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L'évolution du pouvoir d'achat a, bien entendu, pati de la période de crise traversée par l'économie française. On s'aperçoit néanmoins que de 1970 à 1982, notre pays a resisté très correctement dans ce domaine et n'a pas eu à souffrir de la comparaison avec les autres nations industrialisées. Ce résultat mérite cependant d'etre nuancé selon les catégories socio-professionnelles. Il a d'autre part été obtenu grace à la progression soutenue des revenus sociaux ce qui pose la question des couts induits d'une telle politique.

L'évolution du pouvoir d'achat présente de nombreuses difficultés méthodologiques. Celles-ci touchent à la fois aux bases retenues pour les calculs, soit en termes de revenus, soit en termes de période considérée

Une mesure scrupuleuse du pouvoir d'achat suppose une bonne connaissance des revenus. La France se caractérise par l'opacité régnant en la matière. L'extension du salariat a fait progresser les choses mais il reste une multiplicité de situations particulières, légales ou non, maintenant d'importantes zones d'ombre.

L'indexation des salaires sur les prix est profondément ancrée dans la vie économique et sociale de notre pays. Elle constitue un mécanisme de garantie automatique du maintien du pouvoir d'achat. Mais, s'appuyant souvent sur des comportements anticipateurs, elle comporte aussi des effets pervers, générateurs en eux-meme d'inflation. Malgré de nombreuses mises en garde, les clauses d'indexation se sont généralisées au point qu'il est permis de s'interroger sur les chances d'une remise en cause profonde dans ce domaine.

La question du pouvoir d'achat ne se pose qu'en référence à l'évolution des prix. Il est donc légitime que la lutte contre l'inflation constitue un axe prioritaire de la politique gouvernementale. Depuis 1981, cette stratégie est passée par différentes phases plus ou moins dirigistes. Meme si les objectifs sont plus lents que prévu à se concrétiser, les résultats récents démontrent l'efficacité de la politique suivie.

La mesure de l'évolution des prix constitue un élément capital du débat sur le niveau de vie. L'indice INSEE est le fruit d'une réflexion statistique approfondie, périodiquement affinée. Malgré ces précautions, l'indice officiel fait l'objet de nombreuses critiques dont il est bon de connaitre le contenu pour en apprécier la validité et les limites.

L'analyse du pouvoir d'achat des ménages, pour etre complète, doit etre reliée à une bonne connaissance de l'évolution des consommations. On s'aperçoit alors que si, pour l'essentiel, la structure des budgets familiaux n'évolue que lentement, les glissements constatés sont révélateurs de phénomènes sociaux ou culturels, mais également des mutations économiques, et dans nombre de cas, des élasticités-prix.

Les ménages ne consomment pas uniquement des biens marchands. Les consommations collectives sont une composante importante du mode de vie et, partant, du niveau de vie. Or ces consommations sont aujourd'hui victimes de l'Etat-Providence. Il est donc intéressant de faire le point sur ce débat et d'examiner les issues possibles aux difficultés actuelles.

La défense du pouvoir d'achat est l'affaire des gouvernants et d'un certain nombre d'organisations "institutionnelles". La stratégie des groupes de pression est claire: protéger au maximum leurs mandants en exigeant des clauses d'indexation ou en s'efforcant de limiter la concurrence dans leur secteur.

Le lien entre la valeur de la monnaie et le pouvoir d'achat des ménages est souvent mal compris. En l'espèce, il s'agit de savoir si la dévaluation peut etre un mode de relance efficace pour une économie en difficulté. L'expérience prouve que les conséquences bénéfiques d'une dévaluation s'avèrent limités. Il faut donc chercher aillaurs les moyens d'un rééquilibrage de l'économie et d'une amélioration du pouvoir d'achat.