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Titre La délinquance des filles ou la fabrique d'un tabou social
Auteur Céline Debruille
Mir@bel Revue Cahiers de la sécurité et de la justice
Numéro no 59, décembre 2023 La sécurité au féminin
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 100-111
Résumé La délinquance des filles s'affirme comme un sujet de recherche insuffisamment exploité, dont la lacune majeure réside dans son historicité. C'est dans ce travail d'élucidation que s'inscrit cet article. Les travaux traitant de la délinquance des filles, et plus largement féminine, sont relativement rares en France. Pourtant depuis les années 1970, des chercheur·se·s1, essentiellement nord-américain·e·s, ont mis en lumière l'existence d'un traitement différentiel de la délinquance féminine, filles et femmes confondues, qui s'évertue à la déresponsabiliser et à la dépénaliser. Cette différence de traitement de la délinquance des filles (et plus largement féminine) interpelle aujourd'hui d'autant plus que depuis 1946 la France reconnaît le principe d'égalité absolue entre les hommes et les femmes2. Selon Émile Durkheim, « alors même que l'acte criminel est certainement nuisible à la société, il s'en faut que le degré de nocivité qu'il présente soit régulièrement en rapport avec l'intensité de la répression qui le frappe » [Durkheim, 1893, liv. I, p. 75]. Le traitement différentiel de la délinquance des filles suggérerait donc que cette délinquance, féminine, ne présente pas le même « degré de nocivité » que la délinquance des garçons, masculine.Comment expliquer que, aujourd'hui, les filles, qui sont légalement considérées comme les égales des garçons, et donc assujetties aux mêmes droits et aux mêmes devoirs, puissent faire l'objet d'un traitement différentiel de leur délinquance ?La France est-elle à l'image de « sa » délinquance des filles, une société différentielle considérant que la place sociale des femmes/filles est différente de la place sociale des hommes/garçons, malgré l'égalité formelle entre les sexes ?Intrinsèquement socio-historique, cet article traite de la genèse de la délinquance des filles, afin de montrer « comment le passé pèse sur le présent » [Noiriel, 2006, p. 4].
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CSJ_059_0100