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Titre La présence des cardinaux à la Curie et leur participation politique au gouvernement de l'Église (1418-1517)
Auteur Pierre-Bénigne Dufouleur
Mir@bel Revue Revue historique
Numéro no 711, juillet 2024
Page 435-469
Résumé Les historiens se sont intéressés depuis longtemps à la question théorique de la résidence des cardinaux à la Curie et à leur participation fluctuante au gouvernement de l'Église. Néanmoins la présence des sénateurs de l'Église aussi bien aux consistoires qu'aux cérémonies liturgiques pontificales n'avait jamais été envisagée de manière pratique. Il est pourtant possible de mesurer avec précision cette présence à l'aide des journaux des cérémoniaires, des lettres consistoriales et surtout par le biais d'une source comptable. En effet, les cardinaux ne peuvent toucher une part de la taxe des services communs qu'à la condition de participer aux consistoires. Plusieurs registres des Divisiones, dans lesquels sont enregistrées les répartitions de ce revenu fiscal entre les cardinaux, ont été conservés pour le xve siècle. L'étude de ces sources montre que le taux d'absentéisme à la Curie augmente de manière sensible chez les cardinaux de la fin du xve et du début du xvie siècle. Cette hausse s'explique certainement par des créations de cardinaux d'État de plus en plus nombreuses. Le Sacré Collège se divise donc à cette époque en deux catégories : d'une part des cardinaux, souvent italiens, qui résident auprès du pape et le conseillent et, d'autre part, des sénateurs qui restent dans leur pays d'origine, généralement pour conseiller le souverain local, et pour lesquels la pourpre représente avant tout une distinction honorifique. Toutefois, tous les cardinaux qui entourent le pape ne participent pas à parts égales au gouvernement de l'Église. À la Renaissance, les souverains pontifes s'appuient de plus en plus sur un petit groupe informel de conseillers dans lequel plusieurs cardinaux tiennent les premières places. Il faut donc nuancer l'idée selon laquelle le pouvoir du Sacré Collège diminuerait au xve siècle, préfigurant ainsi la situation du xvie siècle, mais plutôt veiller à différencier les situations en son sein.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Historians have long been interested in the theoretical question of the residence of cardinals in the Curia and their fluctuating participation in the Church's government. Nevertheless, the presence of the senators of the Church both at consistories and at papal liturgical ceremonies had never been considered in a practical way. It is possible, however, to measure this presence with the help of the diaries of the Ceremonial Officers, with the consistorial letters and above all with an accounting source. Indeed, the cardinals could only receive a share of the common service tax on condition that they participated in the consistories. Several registers of the Divisiones, in which the distributions of this tax income among the cardinals are recorded, have been preserved for the 15th century. The study of these sources shows that the rate of absenteeism in the Curia increased significantly among the cardinals of the late fifteenth and early sixteenth centuries. This increase can certainly be explained by the creation of more and more state cardinals. The Sacred College was thus divided into two categories: on the one hand, cardinals, often Italian, who resided with the pope and exercised the traditional function of papal advisors, and on the other hand, senators who remained in their country of origin, generally to advise the sovereign, and for whom the purple represented above all an honorary distinction. However, not all the cardinals who surround the pope participate equally in the government of the Church. During the Renaissance, the pontiffs increasingly relied on a small, informal group of advisors in which several cardinals held the top positions. The idea that the power of the Sacred College diminished in the fifteenth century, prefiguring the situation of the sixteenth century, must therefore be qualified, but rather we must take care to differentiate the situations within it.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://shs.cairn.info/revue-historique-2024-3-page-435?lang=fr