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A l'aube d'un nouveau siècle, nous assistons dans le monde à la crise de l'Etat-nation et de la politique, ainsi qu'à la multiplication des firmes géantes dont le chiffre d'affaire est parfois supérieur au PIB de certains pays d'Europe, limitant de plus en plus le contre-pouvoir traditionnels que sont les partis, la presse libre et les syndicats.

Si les bombardements américano-britanniques de l'Irak ont manifesté le mépris de Washington pour les Nations unies, ils ont confirmé l'impasse de la stratégie des sanctions: ces dernières n'ont abouti qu'à renforcer la dictature du président S. Hussein et à détruire lentement tout un peuple et une société.

Après la crise financière de 1998, les gouvernements ne proposent que de timides réformes au lieu de s'attaquer à la racine du mal: la totale liberté d'aller et venir dont bénéficie le capital privé transnational.

La guerre commerciale, qui semble être le seul programme politique des dirigeants de droite comme de gauche va peu à peu étendre à toute la planète les ravages sociaux que subissent déjà l'Asie orientale, la Russie, l'Amérique latine, sauf à parvenir à réguler les échanges commerciaux et à les subordonner à des clauses sociales et écologiques.

Depuis le 1er janvier 1999, l'euro a cours légal dans onze des quinze pays de l'Union européenne. Mais les politiques devront encore prendre à bras-le-corps les problèmes qu'ils ont délibérément ignorés jusqu'ici, et d'abord en renégociant le pacte de stabilité qui verrouille toute sortie d'une gestion ultralibérale de la monnaie unique.

Les quinze ont entrepris de créer un "cordon sanitaire" autour de leurs frontières communes, en transformant les pays d'Europe centrale et orientale et la Turquie en Etats tampons chargés de retenir les réfugiés et de traiter leurs demandes, révélant le paradoxe du discours néolibéral favorisant la libre circulation des bien et des capitaux mais interdisant celle des personnes.

En Belgique, l'évolution du statut juridique des étrangers et des pratiques administratives en cette manière est alarmante, la loi allant dans un sens de plus en plus restrictif, notamment en ce qui concerne la demande d'asile, et de plus en plus carcéral pour ce qui est des centres de rétention.

Le contentieux gréco-macédonien illustre l'esprit "bizantin" de la culture politique des Balkans. Il n'y a pas deux Etats balkaniques dont les intérêts soient plus proches que ces deux pays, et pourtant leurs relations ont constitué un problème diplomatique majeure de l'après-guerre froide.

Les accrochages entre forces serbes et guérilléros albanais se multiplient et les Alliés -qui ont obtenu le retrait de la majeure partie des troupes yougoslaves- n'ont pas réussi à amorcer la négociation d'un statut de large autonomie pour la province. L'UCK, de son côté, rêve d'une "grande Albanie", dont la constitution amputerait la Serbie, mais aussi la Macédoine.

L'Afrique centrale et orientale subit les conséquences du génocide rwandais et des soubresauts politiques affectant l'ex-Zaïre. Les dirigeants politiques sauront-ils donner corps à la renaissance africaine ou s'agira-t-il d'une autre mystification comme le fut souvent la décolonisation?

On ne sait rien ou presque sur les mouvements qui affectent la société du Congo-Kinshasa, car ce ne sont pas des rébellions, mais bel et bien une insurrection, qui se sont produites à l'Est comme à l'ouest du pays. Et les observateurs occidentaux ont sans doute tort de ne pas croire que la démocratie puisse aussi se construire en Afrique, et que les Africains s'en chargent.

Si l'on prend en compte les objectifs stratégiques du régime de Saddam Hussein et sa conception des rapports internationaux, il se pourrait que les bombardements anglo américains aient mieux servi les objectifs à long terme de Bagdad que ceux de Washington.

Plus de huit ans après leur adoption, et alors que se renforce le pouvoir du président S. Hussein, les sanctions continuent de détruire lentement la société irakienne.

