Contenu du sommaire : Politiques migratoires en Amérique latine
Revue | Problèmes d'Amérique Latine |
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Numéro | No 75, hiver 2009-2010 |
Titre du numéro | Politiques migratoires en Amérique latine |
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Politiques migratoires en Amérique latine
- Dossier coordonné par Françoise Lestage- Politiques migratoires en Amérique latine - Françoise Lestage p. 7
- Le soutien politique à la plantation de café et à l'immigration internationale dans l'Etat brésilien de Sao Paulo, 1850-1930 - Sylvain Souchaud p. 13 Au xixe siècle, le Brésil développe progressivement une politique migratoire encourageant la venue de travailleurs principalement européens. L'arrivée d'immigrants internationaux en nombre croissant atteint le caractère d'une immigration de masse. Le phénomène se produit dans le contexte spécifique de l'abandon du système esclavagiste et du développement de la grande plantation de café. Il a pour cadre géographique la province de São Paulo. Nous étudions dans ce texte la part du politique dans l'avènement d'une immigration de masse, comment le projet politique migratoire puise ses racines dans la société des planteurs du São Paulo, comment il prévoit la sélection et l'accueil des migrants, ses retombées sur la composition des flux migratoires et l'organisation de l'espace de l'État de São Paulo. Autant d'éléments qui définissent l'immigrant et la place que la société brésilienne lui accorde.In the 19th century, Brazil is gradually developing a policy that promotes the migration of workers coming mainly from Europe. The arrival of international immigrants in increasing numbers reached the character of a mass immigration. The phenomenon occurred in the specific context of the abandonment of the slavery system and the development of coffee plantation. Its geographical setting is the province of São Paulo. In this text, we study the rule of the politics in the advent of a mass immigration, how the immigration policy project draws its roots in the society of planters of São Paulo, how it provides for the selection and reception of migrants, its impact on the composition of migration and spatial organization of the State of São Paulo. These are all elements that define the immigrant and the place that Brazilian society gives him.
- La "nouvelle politique migratoire" en Argentine : les paradoxes du programme "Patria Grande" - Eduardo E. Domenech p. 37 Cet article porte sur la vision des migrations internationales et des immigrants que l'État Argentin forge à présent par le biais de ses agents et de ses institutions. Fondé sur des documents officiels et des interventions publiques de fonctionnaires qui couvrent la période 2000-2008, il examine la « nouvelle politique migratoire » qui a été définie dans ses grandes lignes au début de la présente décennie, avant d'être consolidée par le travail mené au sein de la Direction Nationale des Migrations entre 2004 et 2007. Cet article analyse aussi la manière dont l'État argentin considère les immigrants par le biais du Plan national de régularisation migratoire. Enfin, il montre l'importance de la séparation légal/ illégal dans la formulation et la mise en œuvre des politiques migratoires de l'Argentine d'aujourd'hui.This article analyzes of the vision that the Argentine State, through its agents and institutions, creates in relation to the international migration and the way in which it interpellates immigrants in the present historical conjuncture. Based on official documents and the government officials' public interventions corresponding to the period 2000-2008, this article first examines the “new immigration policy” and its characteristics, which will become evident at the beginning of the decade and will consolidate with the administration of the National Immigration Agency in the period 2004-2007. Finally, this article discusses the way in which the Argentine State interpellates immigrants through the migration regularization programme launched in the mid of the present decade. This article shows the centre position that supports the legal/illegal division in the context of the state reforms developed in matters of current immigration policies in Argentina.
- Equateur : la politique des droits - Sylvie Koller p. 61 L'Équateur se distingue comme nouveau pays d'émigration latino-américain. C'est aussi un pays d'immigration. Depuis l'élection du président Rafael Correa en 2006, le gouvernement jette les bases d'une politique migratoire ambitieuse. Sur le plan des principes, le droit à la mobilité humaine est érigé en droit universel et défendu comme tel sur la scène internationale. Sur le plan politique, les migrants sont invités à rallier la politique de « révolution citoyenne » portée par le parti majoritaire et le président. Les droits civiques et politiques des migrants ont été élargis par la Constitution adoptée en 2008, qui leur donne le droit d'être élus et représentés. Cette volonté de réintégrer symboliquement les migrants dans la nation s'accompagne d'une stratégie de communication développée par le Secrétariat National des Migrants, dont la principale vitrine est une plate-forme virtuelle interactive.Ecuador has recently stood out in Latin America as a country of emigration. But it is also an immigration country. Since President Rafael Correa came to power in 2006, the government has laid down the groundwork for an ambitious migration policy. At the level of principles, the right to free movement has been elevated to that of fundamental right and defended as such on the international stage. At the political level, migrants are invited to adhere to the Citizens' Revolution, initiated by the majority party and the president. The 2008 Constitution widened the civic and political rights of migrants, giving them the right to be elected and represented. This political will symbolically to see migrants as remaining an integral part of the nation is reinforced by the strategy of communication adopted by the National Migrants' Secretary, whose showcase is an interactive virtual platform.
