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Titre Ni « rouge » ni « pauvre type » ? Le parti socialiste suisse à la recherche de son électorat (1947-1983)
Auteur Zoé Kergomard
Mir@bel Revue Histoire@Politique
Numéro no 47, mai-août 2022 Social-démocraties germanophones: modèles, circulations, appropriations
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Depuis quelques décennies, la question de l'ancrage social de l'électorat socialiste est devenue un chiffon rouge tant dans l'espace public qu'au sein des social-démocraties européennes, revenant souvent au lieu commun de partis ayant « abandonné » leur électorat ouvrier traditionnel à l'extrême droite. La question de la représentativité sociale des partis sociaux-démocrates n'est pourtant pas nouvelle et a depuis longtemps été pensée dans un cadre transnational, les acteurs partisans comparant les situations nationales et/ou s'inspirant de pratiques et d'idées des « partis frères ». L'impression même d'homogénéité passée des électorats sociaux-démocrates est à questionner au regard des mobilisations souvent interclassistes de ces partis, des transformations fines des mondes ouvriers et populaires depuis le XIXe siècle, et des migrations qui ont constamment interrogé le cadre d'action national des social-démocraties. Cet article prend le cas du Parti socialiste suisse pour analyser les schèmes d'appréhension de l'électorat et les stratégies de mobilisation développés par les cadres et activistes partisans. Si l'après-guerre marque l'intégration du parti dans les accords de partage du pouvoir sur la base de quotes-parts électorales supposément stables, le parti s'est, en coulisses, constamment interrogé sur son ancrage social et son rapport aux mondes ouvriers. En pleine guerre froide, le parti a d'abord cherché à écarter le stigmate du « rouge » et à s'adresser aux « classes moyennes ». L'arrivée des femmes sur le marché électoral en 1971, mais aussi les tensions autour de la forte migration de travail dans les années 1960-1970 conduisent les sociaux-démocrates à repenser leur focalisation sur un électeur-type ouvrier, masculin et suisse.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais For the last few decades, the Socialist voter base has become a bugaboo in public discourse and in European social democracies more specifically. The idea that political parties have “abandoned” their working-class voters to the extreme right-wing of the political spectrum is frequently evoked. The question of the representativeness of social democratic parties is not a new one, however, and has long been discussed within a transnational framework, with partisan actors comparing national situations to each other and/or drawing inspiration from their “sister parties”. In reality, the very image of the homogeneity of historic social democratic electorates should be challenged, given the often trans-class movements of these parties, the nuanced transformations of working-class and popular environments since the 19th century, and the influence of immigration, which has constantly questionned the national framework of action for social democratic parties. This article will look at the Swiss Socialist Party to analyze how partisan cadres and activists think of and address voters. Although the postwar period saw the Party's integration into power-sharing agreements on the basis of allegedly stable electoral quotas, behind the curtain the Party was constantly rethinking its voter base and its relationship to the working class. During the Cold War, the Party first sought to shake off the “red” label and to reach the “middle class.” The arrival of women as voters in 1971, parallel to a wave of labor migration in the 1960s and 1970s, led social democrats to move past their focus on a male, Swiss, and working-class voter.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/histoirepolitique/7344