Contenu du sommaire : Variations

Revue Autrepart Mir@bel
Numéro no 31, 2004
Titre du numéro Variations
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  • Variations

    • L'illusion participative. Exemples ouest-malgaches - Chantal Blanc-Pamard, Emmanuel Fauroux p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis une dizaine d'années, à Madagascar, les pratiques de gestion centralisées sont remplacées par des approches participatives qui reposent sur des principes simples directement inspirés du fonctionnement des démocraties occidentales : droit de tous à la parole, accès égal à l'information, décisions prises à la majorité des voix... Ces principes, malgré leur générosité, sont étrangers à l'idiosyncrasie des ruraux malgaches. La participation est pourtant recommandée de toutes parts et les bailleurs de fonds ne soutiennent plus un projet qui ne la considère pas comme une priorité. C'est encore, très probablement une illusion dans de nombreux cas, ce qui risque de conduire les projets et les opérations reposant sur l'approche participative à de nouveaux échecs, même s'ils s'avèrent sans doute moins cinglants que les échecs d'autrefois. On peut espérer que la participation devienne moins illusoire puisqu'elle s'inscrit dans un contexte de décentralisation qui instaure de nouveaux types de gouvernance et de gestion des ressources naturelles. La gestion partagée vise également à laisser aux communautés villageoises une réelle autonomie, notamment dans la protection de l'environnement. La situation actuelle marque une transition particulièrement délicate puisqu'on tente de mettre en place les conditions institutionnelles rendant possible ce partage de gestion. L'aspect apparemment novateur de la procédure est beaucoup plus grand qu'il n'y paraît à première vue dans un milieu où la démocratie participative est encore perçue comme une bizarrerie à laquelle les gens ne s'habituent pas vraiment.
      The illusion of participatory
      In Madagascar, for about ten years now, centralized management practices have been replaced by participatory approaches. These are founded on simple principles directly inspired from systems prevailing in Western democracies, including: the right to speak for all, equal access to information, decisions taken by majority voting. Noble principles indeed, nevertheless they are foreign to the idiosyncrasy of rural Malagasy communities. Yet participation is recommended from all sides and the donor organizations no longer support a project that does not consider that element as a priority. In many cases, it is still highly probably an illusion. This situation carries the risk of repeated failure of participation-based projects and operations, even if such setbacks undoubtedly prove less crushing than before. It could be hoped that participation becomes less illusory because it is also a component of a decentralization process which is instigating new types of governance and management of natural resources. A further objective of shared management is to accord village communities a real autonomy, particularly in issues of environmental protection. The current situation marks a particularly delicate transition in the context of a drive to establish institutional conditions making such shared management possible. The novel character of the procedure is much more pronounced than it seemed at first sight, in communities where participative democracy is still perceived as an oddity that people cannot not really get used to.
    • Entre forêt et côte : l'inclusion négociée des Marrons ndjuka du Surinam - Jean-Yves Parris p. 21 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir été considérés comme des survivances africaines dans le nouveau monde, les Noirs marrons du Surinam et, dans une certaine mesure, de la Guyane, sont aujourd'hui davantage envisagés comme des sociétés qui s'inscrivent dans le droit fil de l'esclavage et des formations sociales qui en émergèrent. À partir du cas des Marrons ndjuka, cet article explore la validité de cette proposition en examinant, tant sur le plan socio-historique que politique, les conditions de l'évolution de cette société à travers les rapports qu'elle a toujours entretenu avec l'univers colonial puis post-colonial.
      Between forest and coast: the negotiated inclusion of the Ndjuka Marrons of Surinam
      The Marrons of Surinam and, to a certain extent, French Guiana, used to be considered as relic African societies in the New World. However, they are seen today more as communities developed directly from slavery and social formations that emerged from it. This article takes the case of the Ndjuka people to explore the validity of this theory It examines from both the social-historical and political angles the ways in which this society might have developed by way of the relations it has always maintained with the colonial and post-colonial worlds.
