Contenu du sommaire : Le veillissement actif

Revue Revue internationale des sciences sociales Mir@bel
Numéro no 190, décembre 2006
Titre du numéro Le veillissement actif
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Crowley John p. 581-586 accès libre
  • L'emploi et le travail des seniors : l'expérience nordique à la lumière des exemples finlandais et norvégien - Piekkola Hannu p. 587-599 accès libre avec résumé
    Les pays nordiques ont mis en œuvre des programmes généraux de vieillissement actif et de bien-être sur le lieu de travail, fondés sur une coopération tripartite entre les salariés, les employeurs et l'État. Ces programmes ont aussi pour but d'influencer les pratiques de travail, considérées comme un prolongement naturel de la couverture des prestations de santé pour les travailleurs. Les employeurs commencent à réagir positivement à ces principes de gestion du vieillissement, surtout dans le secteur public, dans la mesure où on s'attend à des pénuries de main-d'œuvre à l'avenir. Bien qu'elles restent à l'heure actuelle strictement limitées au domaine du marché du travail, les politiques de vieillissement actif des pays nordiques, et notamment de la Finlande, peuvent constituer un exemple pour toute l'Europe.
  • Politiques de vieillissement actif en République tchèque et en Pologne - Perek-Bialas Jolanta, Ruzik Anna, Vidovićová Lucie p. 601-613 accès libre avec résumé
    Le présent article traite du « vieillissement actif » en tant que concept politique et de sa signification au sein de différentes cultures. Nous nous penchons ici sur la République tchèque et la Pologne, deux anciens pays communistes qui ont connu une transition économique et politique dans les années 1990 et ont adhéré à l'Union européenne en 2004. Ces pays ont tous deux une démographie similaire, à savoir une population vieillissante, mais ils diffèrent assez largement par leur vision du vieillissement actif comme question d'action publique. La méthode employée est une méta-analyse d'entretiens et de consultations avec des spécialistes. Les résultats montrent qu'il n'y a pas en Pologne de politique globale relative à la question du vieillissement actif et, en République tchèque, pas de vision systémique générale fondée sur les principes du vieillissement actif. Le débat sur l'activité des seniors se focalise largement sur l'emploi et le marché de travail, délaissant en grande partie la question des services sociaux, des soins à la personne ou encore, tout simplement, des loisirs. Le manque de mécanismes institutionnels, les obstacles budgétaires, les perceptions socioculturelles discriminatoires ou encore la conjoncture économique défavorable constituent autant de barrières à la mise en place de stratégies de vieillissement actif pour la période étudiée. Toutefois, il apparaît que le problème est désormais connu, et que les modifications de la démographie ainsi que l'attitude des seniors pourront, à l'avenir, peser sur un débat plus large consacré au vieillissement actif.
  • Idées et politiques en matière de vieillissement actif en Norvège et au Royaume-Uni - Ervik Rune, Helgøy Ingrid, Christensen Dag Arne p. 615-630 accès libre avec résumé
    Le présent article examine deux questions. Premièrement, quelles sont les idées et les politiques ou programmes en matière de vieillissement actif en Norvège et au Royaume-Uni ? Deuxièmement, les deux pays ont-ils une approche différente et, dans l'affirmative, pourquoi ? L'étude est divisée en quatre parties. Nous chercherons d'abord à définir un cadre institutionnel pour l'analyse des politiques en matière de vieillissement actif. Ensuite, nous esquisserons brièvement les défis démographiques et sociaux auxquels font face la Norvège et le Royaume-Uni. La troisième partie décrira de façon empirique les idées et politiques en matière de vieillissement actif qui ont cours dans les deux pays. Enfin, nous analyserons les résultats de l'étude afin d'en tirer des conclusions. S'appuyant sur des publications secondaires et sur des rapports commandés dans les deux pays, sur des données statistiques, sur des entretiens avec d'importants acteurs politiques norvégiens et sur les travaux d'un groupe d'experts norvégiens, le présent article prouve que la Norvège et le Royaume-Uni appartiennent à des types différents d'État-providence et d'économie politique et adoptent et favorisent en conséquence des conceptions et des politiques différentes en matière de vieillissement actif. Néanmoins, l'analyse révèle également des positions politiques parallèles, telles que l'importance croissante accordée au marché du travail et aux mesures d'activation et, sur le plan réglementaire, le renforcement des liens entre les contributions et les prestations. Ces évolutions politiques indiquent qu'il faut également tenir compte de la diffusion des idées, des idéologies et des solutions politiques par-delà les frontières nationales. De surcroît, les paysages institutionnels peuvent changer.
