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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 13, 3, 1982 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- L'organisation du travail agricole collectif et le contrôle social de l'activité économique en U.R.S.S. - Alain Pouliquen p. 5-48 A l'époque de la collectivisation agricole en U.R.S.S. c'est la persistance des faits (socio-économiques) qui a très vite imposé une organisation du travail collectif à base de brigades territoriales de polyculture et (ou) d'élevage, après une première tentative d'organisation centralisée. Mais l'histoire ultérieure a modifié profondément les données du problème, avec l'affectation des machines aux brigades, puis la généralisation du salariat de type industriel dans l'agriculture socialisée, et enfin un essor spectaculaire de la mécanisation agricole complexe (années 70). Tout ceci a encouragé une nouvelle tentative d'organisation centralisée et très parcellisée du travail, cette fois sur un mode « industriel » sensu-stricto. Pourtant, cette fois encore, les spécificités de l'agriculture ont imposé en général un compromis avec cette logique « industrialiste » radicale, sous la forme rationalisée du « collectif noyau » ; c'est-à-dire la brigade ou zveno « de mécanisateurs » qui remplace progressivement l'ancienne brigade « de motoculture » très diversifiée et encore majoritaire. La logique d'intéressement et de responsabilisation économiques de ces nouveaux collectifs, encore minoritaires, tend même à être poussée jusqu'à la forme extrême du collectif « sans normes », autogérant vraiment l'organisation et la rémunération de son travail. Mais le succès économique de ce mouvement tend à être gêné par un certain nombre d'obstacles « systémiques » globaux. C'est là une des raisons pour lesquelles on tentera, dans la deuxième partie, d'expliquer les restructurations à l'œuvre, et leur résultats, au regard des impératifs et des divers mécanismes, propres au système soviétique, du contrôle social de l'acitivité économique, et de leurs lois de combinaison : les dysfonctionnements et limites inévitables de 1' « économie de commande » (planification centrale et directe de toute l'activité), niveau des sous-unités de base du système, appellent une combinaison de mécanismes correcteurs qui sont principalement les suivants : 1. Une radicalisation du schéma de 1' « économie de commande », s'appuyant sur une simplification maximale de l'appareil de production, par concentration et spécialisation des sous unités. C'est là, bien plus que dans des considérations « neutres » d'optimisation technique et micro-économique, que réside l'explication principale des formes spectaculaires qu'a prise parfois « l'industrialisation agraire », surtout en production végétale. Mais ces formes se heurtent à certaines spécificités socio-techniques encore fortes de l'agriculture. 2. Un recours partiel, et en fait tout à fait annexe, à la stimulation et à la déconcentration économiques des sous unités. Mais on se heurte vite ici à certaines contradictions avec la logique dominante de l'économie de commande et celle, complémentaire, qui suit. 3. Le recours au complément vital qu'est le système, spécifiquement soviétique d'intégration et de « contrôle collectif des personnes » en tant que telles, dont l'axe central est le Parti communiste de l'Union Soviétique. Dans la deuxième partie, on analyse donc les lois de la combinaison, contradictoire et complémentaire à la fois, de ces divers mécanismes correcteurs de contrôle social, et on applique cette analyse au cas de l'organisation du travail agricole, qui est particulièrement révélateur de ces lois.The organization of work in collectivized agriculture and the social control of economic activity in the USSR. During the period of agricultural collectivization in the USSR, afer initial efforts in the direction of centralized organization, the persistence of socio- economic problems very soon dictated an organization of collective work based on territorial brigades for mixed crop cultivation and/or livestock raising. However, subsequent developments radically altered the nature of the problem, with, firstly, the acquisition of machines by the brigades, then the general adoption of industrial-type wage structures in socialized agriculture, and lastly, during the 70's, with a striking increase in the use of advanced agricultural mechanization. This encouraged fresh attempts at a centralized and highly specialized organization of agriculture, this time along strictly « industrial » lines. Yet again the basic problems peculiar to agriculture dictated a compromise with this radical « industrialist » outlook, this time rationalized as the « nuclear collective », i.e. the brigade or szveno of « mechanisers », which would gradually replace the old, and still predominant, mixed mechanized field brigade. The idea of economic participation and shared responsibility behind these new collective units, which are still relatively small in number, has even gone so far as to envisage an extreme form of work unit « without norms », genuinely self-managing in respect of both organization and remuneration of its activities. But the economic success of this movement tends to be inhibited by a number of generalized « systemic » obstacles. This is one reason why an attempt is made, in the second part, to explain the restructurings which are in progress, and their results, in the light of the imperatives and mechanisms, peculiar to the Soviet system, for the social control of economic activity, and the ways in which they interact : the unavoidable dysfunctions and limitations of the « command economy » (central and direct planning of all economic activity) at the level of the sub-units of the system, require a complex of corrective mechanisms, of which the main ones are as follows : 1. Radical reform of the basic design for the « command economy », relying on maximal simplification of the production apparatus by concentration and specialization of sub-units. This, much more than « negative » considerations of technical and micro-economic optimization, is the main reason for the spectacular forms that « agrarian industrialization » has sometimes assumed, particularly in crop production. But these units come up against particular socio-economic problems which are still endemic in agriculture. 2. Partial, and indeed quite peripheral, recourse to economic stimulation and déconcentration of sub-units. But this speedily enters into conflict with the prevailing logic of the command economy and its consequences. 3. Recourse to the essential complementary factor represented by the specifically Soviet practice of integration and « collective control of people » as such, whose central pivot is the Communist Party of the Soviet Union. The second part is thus concerned with analysing the laws governing the combination, both contradictory and complementary, of these different mechanisms of social control, and this analysis is applied to the subject of agricultural activity, which affords a particularly revealing example of the operation of these laws.
