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Titre Au secours des « indésirables ». Consensus et dissensus dans la gestion de la « crise migratoire » à Malte
Auteur Lucas Puygrenier
Mir@bel Revue Tracés
Numéro no 44, 2023 États de crise
Rubrique / Thématique
Articles
Page 59-77
Résumé On a souvent considéré que la mobilisation du concept de crise par les décideurs et agents publics fabriquerait du consensus autour d'une action étatique cohérente et unitaire. À rebours d'une vision unificatrice de la notion, l'article explore comment la « mise en crise » peut être le théâtre de pratiques et d'expertises concurrentes parmi les acteurs qui en font profession. Sur l'île de Malte, pays frontalier de l'Union européenne, les traversées de la Méditerranée s'interprètent depuis plus de vingt ans comme le symptôme d'une « crise migratoire ». Bien que la « crise » ait conforté la prééminence des professionnels de sécurité qui érigent la migration en menace nationale, elle a également été l'occasion pour certains acteurs étatiques de se constituer à l'inverse comme les professionnels du « bien » des exilés. Le diagnostic de la crise peut ainsi donner lieu à des éthos et des savoirs contrastés parmi les agents de l'État en charge de l'administrer. Toutefois, si ceux-ci se disputent sa signification et les réponses à lui apporter, ils partagent néanmoins une lecture des événements sous le registre de l'anormal et de l'urgence qui borne le champ de leur critique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais It is often believed that the use of the concept of crisis by decision-makers and state officials serves to foster consensus around a coherent and unified public action. This article, on the other hand, explores how the diagnosis of the crisis can produce various practices and know-how among competing actors who claim their professional expertise on the matter. For the last two decades, the crossings of the Mediterranean Sea by persons in exile reaching the island of Malta at the borders of Europe has been locally interpreted as evidence of a “migration crisis”. Although the “crisis” has consolidated the prominent role of security professionals who consider migration as a national threat, it has also been the opportunity for other state actors to emerge as the experts in the “welfare” of exiles. The diagnosis of crisis, therefore, can give rise to contrasting ethos and professional knowledge among state actors in charge of managing it. However, although the respective actors disagree on the significations of the “crisis” and the required responses, they converge towards a similar understanding of the events as an exceptional matter and an emergency which restricts the scope and ambitions of their critics.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/traces/15189