Contenu du sommaire : Variations & hommages

Revue Autrepart Mir@bel
Numéro no 34, 2005
Titre du numéro Variations & hommages
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Variations & hommages

    • Homoxi : ruée vers l'or chez les Indiens Yanomami du haut rio Mucajai (Brésil) - Bruce Albert, François-Michel Le Tourneau p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Société amérindienne de chasseurs-cueilleurs et horticulteurs pratiquant la culture itinérante sur brûlis, les Yanomami occupent un territoire d'environ 192 000 km2 situé entre le Brésil et le Venezuela, de part et d'autre de la chaîne de la Serra Parima. Des années 1910 aux années 1960 les Yanomami du Brésil n'ont connu que des contacts sporadiques avec le monde « blanc ». Ils connaîtront pour la première fois, entre 1973 et 1976, une forme de contact plus intense, durant la construction d'un tronçon de la route Perimetral Norte dans le sud-est de leur territoire. Après une décennie de répit relatif, le projet Calha Norte (1985-1986) et, surtout, la ruée vers l'or du Roraima (1987-1989), intensifieront brutalement l'avancée de la société régionale sur le territoire de ces Indiens, déclenchant de très vives réactions de protestation tant au Brésil que dans le monde et aboutissant, en 1992, à l'homologation de leurs terres sous forme d'une aire protégée de 96 650 km2, la Terra Indígena Yanomami. Dans les années suivantes, une structure d'assistance sanitaire, d'abord précaire puis de plus en plus efficace, a rendu possible une reprise de l'essor démographique de cette ethnie. Malgré ces succès, dans les régions où l'impact des activités minières clandestines a été le plus intense, les groupes locaux yanomami ont connu, depuis la fin des années 1980, des changements sociaux et économiques importants. Durement affectés sur le plan démographique et environnemental, ils ont opéré une série de réaménagements de leur mode traditionnel d'occupation de l'espace forestier en fonction de la présence des chercheurs d'or puis de la structure d'assistance installée durant le processus de leur expulsion. Cet article propose l'analyse d'un exemple de cette géométrie variable des stratégies spatiales yanomami face au contact, ceci à partir d'une étude détaillée de la région du haut rio Mucajaí dite « Homoxi ». À cette fin, nous décrivons dans un premier temps le contexte économique et géopolitique régional, en particulier la ruée vers l'or dans l'état de Roraima à la fin des années 1980, peu documentée dans la littérature scientifique. Changeant d'échelle, nous étudions ensuite l'histoire de trois communautés de la région de Homoxi (Tirei, Xere u et Yaritha, totalisant, à l'époque de l'enquête de terrain, quelque 360 personnes) et le processus de transformation de leur modèle spatial et productif, d'abord face l'invasion des orpailleurs, puis, après l'éviction de ces derniers, face à la structure d'assistance locale mise en place (FNS, FUNAI). Nous mettons ainsi en évidence la flexibilité du système social yanomami et sa capacité à générer des adaptations rapides aux situations les plus adverses.
      Homoxi: gold rush in Yanomami Indian territory of the Upper Rio Mucajaí (Brazil)The Yanomami people constitute an Amerindian society of hunter-gatherers and horticulturalists who practise shifting slash-and-burn cultivation. They occupy a territory of about 192 000 km2 situated between Brazil and Venezuela, on either side of the Serra Parima mountain chain. From about 1910 to the 1960s the Yanomami of Brazil had only sporadic contact with the “white” world. Their first more frequent contact came in the period from 1973 to 1976, during the construction of a section of the Perimetral Norte highway in the south-east part of their territory. After a decade of relative respite, the Calha Norte project (1985-1986) and then, especially, the Roraima gold rush (1987-1989), quite abruptly intensified the advance of Brazilian regional society onto these Indians' territory, triggering strong protests in Brazil, and also in the world beyond. These reactions led to the official recognition of their land, in 1992, in the form of a protected area of 96 650 km2, the Terra Indígena Yanomami. The following years saw the setting-up of a health care system, rudimentary and unsteady at first but which progressively became more efficient. This made a resumption of this ethnic group's population growth possible. In spite of these successes, in the regions where the impact of illicit mining was most intense, since the end of the 1980s the local Yanomani groups have experienced profound social and economic changes. Hard hit from both the demographic and environmental points of view, they put into practice a series of modifications of their traditional use of the forest as an adaptation to the presence of gold diggers, then in response to the assistance scheme set in place during the process of the latter's expulsion. This article examines an example of this variable geometry of Yanomami spatial strategies devised in response to contact, from a detailed study of the “Homoxi” region of the Upper Rio Mucajaí. Thus the Authors first describe the economic and geopolitical context of the region, in particular the gold rush in the state of Roraima at the end of the 1980s, which scientific literature has scarcely documented. They then focused down on a more local scale, looking at the history of three communities of the Homoxi region (Tirei, Xere u and Yaritha, whose populations at the time of the field survey totalled just 360 people) and the process involved in the changes to their spatial and productive model, first in the face of the invasion of gold panners, then, after the latter had been evicted, in response to the local assistance scheme that was set up (FNS, FUNAI). The Authors thus bring out the flexiblity of the Yanomami social system and its ability to adapt quickly to the most adverse situations.
