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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro Vol. 14, 4, 1983
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Autogestion et pouvoir en Yougoslavie - Marie-Paule Canapa p. 5-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En quoi l'autogestion modifie-t-elle le pouvoir du parti, de l'État ? Telle est la question abordée dans cet article à propos de la prise de décision et de la légitimité du pouvoir. Quant à la prise de décision, le modèle du socialisme d'autogestion comporte divers éléments qui mettent en cause le monopole du parti communiste en ce domaine, mais le rôle du parti, par ailleurs essentiel dans le modèle même, demeure apparemment grand dans la pratique, s'exerçant sans doute par les liens informels entre le parti et les organismes étatiques, exécutifs, et par la politique des cadres. On peut penser que la principale entrave à la réalisation de l'autogestion est cette structure de pouvoir liée au parti (y compris sécurité politique et armée). La participation des travailleurs dans l'entreprise, celles des citoyens dans les collectivités socio-politiques demeure limitée. En revanche, il y a eu une réelle décentralisation, surtout politique au niveau des républiques et provinces, et aussi des communes, mais elle reflète la structure de pouvoir liée au parti, dont elle assure la présence en tant que tel dans le pays, même si les directions politiques décentralisées peuvent s'appuyer sur les aspirations de la population de leur territoire (nationalisme, localisme). C'est cette décentralisation qui pose un problème pour le pouvoir central dans l'établissement ou l'application de sa politique, les changements radicaux nécessaires en temps de crise étant très difficiles, car lésant trop d'intérêts établis. A propos de la réalisation de l'autogestion, on peut poser deux questions quant aux rapports autogestion/société, dans quelle mesure l'autogestion était adaptée à la société existante et dans quelle mesure le modèle choisi est adéquat, par rapport aux buts poursuivis ? Cependant, si l'autogestion ne se réalise pas vraiment, l'autogestion, ses corollaires et ses institutions elles-mêmes, ont un rôle dans les rapports pouvoir/société, contribuant souvent à la légitimité du pouvoir ; une grande place revient aussi à la « libéralisation » qui a accompagné la mise en place du système d'autogestion (liens avec le monde extérieur, mode de vie « occidentalisé », liberté artistique, etc.) Aujourd'hui la Yougoslavie traverse une crise grave, dans le domaine économique et aussi dans le domaine des nationalités ; à propos de l'économie, l'autogestion généralisée a pu être mise en œuvre, mais l'origine des difficultés est plus, semble-t-il dans les aspects négatifs de la décentralisation, dans la structure du pouvoir ; par ailleurs la politique de stabilisation économique risque d'atteindre le consensus dans le parti communiste et avec la population. L'évolution du système politique ou au moins de son fonctionnement, réclamée, paraît cependant difficile, lésant les intérêts des groupes informels de pouvoir, des entreprises, de la population même, et touchant finalement le rôle de la Ligue des communistes.
      Self-management and authority in Yugoslavia In what way does self-management affect the authority of the Party and the State ? This is the question examined in this article in relation to decision-making and the legitimacy of power. In the context of decision-making, the model for a self-managing socialist society contains various elements which call into question the communist Party's monopoly in this respect, however the role of the Party, in any case an essential element in the model itself, in practice apparently continues to be significant, no doubt showing in informal links between party and state executive institutions, and in personnel selection. It could be that the main obstacle to the implementation of self-management lies in the connection between the power-structure and the Party (including political and military security). Worker's participation in the enterprise, citizens' participation in socio-political councils, continue to be limited. On the other hand, there has been a genuine measure of decentralization, mainly in the political context, to republican and provincial level and also to the level of the commune but it reflects a power structure linked to the Party, thus ensuring the continued presence of the Party, as such, in the country, even if decentralized political administrations find support in the aspirations of the local population (nationalism, local patriotism). It is this aspect of decentralization which creates problems for the central authority in the introduction or implementation of its policy, since the radical changes necessary in a crisis prove difficult to impose, insofar as they impinge on too many vested interests. On the implementation of self-management, two questions arise concerning the relationship between society and the idea of self-management : how far is self-management suited to society in its present form, and how far is the chosen model adequate for the purpose envisaged ? However, even if self-management is proving to have little real impact, it has nevertheless, through its related activities and institutions a part to play in the relationship between authority and society, often contributing to the legitimacy of constituted authority ; there is also great importance attached to the « liberalization » which accompanied the introduction of the system of self-management (links with the outside world, westernized life-style, artistic freedom, etc.). To-day, Yugoslavia is experiencing a serious crisis, both in its economy and in the context of nationalities. In the economic domain, self-management is a widespread operation, but it would seem that the difficulties originate in the negative aspects of decentralization and in the structure of authority ; in any case, the policy of economic stabilization may be breaching the consensus in the communist Party and with the people. The changes demanded in the political system, or at least in its operation, seem however to be difficult to achieve, impinging on the interests of informal power groupings, enterprises, the population and in the end threatening the role of the Party itself.
