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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 651, juillet 2009 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Compter les minorités
- Les peuples étrangers dans les chroniques bretonnes à la fin du Moyen Âge - Moal Laurence p. 499-528 Les chroniqueurs bretons de la fin du Moyen Âge décrivent un monde dans lequel gravitent de nombreux peuples. La conscience de cette diversité passe par l'étude de leurs désignations, dont l'emploi n'est pas neutre. L'utilisation de tout un vocabulaire, hérité de l'Antiquité et adapté aux réalités modernes, marque clairement la prise de conscience de la nation et identifient clairement l'autre, le non-Breton. Les noms de peuples étrangers surtout sont vecteurs d'identité et les listes des populations s'accompagnent généralement de l'étude de l'origine de leur nom. L'éponymie se place ainsi au cœur des mythes de fondation. Les noms sont également des instruments pour valoriser ou dévaloriser. Ils participent pleinement à la conscience de former une communauté. C'est aussi une façon pour les auteurs de montrer leur érudition.At the end of the Middle Ages, Breton chroniclers describe a world in which a number of peoples are moving around. The awareness of this diversity comes from studying their denominations, which are not impartial. The use of an entire lexicon, inherited from Antiquity and adapted to meet the realities of the time, clearly signals the nation's self-awareness and clearly identifies others, those that are considered non-Breton. The names they give to alien peoples are more than anything vectors of identity and the lists of these populations generally go hand in hand with the sudy of the origin of their names. Eponymy (name derivation) is therefore at the heart of fouding legends. Names are also instruments which give status to or weaken a community. They contribute fully to the awareness of the formation of a community. It is also a way for the authors to demonstrate their wisdom.
- Les 2 150 « églises » réformées de France de 1561-1562 - Fornerod Nicolas, Benedict Philip p. 529-560 Un passage fameux de l'Histoire ecclésiastique des Eglises reformées au royaume de France rapporte comment les réformés ont mené à la demande de Catherine de Médicis une opération qui leur a permis d'affirmer que 2 150 églises existaient au début de l'année 1562. Si cette assertion a été couramment admise pendant plus de quatre siècles, depuis 1980 les spécialistes du sujet ont revu considérablement à la baisse leurs estimations du nombre d'églises ayant existé à cette date. Cet article montre que les réformés ont bien lancé des initiatives à l'échelle nationale afin de déterminer le nombre de leurs églises et d'évaluer leurs forces militaires, mais que ces opérations ne se sont pas exactement déroulées comme le relate l'Histoire ecclésiastique. Il tente également d'apprécier dans quelle mesure le chiffre de 2 150 comporte une part de plausibilité, d'éclairer la fiabilité et la signification des évaluations récentes du nombre d'églises en 1561-1562, et de suggérer comment le fait même d'avoir établi des estimations de leur nombre et de leurs forces a pu exercer une influence sur les actions des dirigeants protestants à la veille de la première guerre civile.A well-known passage of the Histoire ecclesiastique des Eglises reformées au royaume de France recounts how an inquiry organized by the Reformed churches at the behest of Catherine de Medici determined that 2,150 Reformed churches had come into existence by early 1562. For more than four centuries, this claim was accepted by most historians of French Protestantism, but since 1980 historians have sharply reduced their estimates of the number of churches that existed at that date. This article shows that the Reformed did indeed undertake nationwide inquiries in late 1561 and early 1562 to determine their numbers and military strength, but that these were not carried out exactly as stated in the Histoire ecclesiastique. It also seeks to indicate in what way the figure of 2,150 might contain a measure of plausibility, to illuminate the reliability and meaning of the more recent, lower estimates of the number of churches in 1561-1562, and to suggest how the very act of drawing up national estimates of Reformed numbers and military strength could have contributed to the sequence of events leading to the First Civil War.
- La diffusion de la communauté mennonite en France d'après l'étude des patronymes (XVIIe-XXe siècles) - Schwindt Frédéric p. 561-593 Issus d'un courant minoritaire de la Réforme, les anabaptistes mennonites ont migré de Suisse vers le royaume de France au cours des XVIe et XVIIe siècles. Ils forment alors un peuple à part du fait de leurs origines, de leur langue et de leur mode de vie particulier. Ceux qui vivent aujourd'hui en France sont pour la plupart des descendants des quelques familles qui ont suivi Jakob Ammann lors du schisme Amish de 1693. Mais, contrairement à leurs cousins émigrés aux États-Unis depuis le début du XIXe siècle, ils ont perdu toute visibilité sociale et se sont intégrés. Les archives publiques ne faisant plus état de la religion après 1850, il a fallu inventer d'autres méthodes pour décrire leur diffusion. Il s'agit notamment de l'utilisation des fichiers patronymiques de l'INSEE, des bases de données généalogiques et des listes de conscription.Coming from a minority of the Reformation, the Anabaptists Mennonites migrated from Switzerland to the Kingdom of France in the sixteenth and seventeenth century. They form a people apart because of their origins, their language and way of life. Those living in France today are mostly descendants of several families that followed Jakob Ammann at the Amish schism of 1693. But unlike their cousins who had emigrated to the United States since the early nineteenth century, they have lost all social visibility and were integrated. Public records are no longer state of religion after 1850, he had to invent other ways to describe their distribution in France. This is especially insee files, genealogy databases and conscription lists.