    • Avoir 30 ans et être encore célibataire : une catégorie émergente en Algérie - Zahia Ouadah-Bedidi p. 29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans la société algérienne, le mariage est traditionnellement considéré comme une étape incontournable de la vie d'un individu. Il y a seulement une trentaine d'années, les femmes se mariaient en moyenne à 18 ans et les hommes à 23 ans. Aujourd'hui, le mariage précoce reste exceptionnel et le mariage très tardif devient presque la norme. En 2002, les femmes et les hommes se marient en moyenne après 30 ans ; une femme sur trois et un homme sur deux sont encore célibataires à 30-34 ans. C'est un phénomène qui touche aussi bien les grandes villes que les campagnes sur l'ensemble du territoire. Cette montée spectaculaire du célibat est associée d'une part à des facteurs de modernisation, comme l'instruction, et à des facteurs de crise et de pauvreté comme le chômage et la pénurie de logement, et d'autre part, à l'évolution des mentalités et à la perception même du mariage et de la place des individus et de la femme dans le couple, la famille et la société.
      30 years old and still single: an emerging category in Algeria
      In Algerian society, marriage traditionally is considered a virtually obligatory stage of any individual's life. Only 30 or so years ago, women married at 18 years of age on average. Men did so when they were 23. Now, marriage at a young age is exceptional and it is almost becoming the norm to marry later. In 2002, women and men married on average after 30 years of age. One out of three women and one in two men were still single at 30-34 years of age. This situation is true not only in the large urban areas but also in rural areas right across the country. This spectacular rise in the single life is associated with factors of modernization such as education, the effects of economic crisis and poverty, unemployment and scarcity of housing. It is also linked to changes in attitudes and the perception of marriage itself and the place of the individual and of the woman in the couple, the family and society.
    • Le foncier : un enjeu pour techniciens, aussi. L'illustration de la décennie 1990 en Algérie - Taoufik Souami p. 51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les questions foncières en Algérie sont souvent abordées par les profanes et les spécialistes sous le prisme des jeux de pouvoirs et de l'instrumentalisation par les instances politiques nationales et locales. Ces dernières sont alors accusées de dilapider les terres agricoles et utiles au bénéfice d'intérêts de groupe ou de choix doctrinaux. L'observation de l'épisode des années 1990 modère cette vision. Elle souligne le poids de l'action de professionnels inscrits dans l'application de procédures et de décisions. Ainsi, au-delà des jeux de pouvoir et des orientations politiques, la mécanique technique et bureaucratique joue également un rôle prépondérant dans l'orientation des actions concernant le foncier et dans sa structuration comme domaine d'intervention.
      Land: also an issue for the professionals. Examples from the 1990s in Algeria
      Laymen and specialists alike often approach land-ownership questions in Algeria from the angle of the different forces at play and a notion that such questions are instrumentalized by national and local political powers. The latter are thus accused of misappropriating agricultural and other useful land for the benefit of particular interest groups or to satisfy doctrinaire decisions. Examination of what happened in this area in the 1990s prompts an adjustment of this viewpoint, however. What emerges is the influential weight of the professionals involved in application of procedures and decisions. Thus, beyond power struggles and political orientations, professional and bureaucratic mechanisms involved also play a prime role in deciding the course of actions of land policy and the way it is organized and implemented as a field of intervention.
    • Individus et collectifs dans l'appropriation des ressources : le cas d'une communauté andine péruvienne - Claire Aubron p. 65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un contexte de communauté paysanne où les rapports fonciers sont des combinaisons complexes de droits individuels et collectifs, les modalités d'appropriation des ressources et leurs évolutions conditionnent la durabilité des systèmes de production. Cet article se propose de les analyser dans le cas de Sinto, communauté andine péruvienne issue d'une coopérative formée par la réforme agraire et aujourd'hui sur la voie de l'intensification laitière. Pour cela, nous traçons l'évolution historique de l'appropriation des ressources, puis utilisons la matrice des maîtrises foncières conçue par E. Le Roy, qui distingue plusieurs niveaux de contrôle des ressources (droits fonciers) et de collectifs s'appropriant les ressources. Ces analyses permettent de repérer les adaptations en cours concernant l'appropriation des ressources ainsi que les situations de crise.
      The part played by individuals and collective organization in the appropriation of resources: the case of an Andean community in PeruIn a context of a rural farming community where relationships linked to land questions represent a complex mix of individual and collective rights, the ways in which resources are appropriated, along with changes in these resources, profoundly influence the sustainability of production systems. This article examines these interactions in the case of Sinto, an Andean community in Peru that results from a cooperative formed by agrarian reform and is now intensifying its dairy production systems. The Authors outline the historical development of the appropriation of resources, then use the land-ownerships control grid devised by E. Le Roy, which can distinguish several levels of control over resources (land rights regulations) and of collective authorities taking such resources under their control. These analyses help to pick out the adaptations taking place concerning the appropriation of resources. They can also spot crisis situations.
    • Hommage à Gérard Althabe
    • Hommage à Edmond Bernus
  • Notes de lecture

    accès libre