    • Politique de stabilisation foncière et conservation de la biodiversité : le cas de la Réserve de Biosphère Maya, Petén (Guatemala) - Rachel Effantin, Bernard Hubert p. 35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au Guatemala, une politique de conservation de la forêt tropicale du Petén succède à quatre décennies de colonisation agraire. Les préoccupations actuelles de stabilisation du front pionnier posent le problème du choix des instruments de régulation et des modalités de leur mise en œuvre. Les auteurs étudient l'incidence d'une intervention gouvernementale sur la formalisation des normes d'appropriation et d'usage des ressources naturelles renouvelables. À cette fin, ils analysent la dynamique d'installation de nouvelles communautés dans la zone tampon de la Réserve de Biosphère Maya, où un programme de légalisation foncière et de conseil en agroforesterie est mis en œuvre. À partir de la chronologie des itinéraires fonciers et agraires de deux communautés, ils illustrent la diversité des traductions locales d'une intervention standardisée. Cette diversité a ensuite pu être associée au processus de différenciation sociale inhérent à la dynamique pionnière ainsi qu'à la variabilité des formes d'organisation collective. Si des changements dus à l'intervention ont effectivement lieu, ils ne transforment pas fondamentalement les projets de production des migrants, mais permettent d'améliorer les conditions de réalisation de certains de leurs projets.
      Policy of land-tenure stabilization and biodiversity conservation: the case of the Maya Biosphere Reserve, Petén (Guatemala). In Guatemala, four decades of colonization for agriculture is giving way to a policy of conservation of the tropical forest of Petén. The current concerns for stabilizing the pioneer front raise the problem of deciding on the best regulatory instruments and on the means to be deployed for implementing them. The authors investigated the effect of government intervention on the formalization of the standards for appropriating and using renewable natural resources. To this end, they analysed the dynamics of the installation of new communities in the buffer zone of the Maya Biosphere Reserve, where a programme of land-tenure legislation and advice on agro-forestry is being set in place. On the basis of the chronology of the land-tenure and agrarian itineraries of two communities, they highlight the varied nature of local interpretations of a standardized intervention. This diversity could then be linked to social differentiation processes inherent in the dynamics of pioneer communities and to the variability of forms of collective organization. If changes are effectively taken place owing to government intervention, they do not fundamentally alter the migrants' schemes of production. They lead rather to improvements in the ways some of their projects are accomplished.
    • La fin de l'État démiurge ? Les nouvelles facettes de l'urbain dans le Sahara libyen - Olivier Pliez p. 59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le désert libyen est aujourd'hui urbanisé à près de 90 % et constitue un observatoire privilégié de dynamiques qui touchent tout le Sahara. Ce processus urbain donne désormais à voir un visage paradoxal : celui de la crise liée au désengagement de l'État, acteur longtemps exclusif de leur développement, mais aussi celui de nouvelles dynamiques socio-spatiales. Le cas de Koufra, oasis isolée du Sahara central, est révélateur de la transformation de toutes les villes sahariennes transfrontalières en lieux de transit transnationaux des migrants et des marchandises entre les deux rives du Sahara. L'étude d'une vallée oasienne du Fezzan permet en revanche de nuancer les constats critiques des décennies précédentes sur les conséquences négatives du mouvement d'urbanisation-modernisation des campagnes. De nouvelles configurations territoriales se dessinent dans les interstices du territoire national libyen sans pour autant gommer les contours du projet étatique saharien.
      The end of the demiurge State? The new facets of urban development in the Libyan Sahara
      The Libyan desert is today nearly 90 % urbanized and constitutes a valuable observatory of the movements and trends at work throughout the Sahara. However, the urbanization process bears some paradoxes: that of the crisis related to the disengagement of the State, which was long the exclusive impulse for such developments; but also that of new socio-spatial dynamics. The case of Koufra, an isolated oasis of the central Sahara, is revealing the transformation of all the cross-border Saharan cities into places of trans-national transit of migrants and goods between the North and the South of the Sahara. Examination of the Fezzan valley, a site of oases, makes it possible, however, to moderate the critical reports of previous decades that set out the negative consequences of the urbanization and modernization of rural areas. New territorial configurations are taking shape in the interstices of Libyan national territory without removing the contours of the State's plans for the Sahara.
