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Titre Le tropicalisme social, des géographies engagées et le « hub » brésilien
Auteur Federico Ferretti
Mir@bel Revue Revue d'histoire des sciences humaines
Numéro no 41, 2022 Le Sud des sciences sociales
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 109-137
Résumé Cet article analyse les contributions d'auteurs qui ont travaillé dans les premières universités brésiliennes – notamment l'Universidade de São Paulo, fondée en 1934, et l'Universidade do Distrito Federal, fondée en 1935 – et qui ont acquis une influence internationale, en s'intéressant à leurs relations avec des collègues européens (et surtout français) ayant contribué aux « missions universitaires » au Brésil. Ces chercheurs ont élaboré des raisonnements antiracistes pour comprendre les communautés racialisées brésiliennes et développé des idées sur la tropicalité qui remettaient en question les conceptions classiques européennes sur une prétendue « infériorité » des peuples tropicaux et de leurs terres, fondée sur le déterminisme environnemental ou sur le racisme scientifique. Ces visions antiracistes des tropiques, que j'appelle « tropicalisme social », ont acquis une renommée internationale grâce aux publications du géographe brésilien Josué de Castro (1908-1973). Sur la base de nouvelles archives et de la littérature récente sur la tropicalité et la (post-)décolonialité, j'analyse les premiers réseaux de Castro avec d'autres chercheurs transnationaux, tels que le sociologue français Roger Bastide (1898-1974) et l'anthropologue brésilien Artur Ramos (1903-1949). Examiner ces échanges intellectuels permet d'apprécier le « hub » brésilien des sciences sociales organisé autour de ces premières universités et la façon dont celui-ci a contribué à nourrir la pensée critique et à remettre en question des visions traditionnelles du Sud en tant que simple récepteur des théories venant du Nord.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This paper explores the contributions of authors who worked in the first Brazilian universities—the Universidade de São Paulo, founded in 1934, and the Universidade do Distrito Federal, founded in 1935—and became internationally influential, by focusing on their acquaintance with European (and especially French) colleagues who contributed to the “University Missions” in Brazil. These scholars built anti-racist approaches to understanding Brazilian racialised and marginalised communities and developed ideas on tropicality that challenged classical European views of an alleged “inferiority” of tropical people and their lands, based on environmental determinism or scientific racism. These anti-racist views of the tropics, which I call “social tropicalism”, acquired international renown thanks to the publications of Brazilian geographer Josué de Castro (1908-1973). Based on new archives and drawing upon recent literature on tropicality and post/decoloniality, I analyse Castro's early networking with other transnational scholars such as French sociologist Roger Bastide (1898-1974) and Brazilian anthropologist Artur Ramos (1903-1949). Discussing these intellectual exchanges allows for an appreciation of the Brazilian social science “hub” organized around these early universities, and the way they contributed to shape critical scholarly thinking and challenged traditional views on the South as a “tributary” of Northern theories.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rhsh/7524