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Titre Au nom de l'urgence et de l'expertise technique, (dé)limiter le politique. Reconstruction des routes et berges dans la vallée de la Roya post-tempête Alex
Auteur Selin Le Visage
Mir@bel Revue Annales de géographie
Numéro no 754, novembre-décembre 2023
Rubrique / Thématique
Articles
Page 55-83
Résumé Le 2 octobre 2020, la tempête Alex a frappé de plein fouet les vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes. En France, la reconstruction post-catastrophe a été moins étudiée que la prévention ou la gestion des risques malgré son rôle pour le développement du territoire, qui sera ici appréhendé dans sa dimension matérielle et relationnelle. En se focalisant sur les modalités de reconstructions des berges et des infrastructures de transport le long de la Roya, cet article interroge la façon dont certaines préférences sociales sont reproduites à travers les choix d'adaptation faits. Dans une perspective de géographie sociale et politique de l'environnement, il étudie les manières dont les acteurs de la gestion de crise et de la reconstruction délimitent les sujets qui peuvent (ou non) être débattus dans les processus de prise de décision. Il montre comment les temporalités de l'urgence permettent de circonscrire artificiellement ce qui serait de l'ordre du technique et du ressort du politique, désamorçant ainsi la conflictualité inhérente aux projets d'aménagement au profit d'une gouvernance efficace. L'article conclut sur une invitation à étudier les effets, pour l'environnement et la consultation du public, d'une nouvelle procédure d'urgence dite à caractère civil au vu des dérogations à un certain nombre de droits fondamentaux qu'elle permet – notamment si l'argument de « l'évidence de l'urgence » est étendu à des projets d'aménagement ou de transition écologique au-delà de la seule gestion des risques.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais On 2 October 2020, storm Alex hit the Roya, Tinée and Vésubie valleys (Alpes-Maritimes, France). Post-disaster reconstruction has been less studied than risk prevention or management, despite its role in the development of the territory – the territory being here understood in the sense of the hydrosocial literature, both in its material and relational dimensions. By focusing on the reconstruction of the riverbanks and transport infrastructure along the Roya river, this article examines the way in which certain social preferences are reproduced through the adaptation choices made. This research is part of a social and political geography of the environment. It looks at the ways in which actors involved in crisis management and reconstruction define the issues that can (or cannot) be discussed in the decision-making process. It shows how the temporalities of the emergency make it possible to artificially circumscribe what would be of a technical nature and what may fall within the scope of politics, thereby disabling the conflict inherent in development projects in favor of governance. The article concludes with an invitation to study the effects on the environment and public consultation of a new so-called civil emergency procedure, as it allows a number of fundamental rights to be waived – this will be all the more necessary if the argument of 'obvious urgency' is extended to development or ecological transition projects beyond risk management alone.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AG_754_0055 (accès réservé)