- Économie parallèle et inégalités - Gérard Duchêne p. 49-72 Les activités économiques parallèles (production ou échange illicite de biens et services, vol, revente à un prix négocié de biens en pénurie, corruption, etc.) visent toutes individuellement à modifier la hiérarchie des revenus et des statuts résultant du fonctionnement officiel de l'économie. Introduisent-elles en résultat plus de différenciation sociale, ou au contraire réduisent-elles les écarts de revenus ou de privilèges? Cette question pose des problèmes méthodologiques : par définition, il y a un manque d'informations officielles. L'article recense les informations « parallèles » disponibles pour TU.R.S.S., la Hongrie et la Pologne. On y détermine les groupes de population bénéficiant de revenus parallèles et on repère la place qu'ils occupent dans la hiérarchie officielle des rémunérations. Les groupes les plus « favorisés » sont les ouvriers qualifiés du bâtiment et du second œuvre, les agriculteurs, les employés du commerce, les cadres de l'administration, les personnels de santé. Ces groupes se situant à tous les niveaux de la hiérarchie officielle des rémunérations, l'article conclut à l'indétermination de l'effet de l'économie parallèle sur la distribution des revenus.The « second » economy and inequalities. The activities of the "second" economy (illicit production or exchange of goods and services, theft, resale at a negotiated price of goods in short supply, corruption, etc.) are each and all aimed at changing the established income relativities and regulations relating to the official operation of the economy. Can it be said that this results in a greater degree of social differentiation, or on the other hand does it lessen the disparities in income and privilege? The question raises certain methodological problems, since by definition there is a dearth of official information. This article looks at the available data on the second economy for the U.S.S.R., Hungary and Poland, identifying those sectors of the population which enjoy a "second" income, and endeavouring to situate them in their appropriate places on the official wage scale. The most favoured groups are qualified workers in the building and finishing trades, peasants, trade personnal, administrative cadres and health workers. Since these groups figure at all levels of the official wages scale, the article concludes that the effect of the "second" economy on income distribution remains indeterminate.
