Titre | Les enjeux de compétitivité industrielle de la transition électrique | |
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Auteur | Hoang Bui | |
Revue | Responsabilité et environnement | |
Numéro | no 109, janvier 2023 L'électricité dans la transition énergétique | |
Rubrique / Thématique | Le consommateur |
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Page | 68-72 | |
Résumé |
La France doit relever le défi de la décarbonation de son économie et son effort sera d'autant plus important qu'elle voudra non seulement maintenir, mais aussi développer son industrie.Certains secteurs, qui sont les plus impactés, se révèlent être aussi les plus stratégiques pour notre souveraineté et sont en outre de gros pourvoyeurs d'emplois.Un des leviers principaux de décarbonation des entreprises industrielles, c'est l'électricité, soit en utilisation directe soit au travers du vecteur hydrogène.La France aura besoin en 2030 de 680 kt d'hydrogène pour décarboner son industrie et la mobilité lourde, ce qui implique de disposer d'au moins 6,5 GW de capacités d'électrolyse installées et raccordées au réseau électrique.Les projets de production d'hydrogène s'inscrivent dans une temporalité contrainte : si l'hydrogène n'arrive pas à temps, ses principaux clients industriels ne pourront pas se décarboner selon le calendrier prévu, avec le risque que les grands investissements de modernisation soient finalement abandonnés ou délocalisés. Ce serait alors tout un pan de l'industrie française qui serait condamné à moyen-long terme.Si l'on considère les très grands projets d'électrolyse de l'eau prévus en France, certains de plusieurs centaines de MW, ils nécessitent pour la plupart un raccordement au réseau de transport d'électricité dès 2026 ou, au plus tard, en 2027. Or, il existe actuellement de fortes inquiétudes chez les industriels, car les délais annoncés pour ces raccordements laissent présager plusieurs années de retard.Ainsi, cette difficulté d'un raccordement au réseau de transport s'avère être un obstacle potentiellement critique sur le chemin des grands projets de décarbonation de l'industrie.Dans un environnement de plus en plus complexe et de plus en plus foisonnant, stimulé qu'il est par l'appétence des entrepreneurs de l'hydrogène qui veulent être les premiers, alors que les marchés ne sont pas encore matures et que les offres paraissent parfois redondantes, il pourrait être tentant d'attendre avant d'investir dans le renforcement du système électrique.Or, attendre, c'est être sûr de perdre une partie de notre industrie, qui doit négocier de difficiles tournants technologiques et climatiques dans un calendrier contraint. Celle-ci pourrait donc être tentée de s'établir dans des pays offrant un système électrique plus réactif et compétitif. À cela s'ajoutent des tensions sur l'approvisionnement en équipements nécessaires pour réaliser ces raccordements : il faut donc agir sans attendre pour ne pas être les derniers servis.Il est urgent que les parties prenantes, à commencer l'État et le gestionnaire de réseau, travaillent sur une prise en compte de tous les facteurs de compétitivité de notre système électrique et partagent une vision commune des besoins de l'industrie et des projets à mener à bien. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
France must meet the challenge of decarbonizing its economy, and its efforts will be all the more important if it wants not only to maintain but also to develop its industry. Some of the sectors that are most affected are also the most strategic for our sovereignty and are also major providers of jobs. One of the main levers for decarbonizing industrial companies is electricity, either for direct use or through the hydrogen vector. In 2030, France will need 680 kt of hydrogen to decarbonize its industry and heavy mobility, which implies having at least 6.5 GW of electrolysis capacity installed and connected to the electricity grid. Hydrogen production projects are part of a constrained timeframe: if hydrogen does not arrive in time, its main industrial customers will not be able to decarbonize according to the planned schedule, with the risk that major modernization investments will eventually be abandoned or relocated. This would mean that a whole sector of French industry would be doomed in the medium to long term. If we consider the very large water electrolysis projects planned in France, some of which are several hundred MW in size, most of them will require connection to the electricity transmission network as early as 2026 or, at the latest, in 2027. However, there are currently strong concerns among industrialists, because the announced deadlines for these connections suggest several years of delay. Thus, the difficulty of connecting to the transmission grid is proving to be a potentially critical obstacle in the path of major decarbonization projects in the industry. In an environment that is increasingly complex and crowded, stimulated by the appetite of hydrogen entrepreneurs who want to be the first, while the markets are not yet mature and the offers sometimes seem redundant, it could be tempting to wait before investing in reinforcing the electrical system. However, waiting means losing part of our industry, which must negotiate difficult technological and climatic changes within a constrained timeframe. This industry could therefore be tempted to move to countries offering a more responsive and competitive electricity system. In addition, there are tensions over the supply of the equipment needed to make these connections: we must therefore act without delay to avoid being the last to be served. It is urgent that stakeholders, starting with the government and the grid operator, work on taking into account all the factors that make our electricity system competitive and share a common vision of the industry's needs and the projects to be carried out. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RE1_109_0068 (accès réservé) |