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Titre La « privatisation » de l'électron : Propriété intellectuelle et capitalisme technoscientifique dans les industries des télécommunications
Auteur Benoît Lelong
Mir@bel Revue Réseaux (communication - technologie - société)
Numéro no 236, décembre 2023 Partis plateformes, plateformes de partis
Rubrique / Thématique
Histoire des techniques
Page 287-316
Résumé L'émergence du capitalisme technoscientifique au tournant des XIXe et XXe siècles a été abondamment étudiée par les science and technology studies et la sociologie historique des marchés. Elle est souvent caractérisée par le recrutement de physiciens et de chimistes pour améliorer les procédés de fabrication et les objets techniques commercialisés par la grande entreprise. Les premiers laboratoires de recherche apparus au sein des firmes d'électrotechnique et de télécommunication marquent cette internalisation et cette privatisation sans précédent de la science académique. Mais si les compétences pratiques du chercheur ont été mobilisées très tôt pour transformer matériellement la technologie, ses savoirs théoriques le furent ensuite pour définir juridiquement les inventions, et pour les protéger contre la concurrence. Ainsi, les connaissances sur l'électron eurent progressivement un immense intérêt marchand et financier, qui doit beaucoup à l'évolution des régulations politiques et juridiques. Comparer la France et les États-Unis montre qu'il s'est agi d'adapter la gestion du capital et des brevets, et non seulement les stratégies entrepreneuriales et industrielles, à des conditions socio-économiques nationalement différenciées.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The emergence of techno-scientific capitalism in the late nineteenth and early twentieth centuries has been examined extensively by science and technology studies and the historical sociology of markets. It is often characterized by the recruitment of physicists and chemists to improve the manufacturing processes and technical objects commercialized by large corporations. The first research laboratories that appeared within electrical engineering and telecommunication firms mark this unprecedented internalization and privatization of academic science. Researchers' practical skills were thus applied very early for technology transfer purposes, whereas their theoretical knowledge served later to define the inventions legally and to protect them from competition. Knowledge about the electron gradually became of immense commercial and financial interest, owing largely to the evolution of policy and judicial regulations. A comparison between France and the United States shows that this was a result not only of entrepreneurial and industrial strategies, but also of the adaptation of the management of capital and patents to different socio- economic conditions in the two countries.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RES_236_0287