Contenu de l'article

Titre Le statut du témoin étranger dans les entretiens enregistrés
Auteur Claire Scopsi
Mir@bel Revue Hermès (Cognition, Communication, Politique)
Numéro no 94, 2024/2 Migrations : les défis de l'autre
Rubrique / Thématique
Partie I. Du migrant à la migration : nœud d'une incommunication
Page 65-70
Résumé En France, la pratique des entretiens oraux remonte au début du XXe siècle. La Bibliothèque nationale de France conserve le bref enregistrement, réalisé en 1914, de deux Angolais, introduits en France par la mission géographique du comte de Rohan-Chabot. Cette trace de l'époque coloniale nous permet de réfléchir à l'évolution du statut du témoin étranger dans les recueils de témoignages oraux. Invisibilisé pendant la période coloniale, le témoin étranger, même s'il est un savant, est considéré comme un « informateur » ou un domestique. Si son statut a changé, la situation du témoin d'un entretien en sciences humaines reste inégalitaire : il ne maîtrise ni la situation, ni l'objectif de l'échange, mené par un scientifique issu d'une classe sociale et d'une culture différentes de la sienne. Enfin, l'héritage du colonialisme pèse, souvent involontairement, sur les pratiques, conduisant paradoxalement le chercheur à surprotéger le témoin.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In France, the practice of oral interviews dates back to the early 20th century. The Bibliothèque nationale de France holds a brief recording, made in 1914, of two Angolans introduced to France by the geographical mission of Count de Rohan-Chabot. This trace of the colonial era allows us to reflect on the changing status of foreign witnesses in collections of oral testimonies. Invisibilized during the colonial period, the foreign witness, even if a scholar, was considered an “informant” or servant. While their status has changed, the situation of the witness to an interview in the human sciences remains unequal: they control neither the situation nor the objective of the exchange, conducted by a scientist from a social class and culture different from their own. Finally, the legacy of colonialism weighs, often unwittingly, on practices, paradoxically leading the researcher to overprotect the witness.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2024-2-page-65?lang=fr (accès réservé)