    • Analyse des discours sur la discipline de travail en U.R.S.S - Myriam Desert p. 31-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article expose comment les supports médiatiques (à la fois quotidiens et presse spécialisée) rendent compte du « non-travail » en U.R.S.S. Sont étudiés tour à tour la répartition et le ton des voix dénonçant le phénomène ; les différentes lectures qui en sont données (non-dit, analyses exutoires, etc.) ; les stratégies qui sont proposées pour y remédier. Deux arrières-plans à l'étude : examiner l'image que se donne d'elle-même la société soviétique, la façon dont elle rend raison de ses déraisons ; faire apparaître quel chemin, quel discours emprunte la mise au pas de la partie « non-zélée » /démobilisée de la classe ouvrière soviétique.
      An analysis of articles on work discipline in the USSR The article looks at the way in which the various media outlets (both the daily papers and the specialist press) approach the question of « work avoidance » in the USSR, and analyses in turn the distribution and the tone of various articles denouncing this particular phenomenon, the different intepretations offered (evasion, « therapeutic » analyses) and suggested tactics for remedying the situation. There are two further perspectives for consideration in the study : the image that Soviet society has of itself and the way in which it rationalizes its follies ; and what ways, what exhortations are used to bring back into line the « uncommitted » or unactivated sections of the Soviet working class.
    • U.R.S.S. et pays du CAEM européen : situation économique et effets de la baisse du cours du pétrole sur les soldes du commerce extérieur - Claude Simon p. 49-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comme les années précédentes, les résultats économiques des pays du CAEM européen ont été défavorables en 1982, la croissance, nettement en deçà des prévisions, s'est, le plus souvent, ralentie, un nouveau recul a eu lieu en Pologne. 11 est douteux que les mesures de rationalisation et de renforcement de la discipline puissent produire des effets majeurs en 1983. Alors que la baisse de 15 % des cours mondiaux du pétrole et par suite du gaz a plutôt eu des effets bénéfiques pour les pays occidentaux ? sous réserve de la hausse du cours du dollar ? la situation est plus complexe au sein du CAEM : l'U.R.S.S. perdra aux exportations en devises fortes plus de 4 milliards de S en année pleine ce qui risque de déséquilibrer ses échanges avec les pays occidentaux, sauf avantage retiré du cours du dollar ou diminution des besoins en produits alimentaires importés. Mais la situation est préoccupante pour les autres pays du CAEM, moins bien dotés en ressources énergétiques : le principal de leurs achats de pétrole et de gaz provient de l'U.R.S.S. à des tarifs de faveur qui, en raison de la formule employée, se retourne maintenant contre eux, contrariant ainsi les efforts déployés pour enrayer le déficit croissant de leurs échanges avec l'U.R.S.S. L'ajournement du printemps à l'automne de la 37e session du CAEM témoigne des difficultés à résoudre ce problème énergétique ? quantités à livrer par 1'U.R.S.S. et prix ? et, plus généralement, celui de la coordination économique.
      The URSS and European Comecon countries : the economic situation and the effect of the drop in oil prices on foreign trade earnings Following the pattern of recent years, economic results in the Comecon countries in 1982 have again been poor ; the rate of growth has fallen noticeably short of forecast and has tended to decelerate, while Poland has experienced a further down-turn. It is doubtful whether the steps taken to encourage economic rationalization and strengthen discipline will have any significant effect in 1983. While the drop of 15 % in the world price of oil and, consequently, gas has on the whole had beneficial effects for the countries of the West ? except perhaps for the effect of the rise in the rate of exchange for the dollar ? the situation within Comecon is more complex : the USSR will lose over 4 billion dollars in a full year on its hard currency exports, which may lead to an imbalance in its trade with the West, subject to any advantage to be gained from changes in the dollar exchange rate or from a possible reduction in food imports. But for the other Comecon countries, less rich in energy resources, the position is worrying. The bulk of their purchases of oil and gas comes from the USSR at a preferential rate which, because of the way in which it is calculated, is now operating to their disadvantage, thereby nullifying the efforts which have been made to halt the growing deficit in their trade with the USSR. The fact that the 37 th Comecon Congress has been put back from the spring to the autumn is a measure of the difficulties experienced in solving the fuel problem ? what quantities should be delivered by the USSR and at what jjrices ? and also the more general problem of overall economic coordination.
