Contenu de l'article

Titre Le transnationalisme : nouveau visage de la politique féministe depuis Beijing
Auteur Manisha Desai
Mir@bel Revue Revue internationale des sciences sociales
Numéro no 184, juin 2005 Faire le point. Le pouvoir des femmes dix ans après Beijing
Rubrique / Thématique
Processus transnationaux
Page 349
Résumé Mon propos est ici d'expliquer que le féminisme transnational est devenu la principale caractéristique des mouvements féministes dans le monde depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing. Par transnationalisme, j'entends à la fois l'organisation du militantisme au-delà du cadre des frontières nationales et son expression aux niveaux local, national, régional et global dans des discours « transnationaux ». J'étudierai deux lieux d'implantation du féminisme transnational, à savoir les Nations unies et le Forum social mondial en marge duquel sont nés en particulier les Dialogues féministes. J'expliquerai que le nouveau contexte sociopolitique qui prévaut depuis Beijing – en particulier l'hégémonie persistante de l'agenda économique néolibéral, l'enracinement des fondamentalismes religieux, les guerres consécutives au 11 Septembre et la polarisation sur le terrorisme aux États-Unis et dans le monde – a mis en évidence les limites du militantisme transnational aussi bien pour la politique interne du mouvement que pour les transformations sociales. Le féminisme transnational a pour effet de fragmenter la politique du mouvement car des tensions apparaissent entre les organisations féministes qui peuvent effectivement franchir les frontières et celles qui ne le peuvent pas, reproduisant ainsi des inégalités entre les militants des pays du Nord et ceux du Sud, et à l'intérieur même des pays. Qui plus est, étant donné les espaces dans lesquels les mouvements féministes transnationaux opèrent et les modalités du militantisme transnational, l'orientation stratégique de ces mouvements privilégie désormais le processus au détriment des résultats et le changement dans l'action et le discours au détriment de la redistribution. En conséquence, les mouvements féministes se trouvent depuis Beijing dans une situation paradoxale, à savoir que (dans une certaine mesure) l'influence des femmes est partout visible même si (le plus souvent) leur vie continue de s'enliser dans des inégalités multiples. En cette période néolibérale, il faut une politique féministe néoradicale reposant sur une analyse intersectorielle et sur des pratiques démocratiques mais prévoyant des stratégies communes avec d'autres mouvements de masse qui puissent redistribuer les ressources et assurer l'émancipation des femmes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RISS_184_0349