Titre | Des puces et des hommes : quand le travail « 4.0 » se révèle plus humain que prévu | |
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Auteur | Véronique Blanc-Brude, Christian Defélix | |
Revue | Gérer et comprendre (Annales des mines) | |
Numéro | no 153, septembre 2023 | |
Rubrique / Thématique | L'épreuve des faits |
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Page | 49-59 | |
Résumé |
Pour répondre aux enjeux d'efficacité et de qualité de fabrication, la forte automatisation et l'intégration de données qui caractérisent l'industrie 4.0 permettent de produire des séries personnalisées aux coûts de la production de masse, ce qui engendre la création de situations de travail dynamiques et complexes. Dans les industries « de flux » telles que celle de la microélectronique, le travail humain, bien réel, devient moins visible puisqu'il n'intervient qu'en cas d'interruption du flux ou de process. Mais quelles conséquences a exactement cette automatisation poussée à son maximum, sur le travail et les compétences requises pour les opérateurs ? Cet article s'appuie sur l'étude d'un cas industriel, où la quête de haute performance et les seuils successifs d'automatisation conduisent à intensifier la surveillance des anomalies. Le cadre théorique choisi est celui du travail invisible et de son expérience triple (Gomez, 2013), qui permet de lever le voile sur une mutation du travail peu prise en compte par l'organisation officielle. À partir d'une observation directe et d'entretiens semi directifs, cette recherche révèle que l'expérience du travail est d'abord marquée par une hypertrophie de la dimension objective, en décalage avec de nombreuses présentations flatteuses des usines 4.0. Elle est également caractérisée par une dimension collective, non formalisée mais nécessaire, basée sur de nombreuses interactions. Elle est enfin l'occasion d'une expérience subjective, où se concentrent et s'arbitrent de nombreuses tensions. Ainsi, le travail « 4.0 », bien que plus automatisé, se révèle plus humain que prévu. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In order to meet the challenges of efficiency and manufacturing quality, the high levels of automation and data integration that characterize “industry 4.0” make it possible to produce customized series at the cost of mass production, which leads to the creation of dynamic and complex work situations. In “flow” industries, such as microelectronics, the very much real human work becomes less visible as it only intervenes in the event of a flow or process interruption. But what exactly are the consequences of this automation pushed to its maximum on the work and the skills required for production operators? This paper is based on the study of an industrial case, where the quest for high performance and the increase in automation lead to more monitoring of anomalies. The theoretical framework chosen is that of invisible work and its threefold experience (Gomez, 2013), and allows to discover a mutation of work that is not really considered by the official organization. Thanks to a qualitative approach combining direct observation and semi-directive interviews, this research reveals that the work experience is marked by a hypertrophy of the objective dimension, far from the most frequent, flattering presentations of “industry 4.0”. A collective part, non-official, is still necessary, with many interactions. At last, the subjective experience reveals many tensions. Thus, the “4.0” work, even it is more automatized, turns out to be much more human than expected. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GECO1_153_0049 (accès réservé) |