    • Le pentecôtisme au Togo : éléments d'histoire et développement - Joël Noret p. 75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article cherche à combler un vide de la littérature sur le pentecôtisme en Afrique en exposant les grandes lignes de l'histoire puis les évolutions récentes les plus significatives du pentecôtisme togolais, qui n'a, jusqu'à présent, fait l'objet d'aucune étude. Passant en revue les premières initiatives missionnaires dans le Nord puis dans l'Ouest du pays, le texte reprend les grandes étapes du développement des mouvements pentecôtistes au Togo, avant d'examiner plus particulièrement leurs relations avec les médias d'une part, et avec le monde politique d'autre part.
      Pentecostalism in Togo: elements of history and development
      The article is intended to fill a gap in the literature on Pentecostalism in Africa by setting out the main elements of the history and then the most significant recent developments in Pentecostalism in Togo, which up to now had not been the subject of any study. The paper reviews the first missionary initiatives in the North then in the West of the country. It deals with the main stages in the development of Pentecostal movements in Togo, and then goes on to examine more specifically their relations with the media and with the political world.
    • La Société ivoirienne au fil de ses réformes scolaires : une politique d'éducation "intermédiaire" est-elle possible ? - Éric Lanoue p. 93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine deux aspects de la réforme éducative menée en Côte d'Ivoire entre 1993 et 1999 – la régulation des flux scolaires et la moralisation des pratiques de scolarisation – pour étudier les raisons de leur mise en échec. Cet échec tient à la force de configurations sociales et politiques, au principe d'un ensemble de pratiques illicites et d'un marché des biens scolaires (recrutement parallèle, achat de diplôme ou d'épreuve d'examen). Les configurations sociales et politiques esquissées illustrent un rapport symbolique à l'école secondaire, malgré les chances limitées d'accès au diplôme. Par-delà les normes économicistes des bailleurs de fonds, les politiques d'éducation pourraient intégrer ce rapport symbolique à l'institution scolaire et lui fournir un cadre d'interprétation ; faute de quoi les réformes éducatives risquent de continuer d'être perçues comme des formes de violence politiques exercées à l'encontre des populations.
      Ivory-Coast society and effects of education reforms: is a policy of “intermediate” education possible? This article examines two aspects of education reforms implemented in the Ivory Coast between 1993 and 1999 – the regulation of school fluxes and the moralization of schooling practices – in order to study the reasons that rendered them unsuccessful. Their failure stems from the strength of social and political configurations that hinge on a set of illicit practices and a market for educational attributes (parallel recruitment, purchase of qualifications or exam papers). The social and political configurations outlined illustrate a symbolic tie to the secondary school, in spite of limited chances for access to qualifications. Beyond the economics-driven standards of the donor organizations, education policies could incorporate this symbolic tie into the overall school institution and provide it with an interpretational framework. Otherwise the educational reforms are at risk of being perceived still as forms of political violence carried out against people's interests.
    • L'Ile Maurice à l'ère de la mondialisation. Un modèle d'un développement de rattrapage ? - Kristen Koop p. 109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Île Maurice est souvent citée comme un des rares exemples de réussite d'intégration d'un pays du Sud dans le marché mondial. En effet, dans les années 1980, des investissements directs étrangers, notamment dans l'industrie du textile, ont pu enclencher un développement économique extraordinaire sur l'île et la pauvreté a considérablement diminué. Or, la libéralisation de l'ancienne Convention de Lomé et le démantèlement de l'Accord Multi-Fibre jusqu'en 2005, accords qui jusque-là avaient protégé l'exportation mauricienne de la concurrence d'autres pays du Sud, ont récemment induit une crise structurelle de l'industrie sucrière et de celle du textile. Dans ces nouvelles conditions de libre marché, ces deux secteurs locaux, intensifs en main d'œuvre, ne sont plus compétitifs sur le marché mondial. Les pertes constantes d'emplois dans ces deux secteurs piliers de l'économie mauricienne n'ont, jusqu'à l'heure, pas pu être compensées par le développement du secteur de service, tel que le tourisme et la technologie d'information. De plus, la pression de la compétition mondiale a eu pour conséquence un nombre croissant d'emplois précaires et sous-payés.Le résultat de cette évolution économique est une augmentation considérable du chômage et une masse grandissante de « travailleurs pauvres » – un phénomène bien connu dans nos pays industrialisés et directement lié à la concurrence accrue des entreprises. En conséquence, la pauvreté à l'île Maurice réaugmente de nouveau. Pour un large segment de la population, la prospérité des années 1980 n'a été qu'un phénomène éphémère. Un véritable « développement de rattrapage », paradigme de développement encore de nos jours, n'a pas pu être réalisé.
