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Titre Des « néo-réductions » au zoo humain, les parcours carcéraux de Vaimaca Péru et Guyunasa/Michaëla (chef et épouse Charrúas)
Auteur Cyril Robelin
Mir@bel Revue Histoire@Politique
Numéro vol. 52, no 1, 224 Les lieux de privation de liberté, des lieux politiques (XIXe - XXe siècles)
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Le cacique Vaimaca Péru et son épouse Guyunasa/Michaëla sont deux Indiens Charrúas originaires de l'actuel Uruguay. Nés au tournant des XIXe et XXe siècles, leur monde connaît de profonds bouleversements. Les colons espagnols et portugais relèguent les Charrúas dans des « néo-réductions » qui les privent de liberté. S'ils participent de 1811 à 1831 au processus d'indépendance de la République d'Uruguay, ils restent des indésirables. Le gouvernement du jeune État convoque alors les Charrúas dans trois lieux (Salsipuedès est le plus important) pour un massacre qui s'apparente à une action génocidaire. Vaimaca et Guyunasa figurent parmi les rares prisonniers et sont retenus captifs dans le fort de Montevideo. Vendus à un Français, François de Curel, directeur du Collège de Montevideo, leur expérience carcérale change alors de nature : ils sont en effet choisis, avec deux autres compatriotes, pour être exposés en France dans l'un des premiers zoos humains et débarquent près des Champs-Élysées en 1833. L'attraction demeure cependant un relatif échec, les Parisiens se sont en effet peu déplacés pour voir ces Indiens vivant dans des conditions misérables. Les quatre Indiens Charrúas deviennent alors des curiosités scientifiques. Les expériences menées sur eux ont pour but de prouver la supériorité raciale des Européens sur les autres peuples et ainsi légitimer toutes les politiques de domination coloniale. Vaimaca Péru meurt en 1833 et son épouse en 1834. En 2002, le retour des ossements du chef dans le Panthéon de Montevideo constitue un enjeu mémoriel de taille, puisqu'il s'agit de donner une place aux Indiens dans l'histoire de l'Uruguay.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Cacique Vaimaca Péru and his wife Guyunasa/Michaëla were two Charrúa Indians from Uruguay. Born at the turn of the 19th and 20th centuries, their world was faced with a great upheaval. The Spanish and Portuguese colonists relegated the Charrúas to “neo-reductions” which deprived them of freedoms. Although they took part in the independence process of the Republic of Uruguay from 1811 to 1831, they were still rejected. Thus, the government of the new state summoned the Charrúas to three places (Salsipuedès being the most important) for a massacre similar toa genocide. Vaimaca and Guyunasa were among the few captives held prisoner in the Montevideo fort. Sold to a Frenchman, François de Curel, director of the Montevideo College, the condition of their captivity then changed because they were chosen to be exhibited in one of France's first human zoos with two other Natives. They ended up near the Champs Élysées in 1833, but the attraction was a relative failure. Few Parisians traveled to see these Indians living in miserable conditions. They later became scientific attractions. The experiments carried out on them aimed to prove the racial superiority of Europeans over other peoples and to legitimize all the policies of colonial domination. Vaimaca and Guyunasa respectively died in 1833 and 1834. The return of the chief's bones to the Pantheon of Montevideo in 2002 is now a major memorial issue, since it is a question of securing a place for the Indigenous peoples in the history of Uruguay.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/histoirepolitique/17763