    • Problèmes de comparaison internationale des niveaux de vie - Henri Dunajewski p. 63-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur se pose comme objectif l'étude des conditions nécessaires et suffisantes qui doivent être réunies afin que les niveaux de vie de deux pays quelconques puissent s'inscrire sur la même échelle de comparaison. Le point de départ est donné par un modèle simplifié de l'univers U, composé de deux environnements EA et EB, et des deux pays PA e EA et PB e EB. Sont inclus dans les environnements respectifs : les climat et conditions naturelles, l'héritage spirituel de la nation, les droits de l'Homme, la protection de la santé et l'éducation. Les qualités des environnements déterminent les niveaux de vie- au même titre que d'autres biens et services. Ils forment conjointement des ensembles que l'auteur classe en trois catégories : originaux, banals et mixtes. Sur le plan de la comparaison, seuls les ensembles dits « banals » sont, sous réserve de structures internes identiques, parfaitement comparables et permettent une hiérarchisation univoque des niveaux de vie respectifs en fonction du facteur quantitatif. On démontre dans l'article que la plupart des comparaisons internationales des niveaux de vie entre pays à environnements et qualités très différents des biens et services n'obéissent pas à la condition ci-dessus. L'auteur formule à cette occasion deux types de « Paradoxes d'auto-estimation » auxquels parviennent involontairement les études comparatives (Gilbert et Kravis, p. ex.), basées alternativement sur les prix pratiqués en Pa et en PB. Le premier paradoxe exprime une situation où le niveau de vie en Pa est supérieur à celui-ci en Pb si l'on mesure les deux niveaux aux prix A, par exemple, mais simultanément inférieur à celui en PB si l'on mesure les deux niveaux aux prix B. Le second Paradoxe reflète un cas, où les systèmes des prix A et B donnent deux résultats différents quant au degré dt supériorité du niveau de vie en Pa par rapport à Pb.
      Problems of international comparison of living standards The author's aim is to arrive at a proper combination of the necessary factors which will make it possible to compare the standards of living of any two countries on an equal basis. He starts with a simplified model of the universe U, made up of the two environments Ea and Eb, and two countries Pa e EA and PB e Eb. Included under each of the environments are climate and natural conditions, the national spiritual inheritance, human rights, health and education. The quality of the respective environments, as with other goods and services, contributes to relative living standards. Together they make up a totality which the author places in three categories : specific, common and mixed. For purposes of comparison, only the « common » ones, so long as they have a similar internal structure, are perfectly comparable and permit an unambiguous quantitative comparison of the countries' relative living standards. The article points out that most of the international comparisons of living standards between countries with very different environments and quality of goods and services do not fulfil the above conditions. As an illustration, the author describes two kinds of « Paradoxes arising from non-comparabilities » which are the unintended consequences of certain types of comparative study (e. g. Gilbert et Kravis) based alternatively on the prices in Pa and Pb. The first paradox expresses a situation where the standards are measured in terms of A prices, for example, but where comparing the two standards at B prices gives the opposite result. The second paradox is illustrative of an instance where the systems of A and B prices give two different results as to the degree of superiority of standard PA over PB.
    • La théorie soviétique du droit international au cours des années soixante-dix - Kazimierz Grzybowski p. 83-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Vers la fin des années soixante, les dirigeants soviétiques avaient compris que pour assurer le développement de l'économie soviétique, il fallait établir des relations économiques et culturelles plus étroites avec l'Occident industrialisé. L'un des aspects , de cette politique a été de réorienter la science soviétique du droit international et d'adopter un point de vue moins critique des recherches effectuées dans les pays occidentaux. Un tournant s'est produit lors de la réunion annuelle de l'Association soviétique de droit public, y a villipendé l'attitude de ses collègues vis-à-vis des recherches occidentales en droit international. Depuis cette date, les publicistes soviétiques ont adopté les méthodes de recherche, les techniques scientifiques et la conception des traités de droit international en vigueur en Occident. Le professeur Tunkin lui- même, a réaffirmé dans ses textes l'unicité du droit international (soviétique et occidental), le fait que la progression du droit international est également due aux spécialistes occidentaux même si, depuis la Révolution d'octobre, la science soviétique, armée des théories de Marx et de Lénine, est plus apte à percevoir l'évolution réelle du droit international. Les spécialistes soviétiques se sont mis à considérer avec bienveillance leurs collègues occidentaux tout en leur adressant les mêmes critiques de fond. Plus important encore : on admet dorénavant l'idée qu'il n'existe qu'un droit international général, liant les mondes capitaliste et socialiste, encore que ce dernier soit plus respectueux des droits des autres pays tels qu'ils sont garantis par le droit international.
