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Revue | Autrement - collection Mutations |
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Numéro | no 163, avril 1996 |
Sélection d'articles
- Le tout négociable - Jeudy H.P. p. 20-30 Toute violence d'un conflit est destinée à disparaître devant l'évidence du compromis. Quand la mode est au consensus, la volonté de négocier passe pour une vertu éthique. Principe de gestion de l'arbitraire, la négociation crée, l'illusion de partage des pouvoirs et devient l'emblême de la démocratie.
- Vers une politique du pire - Gibert C. p. 31-44 La gestion des risques majeurs est confrontée à des situations extrêmes qui rendent complexes les décisions à prendre. Le retour à la responsabilité peut provoquer une perte d'efficacité. Envisager le pire, le désastre total, faire état d'une urgence absolue, permet d'exonérer toute responsabilité et de faire l'économie de négociations.
- L'autorité en droit - Baranès W.,Frison-Roche M.A. p. 45-59 Entre l'expression de la force et la prise en considération du faible, le droit fait l'objet de négociations. La souveraineté de la loi étant remise en cause par le corps social, le législateur et le juge deviennent des experts dont la fonction de médiation est de trouver des solutions négociées.
- Le trompe-l'oeil de l'entreprise - Vacquin H. p. 60-65 Dans l'entreprise, dans la gestion des rapports sociaux, la négociation était une affaire de poker menteur. Elle est devenue une fin en soi pratiquée comme un rituel simulacre.
- Négocier avec sa conscience, négocier avec Dieu - p. 103-135 -L'art de discuter avec Dieu dans la tradition juive. -La conscience à l'oeuvre. -Le purgatoire comme "espace négocié".
- Le médiateur à l'oeuvre - Pisani E. p. 138-148 Edgard Pisani raconte son expérience de médiateur en dévoilant le jeu subtil et complexe de la construction d'un accord. Le dépassement des contradictions, finalité essentielle d'une négociation, se fonde sur un respect de l'arbitrage, sur la reconnaissance partagée par les protagonistes de la même règle du jeu.
- L'Union Européenne - Thibaud P. p. 149-167 L'Europe est-elle une transition vers l'internationalité qui s'impose comme un devoir fondamental? D'où cette quête infernale de compromis "équilibrés" qui évacue toute réflexion sur le contenu de la décision. Au lieu de produire une volonté commune, la négociation proliférante se nourrit de l'adhésion des administrations.
- Le complexe de Bruxelles - Abélès M. p. 168-182 L'Union Européenne se fonde sur le partage de la souveraineté. Toute négociation devient alors un jeu complexe de marchandage. Et l'objet des tensions revient le plus souvent à une opposition entre l'intérêt communautaire et le principe de subsidiarité.
- Le maintien de l'ordre international - Badie B. p. 183-195 L'art moderne de la négociation est défini: par les Etats occidentaux qui imposent ainsi leur propre conception du droit. Face à un tel monopole des grandes puissances, la décentralisation s'avère de plus en plus nécessaire pour le respect de la souveraineté de chaque Etat. Comment cette conquête de l'autonomie est-elle possible?
- L'appel au don - Novaes S. p. 208-216 Le corps humain en "pièces détachées"... Toute transplantation implique trois personnes: celui qui reçoit, celui qui donne et le médiateur médical. Le don d'organes est anonyme, mais le donneur est-il satisfait de cette absence de négociation? Si un droit de préemption sur le corps humain se met en place, le pouvoir du médiateur médical ne risque-t-il pas d'être encore plus absolu?
- Un ordre initiatique au Japon - Ogino M. p. 217-224 Les Japonais sont-ils tellement soumis à l'ordre de leur société? Répondant à une stratégie de séduction, la négociation est un acte initiatique dans lequel la définition des intérêts dépend avant tout des grammaires qui expliquent les subtilités d'un art de simuler.
- L'écran de la négociation - Gauthier A. p. 225-234 Sur l'économie de la télévision, la fluidité consensuelle fait disparaître la violence des conflits au profit d'une exhibition du tout-négociable. Seul le silence ne se négocie pas.