a trade. Then, in examining the various reforms, introduced at the level of both the university system and the École de journalisme, the article recounts the process of the Arabisation of the sector and its effects. It also shows how these contributed to progressively reinforcing the academic nature of the training, to the detriment of its professional character, despite regular debates and critical discourse by the leading figures concerned, particularly on the question of job openings for graduates. Taking into account the various projections on the École de journalisme finally emphasises the insurmountable challenge for the institution of satisfying role-players with distinct conceptions of the journalist's trade.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/anneemaghreb/10765