Contenu de l'article

Titre Hommes de mauvaise réputation : Usuriers, débiteurs et créanciers en procès (Pistoia, 1287-1301)
Auteur Arnaud Fossier
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 77, no 4, octobre-décembre 2022 Histoire du politique
Rubrique / Thématique
Crédit et justice
Page 741-773
Résumé À partir de l'étude d'une douzaine de procès conservés dans les registres de l'évêque de Pistoia à la fin du XIIIe siècle, cet article propose d'interroger la frontière entre deux phénomènes majeurs de l'économie prémoderne : le crédit et l'usure. Ce ne sont pas tant les modalités pratiques du prêt d'argent qui différenciaient l'une de l'autre – même si le taux d'intérêt jouait un rôle dans la définition judiciaire de l'usure – que la diffamation de l'usurier. La  fama, entendue comme l'opinion collective recueillie par le juge, visait en effet à établir la réputation d'« usurier public » de l'accusé, et il n'est d'ailleurs pas impossible que ces procès se soient inscrits dans des jeux de factions locaux. Mais, il faut bien reconnaître que la majorité visaient d'abord à obtenir la restitution des sommes extorquées par les usuriers. Quant à l'Église, on peut se demander si, plutôt que de condamner de façon claire et univoque l'usure (freinant ainsi supposément l'avènement du capitalisme), elle n'a pas tenté d'instituer le marché en discriminant les honnêtes banquiers des mauvais prêteurs et en tâchant de maintenir son contrôle sur l'espace public face à l'emprise grandissante des pouvoirs communaux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Based on the study of a dozen trials preserved in the late thirteenth-century registers of the Bishop of Pistoia, this article analyzes the boundary between two major phenomena of the premodern economy: credit and usury. Though interest rates formed part of the legal definition of usury, what differentiated one from the other was less the practical mechanisms of lending money than the defamation of the usurer. The  fama, understood as the collective opinion gathered by the judge, sought to establish the reputation of the accused as a “public usurer,” and it is possible that these trials were mobilized in conflicts between local factions. Nonetheless, the majority primarily aimed at the restitution of sums extorted by the usurers. The Church, for its part, seems to have hesitated to condemn usury in a clear and univocal manner (which would allegedly have slowed the rise of capitalism). Instead, it may have attempted to regulate the market by discriminating between honest bankers and wicked lenders in order to maintain control over the public sphere in the face of the growing influence of the Italian communes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_774_0741 (accès réservé)