Articles indexés

Calcutta du sang et des arts, Calcutta artiste et rebelle. Récit de la ville entre la révolte swadeshi, qui marque l'entrée dans le siècle, et le mouvement naxalite, écrasé dans le sang en 1971: Calcutta des manifestants et des groupes terroristes, des grévistes et des militants, des femmes et des poètes.

Déchue de son statut de capitale en 1911, Calcutta participe naturellement au mouvement nationaliste naissant. L'héritage terroriste nourrit un mouvement ouvrier qui arrive pendant quelques temps à dépasser les divisions entre castes, langues et communautés.

Maire de Calcutta à trente-deux ans, Bose rompt avec Gandhi en 1939 pour appeler à la lutte armée. Reçu par Hitler, soutenu par le Japon, ce libérateur national en puissance disparait mystérieusement dans un accident d'avion en 1945.

Les dernières années de l'Empire sont aussi celles de la dernière grande famine. La priorité accordée à l'effort de guerre et une politique de laisser-faire feront ensemble quelque trois millions de victimes.

Churchill écarté du pouvoir en 1945, l'Empire britannique entame la marche forcée vers l'indépendance de l'Inde... et du Pakistan. Insatisfaite des atermoiements du Congrès, la ligue musulmane décide de faire du 16 août 1946 une "journée d'action directe", qui finira dans un massacre.

Derrière l'arbre Tagore, Calcutta a connu toute une forêt de créateurs. Les dures années 40 laissent des traces profondes dans le champ des arts, préparant une ouverture qui ira jusqu'à accueillir la violence des révolutionnaires naxalistes.

Cela commencera en 1967, avec un soulèvement paysan dans un village du nord du Bengale. Cela finira à Calcutta en 1971, dans les larmes et dans le sang. Entre-temps, contre le communisme institutionnel, certains auront pu croire un moment que le pouvoir était vraiment au bout du fusil...