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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro Vol. 60, no 6, 2010
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Une Europe néo-madisonienne ? Pouvoir limité et légitimité démocratique - Bickerton Christopher J. p. 1077-1090 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Une question centrale pour la théorie politique est de savoir comment réconcilier l'idéal démocratique – selon lequel le pouvoir est détenu par le peuple – avec la réalité d'un pouvoir restreint et limité. Cette question est apparue dans le débat autour du « déficit démocratique » de l'Union européenne. Selon le discours néo-madisonien, où la « gouvernance multi-niveaux » de l'UE est présentée comme version moderne du système de séparation et diffusion de pouvoir élaboré par Madison dans le Fédéraliste, l'UE apparait comme une solution aux problèmes du majoritarisme à l'échelle nationale. Cet article développe une critique de ce discours en proposant une lecture « républicaine » du système politique madisonien qui souligne le lien entre institutions et normes et entre limitations juridiques et souveraineté populaire.
      A central question of political theory has long been how to reconcile the democratic ideal – where the people rule – with the reality of political power that is restrained and limited in various ways. This question has recently been raised in the debate on the European Union's “democratic deficit”. A neo-Madisonian discourse has emerged that identifies in the EU's multi-level governance a contemporary version of Madison's separation of powers and checks and balances. This article develops a critique of this discourse by revisiting Madison's writings and highlighting his republican vision of democratic legitimacy whereby institutional limitations to power are legitimized through their relationship with the principle of popular sovereignty.
    • Constructions savantes et légitimation des politiques européennes. La circulation des savoirs sur la vigne et le vin - Roger Antoine p. 1091-1113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En France, des corporations savantes ont acquis un monopole sur l'étude de la vigne et du vin, en promouvant un contrôle national des techniques de vinification. En 1998, le gouvernement les mobilise pour faire barrage aux prétentions de la Commission européenne sur ce terrain. Des réseaux scientifiques internationaux se constituent dans le même temps, en appui sur de nouvelles formes d'expertise. Des chercheurs français s'y insèrent et en tirent des arguments pour contester la hiérarchie académique établie. Ils invoquent l'apparition d'un « nouveau consommateur » dont les attentes imposeraient un assouplissement des pratiques œnologiques. Pour obtenir un transfert de compétence en sa faveur, la Commission s'empare de ces analyses. L'exemple de la politique vitivinicole permet ainsi d'étudier le rôle des chercheurs dans la légitimation des réformes européennes.
      En France, scientific networks have managed to get a monopoly on vine and wine know-how by pushing for nationalized control over authorized wine-making techniques. In 1998, the French government made the most of their assessments to counter the European Commission's efforts to encroach on that sector. Meanwhile, international scientific networks based on new kinds of expertise were formed at about the same time. Some French scientists got involved and, in those networks, found arguments to challenge the established academic hierarchy. They emphasized the rise of the “new consumer”, whose tastes would bring about a change in existing oenological practices. In order to gain control over policymaking in this sector, the Commission appropriated their findings. This concatenation of knowledge transfers shows how scientists are involved in legitimizing European policies.
    • Que représentent les stakeholders ? Le cas de l'élaboration d'ISO 26000 - Ruwet Coline p. 1115-1135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Que représentent les stakeholders dans le cadre de la mise en place de processus multi-stakeholder destinés au développement d'instruments normatifs en matière de e RSE ? Nous basons notre réponse sur des travaux de philosophie politique consacrés au concept de représentation. Notre thèse est que le concept de stakeholder est ambigu car ce qui est représenté par les différentes catégories d'acteurs peut être soit une perspective, soit un intérêt. Or, la conception de la représentation privilégiée devrait orienter la méthode de sélection et le découpage en catégories. Le processus multi-stakeholder mis en place dans le cadre de l'élaboration d'ISO 26000, future norme destinée à fournir aux organisations des lignes directrices en matière de responsabilité sociétale, est analysé empiriquement au regard de notre cadre théorique.
      What do stakeholders represent in the multi-stakeholder processes aimed at developing CSR standards ? To answer that question we use writings in political philosophy on the concept of representation. Our thesis is that the concept of a stakeholder is ambiguous because what stakeholder categories represent can be either a perspective or an interest. The preferred conception of representation should inform the method used to select and categorize stakeholders. Based on this theoretical framework, the foregoing article undertakes an empirical analysis of the multi-stakeholder process set up to draft ISO 26000, a new international standard to guide organizations in matters of social responsibility.
    • L'engagement 2.0. Les nouveaux liens militants au sein de l'e-parti socialiste - Barboni Thierry, Treille Éric p. 1137-1157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le développement d'Internet a déplacé les frontières de la participation politique. Désormais, les militants peuvent s'engager dans un parti sans nécessairement y adhérer. Cet article s'attache aux différentes étapes qui ont rendu possible la concrétisation de cet engagement 2.0. Faire du PS un e-parti impliquait de permettre en son sein l'expression de nouvelles formes de militantisme de ses membres mais également de concilier « réel » et « virtuel », c'est-à-dire d'adapter l'organisation socialiste en conséquence. Loin d'être univoque, cette lente conversion a, au contraire, été menée en fonction des stratégies et règles du jeu internes. Il apparaît alors que la numérisation de l'engagement partisan est en réalité étroitement liée à la présidentialisation de l'organisation socialiste.
      The rise of the Internet has shifted the boundaries of political participation. Nowadays, activists can get involved in a party without joining it. This article retraces the stages that led to the socalled “Engagement 2.0”. Transforming the Socialist party into an e-party involved admitting new forms of political activism and reconciling the real and online worlds, i.e. adjusting the Socialist organization to the digitized world we live in. This gradual conversion, which has been anything but unidirectional, has been carried out in keeping with internal rules and strategies. In fact, the digitization of partisan commitment appears to be closely related to the presidentialization of the Socialist organization as a whole.
  • Controverse

    • L'idée d'une science sociale et sa relation à la science politique - Dupret Baudouin, Ferrié Jean-Noël p. 1159-1172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À partir de la publication de la traduction française d'un ouvrage de Peter Winch, l'article revient sur la tendance de la science politique et, plus largement, des sciences sociales à adopter le point de vue naturaliste selon lequel les phénomènes dont elles traitent existeraient indépendamment du point de vue des membres de la société engagés dans leur production. En ce sens, les positions opposées de Bruno Latour et de Pierre Favre, publiées dans les numéros 58 (4) et (5) de la RFSP, s'avèrent semblables : elles postulent que l'on peut déterminer ce qui est et n'est pas politique de manière externe à des pratiques précises.
      Based on the French translation of a book by Peter Winch, this article reassesses the tendency in political science – and, more broadly, in the social sciences – to adopt the naturalistic view that the phenomena those sciences explore exist independently of the viewpoints of members of society involved in their production. In this sense, the contrasting positions taken by Bruno Latour and Pierre Favre, published in issues 58 (4) and (5) of the RFSP, turn out to be similar : both posit that what is and is not political can be determined without reference to specific practices.
  • Chronique bibliographique

  • Revue des revues