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Titre Liberté de l'obéissance selon Thomas d'Aquin : Somme de théologie, IIa IIae, q. 104
Auteur Camille de Belloy
Mir@bel Revue Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT
Numéro tome 107, no 3, juillet-septembre 2023 Obéissance et autorité au Moyen Âge
Rubrique / Thématique
Obéissance et autorité au Moyen Âge
Page 447-474
Résumé Thomas d'Aquin situe l'obéissance parmi les vertus annexes de la justice, comme étant contenue sous chacune des vertus dites de déférence (religion, piété filiale, respect), mais il en dégage aussi la spécificité : vertu des êtres doués de volonté et d'intelligence, donc de liberté, elle se distingue de toute soumission de contrainte, et c'est par un choix intelligent et libre que l'être obéissant est amené à renoncer à sa volonté propre. Toutefois, ce n'est pas ce renoncement qui fournit à Thomas le critère pour reconnaître l'obéissance authentique. Son seul critère de discernement est l'objet spécifique sur lequel porte l'obéissance, à savoir le précepte, émané d'une autorité légitime et que l'on vise à accomplir. Cette notion du précepte délimite strictement le domaine sur lequel une autorité exerce sa supériorité et, par là, protège l'obéissance du subordonné par un « droit » contre toute extension abusive de ce domaine de supériorité. Saint Thomas livre ainsi de précieux repères pour une juste conception et pratique de l'obéissance aussi bien qu'un rempart contre ses défigurations possibles. Il offre même une pensée de la résistance, qui n'est pas désobéissance mais jugement pratique orienté par les exigences de la charité, fin ultime de toute obéissance. La lecture ici proposée de la question 104 de la Secunda Secundae de la Somme de théologie, consacrée à la vertu d'obéissance, s'enrichit, en amont, des prolongements décisifs que Thomas en a donnés dans son traité de la vie religieuse, mais elle est aussi éclairée, en aval, par les fermes déterminations sur l'obéissance politique qu'il avait énoncées dans son traité des lois.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Thomas Aquinas situates obedience among the virtues annexed to justice, as being contained under each of the so-called virtues of deference (religion, filial piety, respect), but he also brings out its specificity : a virtue of beings endowed with will and intelligence, and therefore freedom, it is distinguished by the absence of any submission by constraint, and it is by intelligent and free choice that the obedient being is led to renounce his own will. However, this renunciation is not the provider of Thomas' criterion for recognizing genuine obedience. Its only criterion of discernment is the specific object on which obedience bears, namely the precept, emanating from a legitimate authority and which one aims to accomplish. This notion of precept strictly delimits the domain over which an authority exercises its superiority and, thereby, protects the obedience of the subordinate by means of a « right » against any abusive extension of this domain of superiority. Saint Thomas thus delivers precious benchmarks for a correct conception and practice of obedience as well as a rampart against its possible disfigurements. He even offers a thought of resistance, which is not disobedience but practical judgment oriented by the demands of charity, the ultimate end of all obedience. The reading proposed here of question 104 of the Secunda Secundae of the Summa theologiae, devoted to the virtue of obedience, has been enriched, beforehand, by the decisive extensions that Thomas has given it in his treatise on religious life, but it is also illuminated, afterwards, by the firm determinations on political obedience that he put forward in his treatise on law.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RSPT_1073_0447 (accès réservé)