Contenu de l'article

Titre Pratique du chemsex en France : actualisation des données d'addictovigilance
Auteur Anne Batisse, Leila Chaouachi, Johan Thiery, Anne Roussin, Cécile Chevalier, Anne-Sylvie Caous, Aurélie Aquizerate, Liselotte Pochard, Émilie Bouquet, Reynald Leboisselier, Amélie Daveluy, Célian Bertin, Bruno Revol, Hélène Peyrière
Mir@bel Revue Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions
Numéro vol. 30, 2024/2-3 Chemsex
Rubrique / Thématique
Dossier : Chemsex
Page 37-52
Résumé Le chemsex se définit classiquement par l'usage de substances psychoactives avant ou pendant les relations sexuelles afin d'améliorer performance, durée et plaisir sexuel. Cette pratique peut avoir des conséquences sanitaires individuelles très importantes (complications addictologiques, somatiques) et populationnelle (transmission d'infections virales ou bactériennes). Le chemsex a émergé en France à partir de 2009, avec l'apparition des nouveaux produits de synthèse (NPS) et d'internet (achat des produit et site de rencontre). La population principalement concernée par le chemsex est la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). L'addictoVigilance est un acteur de veille sanitaire incontournable de la surveillance des complications en lien avec la pratique du chemsex et ce à travers des indicateurs clairs : complications médico-légales (évolution des décès via l'enquête annuelle DRAMES et des soumissions chimiques), des évènements graves (troubles addicto-psychiatriques, neurologiques, cardiovasculaires, infectieux) via les notifications spontanées. Une mise à jour des données d'addictovigilance proposée dans cet article montre une augmentation importante et inquiétante des complications et des décès en lien avec cette pratique depuis 2008 (nombre de cas multiplié par un facteur 3 en 5 ans). La persistance à bas bruit de la pratique du chemsex par voie injectable est retrouvée dans les données avec des complications infectieuses pouvant se compliquer en arthrite septique. Les antécédents infectieux sont en baisse dans la population des chemsexeurs, que ce soit concernant le VIH, le VHC ou bien les autres IST. Les classes de substance rapportées sont toujours des cathinones de synthèse associées ou non à la cocaïne et au GHB/GBL. Les cathinones évoluent avec l'arrivée des dérivées chlorés type 3-CMC /4-CMC. Les principales complications sont les troubles liés à l'usage de substances, les infections (majoritairement abcès, hypodermite, nécroses), des troubles neurologiques impliquant dans la grande majorité des cas de G-holes (surdosage en lien avec le GHB/GBL), des troubles psychiatriques (psychoses avec hallucinations, délire, angoisse et dépression) et des complications cardiovasculaires en lien avec la toxicité des produits. Les agressions sexuelles et les cas de soumissions chimiques possibles soulignent les risques d'abus sexuels ou de rapports sexuels non-consentis plus importants dans le cadre du chemsex. La mise en place d'interventions multidisciplinaires a permis, pas à pas, une prise en charge holistique des chemsexeurs (addicto-psycho-socio-sexologique). La PrEP et la réduction des risques en matière de sexualité et de consommation de produits psychoactifs sont inscrites dans cette prise en charge. La diminution des antécédents infectieux est à souligner. Les initiatives de toutes parts, professionnels de santé ou société civile doivent continuer pour faire face à ce phénomène.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Chemsex is defined as the use of psychoactive substances before or during sexual relations to enhance sexual performance, duration, and pleasure. This practice can have major health consequences for individuals (addictive and somatic complications) and the population (transmission of viral or bacterial infections). Chemsex emerged in France in 2009, following the appearance of new psychoactive substances (NPS) and the internet (where users can buy drugs and connect to dating websites). The population most affected by chemsex is men who have sex with men (MSM). The Addictovigilance network plays an important role in monitoring the health complications of chemsex practice, using clear indicators. It monitors medico-legal complications (via spiking records and the annual DRAMES register showing changes in death rates) and serious events such as addictive-psychiatric, neurological, and cardiovascular disorders and infectious diseases (via spontaneous notifications). This article offers updated addictovigilance data, showing a significant and worrying increase in complications and deaths linked to chemsex since 2008 (the number of cases increased by a factor of three in five years). The low-level persistence of chemsex using injectable drugs has been noted in the data, leading to the transmission of infectious diseases, which may be complicated by septic arthritis. However, among the chemsex population, previous medical history of HIV, HCV, or other STIs is declining. The substance class most reported is still synthetic cathinones, used with or without cocaine and GHB/GBL. Cathinones are evolving with the emergence of chlorinated derivatives of the 3-CMC/4-CMC type. The main complications are substance-related disorders, infections (mainly abscesses, hypodermatitis, and necrosis), neurological disorders most often involving G-holes (overdose linked to GHB/GBL), psychiatric disorders (psychoses with hallucinations, delirium, anxiety, and depression) and cardiovascular complications linked to the toxicity of the products. Sexual assaults and cases of possible spiking highlight the greater risk of sexual abuse or non-consensual sexual relations in chemsex situations. The introduction of multidisciplinary interventions has enabled health practitioners to treat chemsexers with a holistic (addicto-psycho-socio-sexological), step-by-step approach. PrEP and risk reduction in terms of sexual behavior and consumption of psychoactive substances form part of this treatment. The reduction in the number of previous infections among users should be highlighted. Initiatives on all fronts, from health care professionals to civil society, must continue in order to tackle this phenomenon.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-psychotropes-2024-2-page-37?lang=fr (accès réservé)