- Pologne : de la faillite d'une politique économique à la remise en cause du système - Serge Metais p. 73-91 La dépression que connaît la Pologne depuis 1979 est la conséquence des graves déséquilibres engendrés par la politique économique menée au cours des années 1970 par Edward Gierek. Mise en œuvre à la suite des émeutes sanglantes du littoral de la Baltique de décembre 1970 et de la chute de Gomulka, cette politique fut une fuite en avant face aux difficultés. Elle visait à combiner une modernisation accélérée du système productif du pays et un accroissement rapide du niveau de vie de la population ? ce qu'aucune économie socialiste n'a jamais été capable de faire, le haut niveau de l'investissement étant incompatible avec un développement rapide de la production des biens de consommation, du fait de la faible productivité et du gaspillage de forces productives ? . Le recours massif au crédit et à la technologie des Occidentaux est à l'origine de la réussite spectaculaire du « modèle » jusqu'en 1975-1976. Les déséquilibres qui devaient normalement en résulter sur la base du maintien du système de gestion bureaucratique (déséquilibre interne entre des revenus nominaux s'accrois- sant rapidement et une offre de biens et services à des prix stables fortement subventionnés et déséquilibre externe, caractérisé par le déficit du commerce extérieur et l'endettement croissant) ont été amplifiés par une relative libéralisation qui a favorisé l'épanouissement de multiples formes de corruption, de lobbies et de falsification des résultats économiques. La « contrainte extérieure > imposant un recul des importations en provenance de l'Occident à partir de 1977 a grandement contribué à la désorganisation du système productif et à la dépression. Ces dernières ont été accentuées à partir de l'été 1980 par une agitation sociale qui remettait en cause l'Etat totalitaire. C'est seulement à la contestation du système que les militaires polonais ont mis un terme depuis le 13 décembre 1981. L'ampleur des déséquilibres à apurer leur laisse une marge de réussite économique extrêmement étroite dans un contexte de normalisation politique incertaine.Poland : Failure of an economic policy, and the system challenged. The depression through which Poland has been passing since 1979 is the result of serious imbalances caused by the economic policy of Edward Gierek during the 70's. This policy, introduced after the violent uprisings on the Baltic coast in December 1970, and the fall of Gomulka, represented a forward dash to escape the difficulties facing the regime. II was aimed at effecting accelerated modernization of the system of production, together with a rapid rise in the people's living standard ? a thing which no socialist economy has ever been capable of achieving, the high level of investment being incompatible with accelerated growth in the production of consumers' goods, given low productivity and waste of productive resources. Massive recourse to credits and technology from the West was responsible for the success of the "model" until 1975-76. The disequilibria which were bound to arise from continued implementation of the system of bureaucratic management (internal disequilibrium caused by rapid growth in nominal incomes and the supply of goods and services at heavily subsidized fixed prices, and external disequilibrium due to a deficit in foreign trade and growing indebtedness) were aggravated by a certain degree of liberalization which encouraged the growth of multiple forms of corruption, pressure groups, and falsification of economic statistics. The "external constraint" which led, from 1977, to restriction of imports from the West, was largely responsible for the disorganization of production and the depression, these factors being further accentuated, from the summer of 1980 onward, by a social upheaval which challenged the very nature of the totalitarian State. The Polish military, on the 13th December 1981, succeeded only in halting the challenge to the system; but the extent of the imbalances which have yet to be corrected leaves them extremely little room for successful economic manœuvre within a framework of uncertain political normalization.
- Disparités sociales en Pologne - Maria Jarosz p. 93-104 L'auteur se fonde sur des recherches sociologiques poussées pour s'interroger sur les disparités matérielles et sociales que l'on peut constater dans la société polonaise. L'intérêt se porte essentiellement sur les familles vivant dans une gêne relative, les facteurs entraînant cette situation se cumulant tout comme les facteurs positifs s'additionnent à l'autre pôle de l'échelle des revenus. Le problème est de savoir si cette situation est plus ou moins stabilisée ou s'il existe une certaine mobilité sociale en Pologne, à l'époque actuelle. Il semblerait que les écarts de revenus se réduisent mais que les écarts de statut social restent sensiblement les mêmes, les inégalités se propageant d'une génération à l'autre.Social inequalities in Poland. Drawing on a considerable body of sociological research, the author reflects on the material and social disparities evident in Polish society. Interest centres mainly on families living in relative penury, and she argues that the negative factors contributing to this situation are cumulative, as are the positive factors at the opposite end of the income scale. The question is whether this situation is more or less stabilized, or whether there is a degree of social mobiltity in Poland at the present time. It would seem that disparities in income may be lessening, whereas disparities in social status remain markedly the same, with social inequalities perpetuated from generation to generation.
