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Titre « Drogue » ou « médicament » ? Étude qualitative de la représentation sociale de ­­l'héroïne au sein ­­d'une unité hospitalière ambulatoire de prescription ­­d'héroïne pharmaceutique
Auteur Maurane Bosson, Olivier Simon, Yasser Khazaal, Joël Billieux, Francesco Panese, Sophie Paroz
Mir@bel Revue Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions
Numéro vol. 30, 2024/4
Page 57-91
Résumé Cette étude explore les représentations sociales (RS) de ­­l'héroïne dans un centre de traitement universitaire avec traitement par prescription de diacétylmorphine (TPD) en Suisse romande. Treize professionnel·le·s ont participé à des entretiens individuels et un sous-groupe a aussi participé à un focus group. Trois résultats principaux émergent. Premièrement, la RS de ­­l'héroïne est duale. Elle fait appel à deux types ­­d'héroïne distincts : ­­l'héroïne de rue (HDR) et ­­l'héroïne pharmaceutique (HP). Deuxièmement, les RS de ­­l'HDR et de ­­l'HP sont dépendantes ­­l'une de ­­l'autre et ­­s'articulent de façon dynamique autour ­­d'un noyau central. Troisièmement, la RS de ­­l'héroïne est polyphasique : si sa composante HDR est perçue comme une « drogue dure », au sens ­­d'une substance ­­d'usage non médical particulièrement dangereuse, sa composante HP oscille entre « médicament » et « drogue », échappant ainsi au statut unique de traitement. Ces constats permettent de mieux comprendre certaines résistances des équipes cliniques vis-à-vis des TPD en dépit des preuves scientifiques quant à son utilité thérapeutique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This study examines the social representations (SR) of heroin within a university treatment center that provides diacetylmorphine-assisted therapy (DAT) in French-speaking Switzerland. Thirteen professionals participated in individual interviews and a subgroup also participated in a focus group. Three main findings emerged. Firstly, the SR of heroin is dual, encompassing two distinct types of heroin: street heroin (SH) and pharmaceutical heroin (PH). Secondly, the SRs of SH and PH are dependent from one another and dynamically interconnected around a central core. Thirdly, the SR of heroin is polyphasic: while its SH component is perceived as a “hard drug”, characterized as a particularly dangerous non-medical substance, its PH component oscillates between being seen as a “medication” and a “drug”, thereby eluding a singular treatment status. These findings provide a better understanding of the resistance among clinical teams towards DAT, despite scientific evidence supporting its therapeutic efficacy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-psychotropes-2024-4-page-57?lang=fr