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Titre Faire attention : Classes sociales et « maîtrise » de l'énergie
Auteur Rémy Caveng, Sylvain Thine
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 255, décembre 2024 Écologie et dominations (1)
Page 80-103
Résumé La consommation d'énergie se déploie dans l'ensemble des activités quotidiennes et résulte de déterminants multiples et entremêlés. Cette dépendance s'accompagne d'un discours et de dispositifs encourageant la sobriété et faisant appel à la responsabilité individuelle. Interroger ces prescriptions permet de les confronter aux systèmes de préférences, de besoins et de positionnement éthique en matière de confort et de propreté, liés aux propriétés sociales des individus ainsi qu'à leur distance à la nécessité. Cet article se penche sur les habitudes les plus banales, sur ces gestes accomplis sans y penser réellement – s'éclairer, se chauffer, se laver, repasser son linge, etc. – pour rendre compte des principes à l'origine des normes et des habitudes de vie en matière de consommation d'énergie. Pour cela, nous examinons les conditions sociales de possibilité de l'acquisition de dispositions portant à construire des habitudes d'attention aux consommations énergétiques et à leurs conséquences. Dans une première partie, nous montrons que les pratiques de consommation d'énergie s'ancrent dans des contextes socioéconomiques déterminés. Dans une seconde partie, par la construction d'un espace social des pratiques de consommation, nous caractérisons les différentes classes ou fractions de classes par leurs usages de l'énergie et les conditions dans lesquelles ils ont été générés. Se dessine ainsi une double opposition entre, d'une part, faire attention ou non et, d'autre part, entre apprentissage par cœur et apprentissage par corps des usages de l'énergie.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Energy consumption permeates all daily activities and is the result of a complex of multiple determinants. This dependence is accompanied by a discourse and devices that encourage sobriety and appeal to individual responsibility. Questioning these prescriptions allows us to confront them with systems of preferences, needs and ethical positioning in terms of comfort and cleanliness, linked to the social properties of individuals as well as their distance from necessity. This article looks at the most banal habits, those gestures we perform without really thinking about them – lighting, heating, washing, ironing clothes, etc. – in order to understand the principles behind energy consumption norms and habits. To do this, we examine the social conditions that make it possible to acquire, or not, the dispositions that lead to the construction of habits of attention to energy consumption and its consequences. In the first part, we show that energy consumption practices are rooted in specific socio-economic contexts. In the second part, through the construction of a social space of consumption practices, we characterize the different classes or fractions of classes by their uses of energy and the conditions in which they were generated. This creates a double opposition between paying attention and not paying attention, on the one hand, and learning by heart and learning how to use energy by body, on the other.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2024-5-page-80?lang=fr (accès réservé)