- La commune rurale polonaise entre l'ordre bureaucratique et l'autogestion territoriale - Marie-Claude Maurel p. 105-127 La situation de blocage de l'agriculture polonaise découle de l'échec de la politique de socialisation graduelle de l'agriculture poursuivie par les dirigeants polonais. Champ d'application de cette politique, depuis la réforme administrative de 1973, la commune rurale (gmina) est devenue le lieu d'émergence et de cristallisation du conflit Etat-paysans. Les tensions latentes liées à la gestion bureaucratique du système socio-économique local, aux dysfonctionnements d'un appareil coopératif contrôlé par l'Etat, ont débouché sur une contestation ouverte du mode d'organisation existant. Dès le début de l'été polonais, la paysannerie s'est engagée dans le mouvement social, cherchant dans l'autogestion et l'autonomisation des institutions coopératives les voies d'un renouveau politique et social. Force sociale organisée, sous la forme du syndicat indépendant et autogéré Solidarité, les agriculteurs individuels ont manifesté concrètement leur volonté de participer à la gestion des activités agricoles et para-agricoles. Les actions entreprises à l'initiative de la base se sont développées dans le cadre institutionnel de la commune, à un niveau où les enjeux fondamentaux, le contrôle social des organisations coopératives, la réanimation de la démocratie locale, apparaissent clairement. Cette recherche, fondée sur des enquêtes de terrain, analyse la dynamique du mouvement social dans les campagnes, en tenant compte de la diversité des situations locales en termes de clivages politiques et sociaux.The Polish rural commune beween bureaucratie administration and territorial self-management. The dead-end in which Polish agriculture finds itself is a consequence of the failure of the policy of gradual socialization of agriculture followed by the Polish leadership. At the receiving end of this policy, since the administrative reforms of 1973, the rural commune (gmina) has proved to be the ground on which the conflict between State and peasant has developed and intensified. Latent tensions arising from the bureaucratic management of the local socio- economic system, and the dysfunctions of a co-operative system controlled by the State, have ended in open conflict over the present methods of organizing agriculture. From the outset of the Polish summer, the peasants joined in the popular movement, seeking social and political renewal by incororating self-management and self-determination within the co-operative framework. As an organized social group, modelled on the independent and self-managing Solidarity, individual peasants gave concrete expression to their desire for participation in the management of agricultural and related activities. Local initiatives have developed within the institutional framework of the commune, to a point where the fundamental aspirations of those concerned, that is, social control of co-operative organization, have emerged unequivocally. This study, based on research in the field, examines the dynamics of the social movement in the countryside, while taking account of the diversity of local conditions in terms of political and social alignments.
- Autogestion et croyants - Joseph Fi?era p. 129-141 L'évolution récente confirme que les idées autogestionnaires (cogestion et autogestion) coexistent dans la conscience des travailleurs avec d'autres croyances, notamment religieuses. Des questions essentielles se posent : la religion est-elle un facteur de régression? Est-elle et doit-elle rester neutre dans le processus de socialisation croissante? Peut-elle avoir un effet moteur allant jusqu'à constituer un facteur d'intégration particulier ? L'auteur tente d'y répondre en se fondant sur les travaux qu'il mène depuis de longues années en Yougoslavie et d'autres pays est-européens. Autogestion, cogestion et religion n'ont en définitive, semble-t-il, rien d'incompatible, un lien organique ou en tout cas dialectique les unissant dans la conscience des hommes.Self-management and religious belief. Recent history confirms that ideas of self-management or participation can exist in workers' consciousness alongside other beliefs, particularly religious ones. Fundamental questions arise : is religion a retrogressive factor? Is it, and should it remain, non-committal in the face of growing socialization? Can it act as a motivating force to the extent of becoming a significant integrating factor? The author endeavours to answer these questions on the basis of research undertaken over a number of years in Yugoslavia and other east European countries. It would appear that there is nothing inherently incompatible in ideas of self-management and participation on the one hand, and religious belief on the other, since they are all organically, or at least dialectically, interlinked in the human consciousness.
- L'organisation du travail agricole collectif et le contrôle social de l'activité économique en U.R.S.S. - Alain Pouliquen p. 5-48
Note
- Présentation sommaire des principaux événements survenus au cours de l'année 1981 en République Populaire de Corée - Alain Brillouet p. 143-147 A son habitude, l'auteur recense les divers événements de politique intérieure et extérieure qui ont marqué l'existence de la République Populaire de Corée au cours de l'année passée. Il remarque particièrement que les données statistiques se sont encore raréfiées dans le domaine économique en 1981 (est-ce le signe d'une récession ?) et que l'irrésistible ascension du fils de Kim Il-Sông se poursuit.A digest of the main events of 1981 in the People's Republic of Korea. As usual, the author notes the various events in internal and foreign affairs which have taken place in the People's Republic of Korea in the past year. He draws particular attention to the increasing scarceness of information on economic activity during 1981 (could this be indicative of a recession?) and observes that the irresistible rise of the son of Kim Il-Sông continues.
- Présentation sommaire des principaux événements survenus au cours de l'année 1981 en République Populaire de Corée - Alain Brillouet p. 143-147
Revue des livres
- Jan F. Triska and Charles gati (eds.), Blue Collar Workers in Eastern Europe - Alexander Matejko p. 151-156
- Résumés des articles - p. 157-164