- "L'or des migrants" : retraite et dignité pour les vétérans des accords braceros (1942-1964) - Philippe Schaffhauser p. 75 Entre 1942 et 1964, environ 4,5 millions de contrats ont été signés entre employeurs, journaliers agricoles principalement et travailleurs du chemin de fer sous l'égide des gouvernements fédéraux des États-Unis et du Mexique et dans le cadre juridique des accords braceros. En échange de sa force travail et du salaire perçu, la main-d'œuvre cotisait à hauteur de 10 % de son salaire pour un fonds de retraite. De nos jours tant du côté mexicain qu'américain, c'est-à-dire, dans les milieux bancaires et politiques des deux pays, personne n'est en mesure de dire avec précision où on trouve cet argent et quels sont les intérêts générés, à travers le circuit financier par lequel il est passé. Au fil du temps, le fonds de retraite des migrants est devenu un trésor dissimulé quelque part. Toutefois, au début des années 2000, plusieurs organisations de ex-braceros ont commencé à se mobiliser tant au Mexique qu'aux USA, pour réclamer le montant correspondant à ce fonds de retraite et à le faire valoir les droits sociaux des ex-migrants. Par conséquent, cet article cherche à : 1) rendre compte du mouvement des braceros, sa généalogie transnationale et sa réalité nationale avec ses effets locaux et 2) interpréter ce processus social à travers la notion de reconstruction citoyenne de la culture politique et démocratique mexicaine et dont l'épicentre est le problème de la dignité sociale.Between 1942 and 1964, approximately 4,5 million contracts were signed mainly, between agricultural and field laborers, and some railroad workers, with the support of the federal governments of the US and Mexico, in the legal framework of the so-called bracero agreements. In exchange for their labor and the wages earned, those workers contributed 10% of their pay to a retirement fund. Today, neither Mexican nor US banking and political authorities can say with certainty where those funds are to be found, or how much interest accrued to them as they traversed financial circuits. With the passing of time, this migrant retirement fund has become a treasure that is concealed somewhere. However, early in 2000, several ex-bracero organizations began to take action in Mexico and the U.S. to claim the amounts in that fund and assert the social rights of those ex-migrants. This article, then, presents: 1) an account of the ex-bracero movement, its transnational genealogy and national reality and its effects at the local level; and 2) an interpretation of this social process that employs the notion of citizen's reconstruction of Mexico's political and democratic culture, the epicenter of which is the issue of social dignity.
- Conférence d'inauguration de la deuxième Semaine nationale de la migration au Mexique - Leticia Calderon Chelius p. 93
Varia
- Les "Maras" ou la transnationalisation des pandillas en Amérique centrale - Wim Savenije p. 111 Cet article explore les processus et les conséquences de la transnationalisation des pandillas urbaines en Amérique Centrale et au Mexique. Bien que les pandillas transnationales (Mara Salvatrucha et Barrio 18) aient vu le jour aux États-Unis, les conditions d'exclusion dans lesquelles vivent de nombreux jeunes représentent le contexte sans lequel il serait impossible de comprendre l'émergence et le pouvoir d'attraction de ces groupes – en tant qu'« élites de la rue » – dans la région centraméricaine. L'auteur propose que les réponses à dominante répressive (mano dura ou « main de fer ») auxquelles font appel les autorités politiques nationales peuvent renforcer la cohésion et l'organisation criminelle des pandillas, car elles oublient justement ce contexte. À partir de la situation actuelle, l'article projette des scénarios pour le futur et souligne que l'expérience du Nicaragua basée sur des interventions policières, essentiellement communautaires, peut aider à concevoir des politiques sociales et de sécurité intégrées plus efficaces pour réduire ces problèmes.The present article explores the process and the consequences of the transnationalization of street gangs in Central America and Mexico. The excluding conditions that mark the daily life of large numbers of youths, both in the United States where these groups originated and in the Central American region, are an essential context for understanding the diffusion and the attraction of these “street elites.” It also arguments that by ignoring this context, the repressive “hard hand” politics of national authorities tend to reinforce the cohesion and delinquent character of these gangs. The article sketches some likely future developments of this gang phenomenon and suggests that the experiences in Nicaragua with police – community interventions, can help the development of more integrated anti gang policies in the region.
- Les "Maras" ou la transnationalisation des pandillas en Amérique centrale - Wim Savenije p. 111