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Titre Oui, c'était mieux avant ! Les vertus de la nostalgie et du malheur français
Auteur Bérénice Levet
Mir@bel Revue Administration
Numéro no 273, mars-avril 2022 Une société de progrès ?
Page 44-50
Résumé Bon nombre de Français sont portés à soupirer après le monde d'hier. « C'était mieux avant ! », entend-on volontiers s'élever dans les conversations ordinaires des gens ordinaires et aussi de quelques intellectuels. Il est de bon ton au mieux de railler, au pis d'accabler et d'accuser ces âmes éplorées. Longtemps moi-même, je le confesse, je me montrais extrêmement réservée à l'endroit de cette rumination. Cependant, pareille unanimité contre la nostalgie me laissait soupçonner un conformisme contraire à la pensée. L'intuition me gagnait que la nostalgie française n'était pas sans renfermer quelques vérités qui demandaient à être précisées, approfondies. Qu'il fallait être très peu philosophe, ou alors dans la plus morne acception du terme, pour passer ainsi par pertes et profits les exigences humaines, toutes humaines, dont le « c'était mieux avant » semblait bien être l'expression. Et c'est précisément ce que je me propose de percer. Enquête donc du côté du « c'était mieux avant » et de ce qu'il recouvre.Il en ressort que ce n'est pas au changement en soi que les Français sont réfractaires mais à un changement qui dégrade leur vie et leur être. « Vieux peuple, chargé de tant d'expérience [sic] », disait Georges Bernanos, les Français apprécient, jugent et souvent refusent. Le « c'était mieux avant ! » est bien l'expression, et la noble expression, de la résistance d'un peuple chargé de mémoire et d'expériences éprouvées, c'est-à-dire qui avaient fait leur preuve. Il s'agira ainsi et pour refermer cet article de faire valoir les vertus de résistance de la nostalgie, les vertus du « malheur français ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ADMI_273_0044 (accès réservé)