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Titre De l'histoire conceptuelle à la pensée critique : Quelques hypothèses sur la réception française de l'œuvre de Quentin Skinner
Auteur Frédérique Matonti
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 93, février 2024 Autour de Quentin Skinner
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 31-57
Résumé La réception des œuvres de Quentin Skinner a été lente et demeure partielle. Ce sont d'abord les tenants d'une « histoire conceptuelle du politique » autour de Pierre Rosanvallon et François Furet qui se sont intéressés à lui dès sa première invitation à l'EHESS à la fin des années 1980 ; puis, avec l'accueil par Pierre Bourdieu au Collège de France dix ans plus tard, ce sont plutôt les tenants d'une histoire sociale (de l'art ou des idées politiques) qui s'en sont emparés. Deux programmes de recherche qui sont alors concurrents, comme le révèlent leurs appellation (conceptuelle/sociale), mais aussi les prises de positions dans les espaces académiques et politiques de ceux qui les portent. En réalité, comme l'enquête tend à le montrer, c'est parmi les philosophes ou auprès de chercheurs passés par la philosophie que les travaux de Skinner ont été le plus discutés, y compris parfois de manière très virulente, notamment autour de sa lecture de Hobbes, et parce qu'ils fournissaient également une alternative à une définition de la République présente dans les controverses politico-intellectuelles françaises dès la fin des années 1980. C'est autour de cette triple réception, prise comme trois moments et trois usages possibles de Skinner en France que s'organise cet article étayé sur l'analyse de contenu des textes de Skinner et de ceux qui les mobilisent, sur des entretiens et des archives.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The reception of Quentin Skinner's work has been slow and remains partial. Initially, it was the proponents of a “conceptual history of politics” around Pierre Rosanvallon and François Furet who took an interest in him when he was first invited to the EHESS at the end of the 1980s. Ten years later, when Pierre Bourdieu invited him to the Collège de France, it was the proponents of a social history (of art or political ideas) who took an interest in him. Two competing research programmes, as their names (conceptual/social) reveal, but also the positions taken in the academic and political arenas by those behind them. In reality, as the survey tends to show, it is among philosophers or researchers who have studied philosophy that Skinner's work has been most discussed, sometimes in a very virulent manner, particularly with regard to his reading of Hobbes, but also because it provided an alternative to a definition of the Republic that was present in French political and intellectual controversies from the end of the 1980s onwards. This article, based on a content analysis of Skinner's texts and of the works of his users, and on interviews and archives, focuses on this threefold reception, seen as three moments and three possible uses of Skinner in France.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_093_0031 (accès réservé)