- Médecins du travail et travailleurs immigrés dans le Bâtiment en France (1946-1975) - Martini Manuela p. 595-619 Confrontés à des effectifs d'immigrés en forte croissance pendant les Trente Glorieuses, les médecins du travail du Bâtiment s'interrogent dès la fin des années 1950 sur les risques et les problèmes spécifiques en termes de santé posés par la présence, sur les chantiers, de ces immigrés. Ces préoccupations s'inscrivent dans un ensemble plus vaste de priorités professionnelles et déontologiques qui ont orienté la réflexion de ces médecins vers la dimension sociale de la pratique médicale, en les distinguant dans le paysage de la médecine du travail de l'après-Seconde Guerre mondiale.Grâce à la mise en place précoce de grandes enquêtes nationales exploitées avec des traitements informatisés à partir du début des années 1970, les médecins du BTP peuvent donner des réponses libres de toute posture racialiste aux questions sur les spécificités de la santé au travail des immigrés.Modes de vie, alimentation, postes de travail, pénibilité des tâches prennent désormais toute leur place dans les études médicales sur les accidents, l'inaptitude ou les maladies professionnelles des travailleurs migrants.Faced to a growing population of immigrant workers during the « Trente Glorieuses » period, the doctors in charge of their health in construction industry begin to inquire about their specific risks and medical problems at work from the middle of the Fifties. Theses questions were a part of a wider range of professional reflections oriented toward social analysis characterising the construction industry occupational health in the larger landscape of post-war occupational health in France.Thank to the organisation of important national surveys whose data were electronically exploited since the 1970s, the construction industry doctors could answer without any racial attitude to the questions concerning the particular characters of migrants' health in workplaces.Ways of life, eating, physically constraint jobs, hardness of work tasks took from that moment their entire place in medical analysis concerning accidents, inaptitude or professional diseases of migrant workers.
- Entre carte, image et pièce juridique : la vue figurée de la baronnie de Sévérac-le-Château (1504) - Dumasy Juliette p. 621-644 Les vues figurées, ces cartes confectionnées dans l'ensemble de l'Europe à partir du XIVe siècle pour servir de pièces à conviction devant les tribunaux, forment un genre documentaire encore assez méconnu et sous-évalué dans l'historiographie française. Pourtant, elles constituent un jalon important de l'histoire du droit et de la cartographie. La vue de la baronnie de Sévérac-le-Château, qui a été élaborée en 1504 à l'occasion d'un contentieux portant sur l'assiette de l'impôt royal du fouage en Rouergue, en est un très bel exemple. Elle représente, avec élégance et méticulosité, l'ensemble des villages et hameaux de ce pays, avec leurs feux, églises et châteaux – soit en tout plus de 800 édifices. Témoignage exceptionnel sur le paysage architectural, elle est aussi un document d'une nature complexe et d'une densité remarquable, qui tient du discours juridique, de la carte et de l'image, et dans lequel résonnent à la fois l'héritage d'une culture typiquement médiévale et la préfiguration de la cartographie moderne.Picture maps started to be drawn up in the XIVth century in order to serve as exhibits in courts throughout Europe. Despite the important role they played in the history of law and the development of cartography, they are underestimated in French historiography. The picture map of the barony of Séverac-le-Château is a fine example. Made specifically in 1504 for proceedings regarding the sharing out of a royal tax called fouage in Rouergue, it clearly and meticulously represents all the villages and hamlets of this region, as well as the houses, churches and castles : on the whole, no less than eight hundred edifices. This document not only offers an exceptional account of architectural landscape, it is also a legal discourse, a map and an image, expressing both the passing down of medieval culture and the prefiguration of modern cartography.
- Les peuples étrangers dans les chroniques bretonnes à la fin du Moyen Âge - Moal Laurence p. 499-528
Mélanges
- L'Europe « latine » et l'Europe « orthodoxe » : dimensions d'altérité - Dmitriev Mikhaïl p. 645-670
- Comptes rendus - p. 671-741