      Mauritius in an era of globalization. A model of catch-up development?
      Mauritius is often quoted as one of the rare examples of successful integration of a country of the South in the global market. Indeed, in 1980 direct foreign investments, especially in the textile industry, were able to set in motion extraordinary economic development on the island and poverty diminished considerably. The freeing-up of the old Lomé Convention and the dismantling of the Multi-Fibre Agreement until 2005, agreements which had protected Mauritian exports from other countries of the South, have recently engendered a structural crisis in the sugar-refining and textile industries. Under the new free-market conditions, these two labour-intensive local sectors are no longer competitive on the global market. Constant job losses in these two crucial sectors of the Mauritian economy have not up to now been compensated for by development of the service sector, such as tourism and information technology. Moreover, global competition pressure has tended to create an increasing number of insecure and low-paid jobs. The result of this economic trend is a considerable increase in unemployment and a growing mass of “working poor” – a well-known phenomenon in the industrialized countries directly linked to the intensifying of business competition. Consequently, in Mauritius poverty is on the rise again. For a large segment of the population, the prosperity of the 1980s was nothing more than an ephemeral situation. A true process of “catch-up development”, a development paradigm still alive today, has not been achieved.
    • Le riz dans l'ancienne "Boucle du cacao" de Côte d'Ivoire - Laurence Becker, Yoboué N'guessan p. 133 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis l'indépendance en 1960, les différents gouvernements qui se sont succédé en Côte d'Ivoire semblaient faire de l'autosuffisance en riz un pivot de la politique de la sécurité alimentaire du pays. Il n'en était rien. La société d'État dont les performances techniques autorisaient les meilleurs espoirs pour atteindre cet objectif a été dissoute l'année qui a suivi celle de son meilleur résultat, preuve que d'autres intérêts s'opposaient à cette autosuffisance. À partir de 1990, la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International ayant exigé la libéralisation de tous les secteurs de l'agriculture ivoirienne, les riziculteurs ont été, du même coup, privés de tout soutien, pendant que les pays fournisseurs de Côte d'Ivoire menaient des actions dynamiques pour créer un environnement favorable à l'expansion de leurs exportations. Malgré cet avantage donné au riz importé, les riziculteurs de la région de Bongouanou-Tiassalé ont entrepris de faire de la riziculture un moyen de dégager un revenu substantiel, dans une région (l'ancienne Boucle du Cacao) où la pauvreté gagne du terrain.
      Rice in the former “Cocoa Belt” of the Ivory Coast
      Since independence in 1960, successive Ivory Coast governments appeared to have made self-sufficiency in rice a key element of the country's food-security policy. This was in fact far from being the case. The State company whose technical performances raised the best hopes of achieving that objective was dissolved the year following its best results, proof that other interests were running counter to the intended self-sufficiency. From 1990, after the World Bank and the International Monetary Fund had insisted on the opening-up of the whole agricultural sector in the Ivory Coast to the free market, the rice-growers were at the same time deprived of any support whereas the countries that supplied the Ivory Coast ran dynamic campaigns to create a favourable environment for expanding their exports. In spite of this advantage given to imported rice, the rice-farmers of the Bongouanou-Tiassalé region have undertaken to make rice-growing a means of generating substantial revenue, in a region (the former Cocoa Belt) of spreading poverty.
  • Point de vue sur...

  • Notes de lecture

    accès libre