En décidant de bombarder l'Irak, le président Clinton ne s'est soucié ni de consulter le Congrès ni de solliciter l'avis des citoyens de son pays, où chacun semble se résigner à ce que la politique étrangère demeure le domaine réservé du chef du pouvoir exécutif et de lui seul.

Au-delà de ses répercussions sur l'économie internationale, une dévaluation due à la crise financière ne ferait qu'ajouter, en Chine, à l'explosive situation sociale et déboucherait sur une déflagration politique.

Epargnée par la crise financière mondiale de 1998, l'économie chinoise donne pourtant des signes d'essoufflement, la politique de croissance tirée par les exportations atteignant ses limites, et le pays n'a pas d'autre choix que de tenter de stimuler une demande intérieure qui ne cesse cependant de baisser.

Si certains continuent de prôner en Chine un strict contrôle des naissances, d'autres misent sur le développement économique et la baisse naturelle de la fécondité. Et si l'objectif officiel reste de ne pas dépasser 1,6 milliard d'habitants du milieu du XXIe siècle, la politique de l'enfant unique semble déjà faire partie du passé.

L'arrestation et le rejet de l'immunité du général Pinochet ont le mérite de faire exploser une impunité promulguée en 1978 par le dictateur lui-même et pudiquement recouverte du manteau d'une réconciliation nationale qu'il faudrait appeler de son vrai nom: "la loi des vainqueurs".

En dehors d'associations de familles de prisonniers et de quelques organisations d'extrême gauche ou du parti communiste, rares sont les voix qui s'élèvent au Chili pour contester le sort de la centaine de guerilleros -hommes ou femmes- qui ont contesté, les armes à la main, l'amnistie accordée aux tortionnaires du régime Pinochet.

On distingue dans l'histoire des législations relatives aux mineurs au Chili deux étapes articulées autour de l'année charnière qu'a été l'année 1990, où est entrée en vigueur la Convention des droits de l'enfant. Avant l'arsenal juridique faisant la part belle aux conceptions répressives. Depuis, l'ancien droit cohabite avec la Convention, intégrée dans la législation nationale.

De nombreuses incertitudes demeurent sur l'issue de l'élection présidentielle d'avril prochain, notamment du fait que peu de candidats se sont encore déclarés. Mais quel que soit son nom, le vainqueur devra affronter les séquelles de la "sale guerre" qui déchire le pays depuis 1992, et notamment le drame des "disparus".

R. Murdoch s'apprête à racheter le club de football le plus rentable du monde. Mais c'est à l'Etat d'accepter ou non cette opération financière: un chaîne de télévision peut-elle devenir l'unique propriétaire d'un club dont elle exploitera les matches?

L'alliance nouée par R. Murdoch avec TF1 accélère la recomposition industrielle (et idéologique) autour de priorités de plus en plus mercantiles des médias. Et avec l'achat de Manchester United -aux seuls fins que le club rapporte un profit maximum- il vient de réaliser l'une de ses plus grosses affaires.

Il faudrait s'interroger sur la tentation d'ordonner la société autour de l'information et de la transparence, à l'heure où a été proposée la création d'un grand fichier policier informatisé. Est-elle due seulement à la tendance "liberticide" de tout pouvoir, ou prend-elle aussi sa source dans l'inclination à préférer l'idéal de médiation au difficile affrontement entre sujets?

Face à l'Etat ou aux marchés, c'est dans la volonté de vivre ensemble, au sein d'associations et dans la société elle-même, que l'homme prend toute sa dimension -même si les regroupements de citoyens en marge des structures institutionnelles posent des problèmes à tous les pouvoirs et que la tentation est grande de les interdire ou de les instrumentaliser.

La question de la parité homme/femme dans les instances politiques comme dans -l'activité sociale est désormais au centre des débats- et l'on se doit de reconnaître l'apport de Simone de Beauvoir dans cette longue marche vers l'égalité.

Les guerres contemporaines résultent non plus de l'unification d'Etats, mais de leur démantèlement; non pas de la volonté de construire de grands empires, mais de la balkanisation du monde. Le secesssionnisme est la menace le plus sérieuse contre la paix.