      Soviet theory of international law for the seventies Towards the end of the sixties, Soviet leaders became convinced that in order to move forward with the development of Soviet economy, it is necessary to establish closer economic and cultural relations with the industrialized West. One of the facets of this policy was the reorientation of Soviet science of international law, and a less critical view of what was being done scientifically in Western cultures. A turning point took place during the annual meeting of the Soviet Association of International Law, in 1972 at which Professor Tunkin, the leading Soviet publicist criticized the uncritical attitude of his colleagues towards Western science of international law. Since the time, Soviet publicists have adopted the methods of research, techniques of scientific inquiry, and the organization of treaties of international law in the West. Professor Tunkin himself in his studies reaffirmed that there is only one science of international law (Soviet and Western included), that the development of international law is also the achievement of Western scholars, and that only since the October revolution SovieL science armed with the theories of Marx and Lenin are able to perceive more correctly the real development of international law. Soviet scholars began to write with approval about their colleagues in the West, although basic criticism has remained in place. What is even more important, the accepted view now is that there is one general international law binding the capitalist and socialist world, with this reservation however that socialist countries are more respectful of the rights of other countries guaranteed by international law.
    • Le gouvernement et sa position dans le système politique de la république populaire de Pologne (1970-1980) - Marian Rybicki p. 97-118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article est à la fois une synthèse des résultats des recherches effectuées ces dix dernières années à l'Institut de l'État et du Droit de l'Académie Polonaise des Sciences et une analyse historique de la position du gouvernement et des organes supérieurs du pouvoir depuis la première constitution de la République populaire de Pologne. Il est nécessaire, pour comprendre l'évolution de ces derniers, de tenir compte du rôle dirigeant du parti, qui exerce également son contrôle politique sur tous les organes étatiques et sociaux de l'État socialiste. L'auteur examine successivement : ? comment le parti exerce ce rôle de direction et de contrôle ; ? quels sont la position et le rôle du Conseil des Ministres et des ministres eux-mêmes ; ? quelles sont les compétences des organes du Conseil des Ministres (insuffisamment précisées par la Constitution) ; ? comment a évolué le rôle du président du Conseil des Ministres ; ? quel est le rôle du Parquet, et quel doit être son niveau d'indépendance par rapport au gouvernement. Il évoque pour terminer les décisions du Congrès extraordinaire du Parti Ouvrier Unifié Polonais en 1981 et les modifications effectuées en 1980 dans le Règlement de la Diète qui ont eu leur importance dans le domaine considéré.
      The government and its role in the political system of the People's Republic of Poland (1970-1980) This article brings together the results of research done over the past ten years at the Institute of State and Law of the Polish Academy of Sciences, and at the same time gives a historical analysis of the role of the government and the supreme organs of power since the first constitution of the Republic of Poland. In order to understand how the organs of power have evolved, one must bear in mind the leading role of the Party, which exercises political control over all governmental and social institutions of the socialist State. The author studies, in turn, ? the way in which the Party fulfils its directorial and supervisory functions, ? the position and the part played by the Council of Ministers and the ministers themselves, ? the responsabilises of the organs of the Council of Ministers, ? how the role of the Chairman of the Council of Ministers has developed, ? the role of the investigating magistrate and its degree of indépendance opposite the government. In conclusion, he examines the decisions taken by the Extraordinary Congress of the United Polish Workers' Party in 1981, and the changes made in 1980 in the procedures of the Polish Diet which were of some importance in the present context.
  • Note

    • Vers la fin de la troisième émigration soviétique ? - Caroline Regnaut-Labord p. 119-124 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A travers l'étude de la vie culturelle des dissidents soviétiques en France, l'auteur relève les nombreux indices montrant que nous assistons actuellement, depuis 1980, à un changement quantitatif et qualitatif de l'expression des émigrés qui pourrait être le signe d'une extinction progressive de l'afflux en France de cette émigration.
      Is the « third wave » of Soviet emigration coming to an end ? A study of the cultural life of Soviet dissidents in France suggests to the author that since 1980 there have been various quantitative and qualitative changes in emigre views, which indicate that the present influx of emigres may be gradually coming to an end.
  • Revue des livres

  • Résumés des articles - p. 147-154 accès libre
  • Sommaire général pour l'année 1983 - p. 155-157 accès libre