  • Le vieillissement actif et la réforme des régimes de retraite en Europe - Hinrichs Karl, Aleksandrowicz Paula p. 631-647 accès libre avec résumé
    Le présent article examine la tendance à la sortie anticipée de la vie active observée au cours des dernières décennies dans la plupart des pays d'Europe, ainsi que les politiques que dix d'entre eux (Autriche, Finlande, France, Allemagne, Italie, Norvège, Pologne, Suisse, République tchèque et Royaume-Uni) ont mises au point pour faire face à ce problème. Il s'agit de savoir si ces réformes ont contribué au vieillissement actif. Les auteurs analysent également les facteurs susceptibles de favoriser ou d'entraver l'efficacité des réformes des régimes de retraite pour ce qui est de relever l'âge effectif de départ à la retraite. Parmi ces facteurs, les préférences personnelles des travailleurs en la matière, les politiques des entreprises et les niveaux généraux d'emploi revêtent une importance particulière.
  • « Vers une société pour tous les âges » : saurons-nous relever le défi ou allons-nous manquer le coche ? - Zelenev Sergei p. 649-666 accès libre avec résumé
    Cet article étudie l'évolution de la réflexion et des approches conceptuelles du problème du vieillissement de la population mondiale dans une perspective intergouvernementale. Son auteur estime que l'absence de progrès vers « une société pour tous les âges » s'explique en grande partie par une certaine incapacité à prendre systématiquement en compte la problématique du vieillissement et à mettre en œuvre des politiques adaptées au niveau national. À cet égard, la question du développement des capacités des personnes âgées et de la protection de leur dignité et de leurs droits est d'une importance cruciale.
  • Documents

    • Pour une politique du vieillissement actif en Europe : comment surmonter les obstacles et saisir les possibilités - p. 667-682 accès libre avec résumé
      Tout le monde sait que la population européenne vieillit rapidement et que cela risque d'avoir des conséquences fâcheuses sur les systèmes de protection sociale et le marché du travail. Comment les sociétés européennes vont-elles pouvoir sauvegarder leurs acquis sociaux sans compromettre l'équilibre financier de leurs systèmes de protection sociale ? Les expériences récentes incitent à la prudence, étant donné que la routine institutionnelle tend à susciter des réactions négatives qui risquent d'avoir des conséquences fâcheuses sur les systèmes de protection sociale. Pourtant, des solutions positives existent, dont le principe du « vieillissement actif » est un exemple emblématique, et le problème du vieillissement constitue finalement un défi plutôt qu'une menace. Dans la mesure où les réactions positives se heurtent à l'inertie du système, le problème consiste, en termes concrets, à ouvrir des espaces d'innovation afin que le vieillissement actif ne soit pas seulement pensable, mais aussi possible.
    • Déclaration politique et Plan d'action international de Madrid sur le vieillissement, 2002 - p. 683-719 accès libre avec résumé
      La Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement s'est réunie à Madrid, Espagne, en 2002. Elle examina les chances et les défis du vieillissement démographique au XXIe siècle à la lumière des principes et des préconisations du Plan international d'action sur le vieillissement, approuvé par l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1982, et des Principes des Nations-Unies pour les personnes âgées, adoptés par l'Assemblée générale en 1991. Ces documents proposaient des pistes en matière d'indépendance, de participation, de soins, d'épanouissement et de dignité. Sur cette base, l'Assemblée de Madrid forgea un consensus politique et élabora un plan d'action afin de promouvoir le développement d'une société pour tous les âges.
