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Titre La puissance spatiale, permanences et changements
Auteur Isabelle Sourbès-Verger
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 51-52, 2023/2-2024/1 Géopolitique de l'espace extra-atmosphérique + Varia
Rubrique / Thématique
Géopolitique de l'espace extra-atmosphérique
 Géopolitiques de l'espace
Résumé La qualification de puissance spatiale est de plus en plus utilisée dans les médias, à propos d'Etats réalisant des missions à fort pouvoir symbolique, même s'ils ne possèdent pas de moyens indépendants. Leur image profite ainsi d'un effet d'aubaine, très sensible dans le cas de l'exploration lunaire ou martienne. En fait, appliquée rigoureusement, l'expression est réservée aux seuls Etats disposant de capacités souveraines d'accès à l'espace et de maîtrise de leurs satellites qui composent le « club spatial ». L'usage élargi de la notion va de pair avec la médiatisation du « New Space », qui redéfinit aux Etats-Unis, depuis les années 2010, les rapports entre puissance publique et acteurs privés. D'où la diffusion d'un discours occidental sur une démocratisation des activités spatiales devenues plus accessibles. Cependant la rupture du lien fondamental avec les conditions de la souveraineté qui reste la base de la puissance spatiale réduit fortement les chances de développement d'un tel modèle. L'histoire de l'acquisition et des développements de la puissance spatiale reflète indéniablement les évolutions des équilibres géopolitiques dans lesquelles celle-ci s'inscrit et qu'elle contribue à entretenir. Ainsi la Guerre froide détermine les fondamentaux de la puissance spatiale, dans ses relations à la puissance nucléaire (partie 1). La diversification des usages de l'espace renforce la place des Etats-Unis dans un club spatial hétérogène (partie 2). L'évolution des rapports de pouvoir sur Terre et les caractéristiques particulières des acteurs jouent directement sur les déclinaisons de la puissance spatiale des années 1991-2015 marquée par des préoccupations de sécurité et l'ouverture au secteur privé (partie 3). Il faut cependant se méfier des affirmations devenues banales sur le caractère inéluctable de conflits armés dans l'espace, l'émancipation d'acteurs privés de la tutelle des États ou de prochaines disputes territoriales sur la Lune, car elles font fi des contraintes propres d'un milieu physique atypique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The term “space power” is increasingly used in the media to describe States that carry out missions with strong symbolic power, even if they do not possess independent resources. Their image thus benefits from a windfall effect, particularly noticeable in the case of Lunar or Martian exploration. In fact, applied strictly, the expression is reserved for those States with sovereign capabilities for access to space and control of their satellites, who make up the “space club”. The wider use of the term goes hand in hand with the media coverage of the “New Space” movement, which has been redefining the relationship between public power and private players in the United States since the 2010s. Hence the spread of a Western discourse on the democratization of space activities, which are now more accessible. However, the breaking of the fundamental link with the conditions of sovereignty that remains the basis of space power greatly reduces the chances of such a model developing. The history of the acquisition and development of space power undeniably reflects the changing geopolitical balances in which it is embedded and which it helps to maintain. The Cold War determined the fundamentals of space power, in its relationship with nuclear power (part 1). The diversification of space uses reinforces the United States' place in a heterogeneous space club (part 2). The evolution of power relationships on Earth and the specific characteristics of the players involved have a direct impact on the various forms of space power in the years 1991-2015, marked by security concerns and openness to the private sector (part 3). However, we must be wary of now commonplace assertions about the inevitability of armed conflict in space, the emancipation of private players from the tutelage of States or forthcoming territorial disputes on the Moon, as they ignore the specific constraints of an atypical physical environment.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/espacepolitique/12362