    • Principaux faits nouveaux survenus dans le domaine du vieillissement depuis la deuxième Assemblée mondiale. Rapport du Secrétaire général des Nations Unies à la Commission du développement social, 2006 - p. 721-736 accès libre
  • Article lauréat du concours ouvert aux doctorants 2006

    • L'autonomie comme mise en équation de la liberté et de l'égalité - Premat Christophe p. 737-750 accès libre avec résumé
      Les inégalités sociales ne sont pas dues au processus de socialisation lui-même, mais à l'amplification des inégalités existant à un état pré-humain où aucun accord sur l'institution de valeurs et de significations communes n'a été trouvé. Cet état est fictif dans la mesure où les hommes doivent leur humanité et leur survie à un processus d'imposition de normes sociales. Ils sont en fait des sujets sociaux, incapables de survivre en dehors de toute relation sociale. Ce fondement anthropologique est à établir pour avoir une vision juste des inégalités entre les hommes. De là, on peut distinguer deux types de sociétés, les sociétés hétéronomes ayant justifié cette inégalité par un ensemble de croyances en la supériorité de certains êtres sur d'autres et les sociétés autonomes ayant énoncé l'abstraction d'une égalité des droits et des conditions. L'autonomie est la reconnaissance que l'égalité des conditions est à construire au sein d'un contrat politique à réinventer à chaque époque pour corriger les inégalités qui persistent dans l'état social. De ce point de vue, les inégalités deviennent un moteur de créativité sociale, parce que les individus se trouvent constamment dans le besoin de créer de nouvelles institutions pouvant diminuer le poids de celles-là ainsi que le cortège d'injustices engendrées. On évite alors le biais d'une fabrication utopique de l'égalité qui serait la négation d'une caractéristique fondamentale de l'être humain, à savoir sa puissance de créativité.
  • Tribune libre

    • Gouvernance et pauvreté en Afrique subsaharienne : repenser les bonnes pratiques en matière de gestion de la migration - Truong Thanh-Dam p. 751-771 accès libre avec résumé
      Dans le présent article, l'auteur établit l'interface entre les migrations et la traite des êtres humains en Afrique subsaharienne sous le double angle de la gouvernance et de la pauvreté. Un trait saillant des cadres de gestion des migrations qui se dessinent est la conception implicitement double de la mobilité qu'ils véhiculent : si la mobilité liée au commerce est bien protégée par la réglementation publique, la mobilité liée à la recherche d'un moyen de subsistance est soumise à un système répressif où il est difficile de remédier au décalage entre l'interprétation juridique des droits de la personne et du bien-être humain et leur interprétation sociale. Il se peut que l'augmentation du nombre de femmes, d'enfants et de jeunes gens qui migrent, à la fois selon les pratiques traditionnelles ou en rupture avec celles-là, et dans des conditions risquées, reflète des transformations structurelles plus profondes que ne le reconnaissent communément les décideurs. Des réactions motivées par des considérations de droits humains ont contribué à la création de nouveaux cadres internationaux, régionaux et nationaux pour prévenir les pratiques brutales et spoliatrices face aux migrations. L'existence patente de divergences d'intérêts dans les diverses façons d'aborder tous les problèmes – gestion des migrations, lutte contre le crime, normes du travail, réduction de la pauvreté et besoins particuliers des communautés à risque – oblige à adopter un concept de bonnes pratiques propre à prendre en compte le rapport entre les formes dominantes du savoir social et le champ de la décision, afin de situer et résoudre, à différents niveaux de la gouvernance, les problèmes relatifs à la violation des droits et à leurs rapports mutuels.
    • Comprendre l'économie morale des sociétés postsoviétiques. Enquête sur les sentiments moraux et les intérêts matériels au Kirghizistan - Sanghera Balihar, Ilyasov Aibek, Satybaldieva Elmira p. 773-787 accès libre avec résumé
      Les auteurs de cet article exposent trois conceptions concurrentes de l'économie morale des sociétés postsoviétiques, qui la considèrent respectivement sous le rapport du marché économique, de l'ancrage social et des sentiments moraux. Ils se proposent de contribuer au débat sur la constitution sociale des économies post-soviétiques en accordant une attention particulière aux aspects moraux et éthiques de ces économies. Ils préconisent une description transdisciplinaire de la société de marché kirghiz, qui se réfère à la fois à l'économie politique, au post-communisme et à la philosophie morale. Ils montrent que les êtres humains vulnérables et interdépendants que nous sommes se soucient des autres et se sentent responsables des autres bien qu'il soit difficile de poursuivre ses préoccupations et ses engagements et de manifester sa compassion dans un environnement économique hostile. Ils soutiennent que la conception qui considère l'économie sous le rapport des sentiments moraux révèle que les émotions morales informent et inspirent les comportements économiques et ont une influence sur le bien-être humain. Appliquée à la période de transition que traversent le secteur public, les réseaux sociaux et les marchés « réels » du Kirghizistan, cette conception explique pourquoi la honte, la frustration et la colère dominent la vie des individus et comment l'absence d'émotions morales et de capacités humaines positives favorise la corruption.