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Le phénomène central de cette fin de siècle est que tous les Etats sont entraînés dans la dynamique de la mondialisation, où des groupes industriels financiers privés entendent dominer le monde, aggravant partout les inégalités par la marchandisation des choses, des corps et des esprits.

Les Etats-Unis entendent définir seuls les normes de la vie internationale. Mais en marginalisant l'ONU et en instrumentalisant l'OTAN pour intervenir en Yougoslavie, ils ont clairement violé le droit international qu'ils prétendent pourtant défendre au nom d'une supposée "supériorité" morale qui serait la leur.

De tous les détenteurs avoués de l'arme nucléaire, le Pakistan est le plus politiquement instable, le plus économiquement fragile, le plus sujet à des tensions internes, le plus suspect d'aventurisme régional, sans parler de la menace d'une révolution islamiste en cas d'échec du nouveau pouvoir militaire.

Malgré la ferme opposition de Moscou, et malgré les réticences européennes, les Etats-Unis sont déterminés à mettre sur pied un programme de missiles antimissiles relançant la course aux armements et menaçant l'ensemble des traités de non-prolifération signés depuis plusieurs décennies.

La France a mis en cause l'attitude des Etats-Unis durant les bombardements contre la Serbie, les accusants d'être sortis du cadre strict de l'OTAN. Mais des interrogations demeurent sur les raisons de l'implication de la France dans ce conflit.

L'après Eltsine a commencé en Russie. Malgré un bilan économique et social catastrophique de l'équipe au pouvoir, le dauphin du président sortant, V. Poutine, désigné par Eltsine lui-même, est soutenu par les puissances occidentales, politiquement et financièrement, même si les Etats-Unis travaillent dans le même temps à empêcher toute renaissance d'une puissance russe sur le plan géopolitique.

A la veille des élections législatives, aucun groupement électoral ne s'adresse explicitement au monde du travail; sinon pour dénoncer le caractère trop protecteur du code du travail, alors que la Russie se retrouve à l'avant-garde du combat libéral pour la flexibilité et la libre marchandisation, et que la situation sociale et celle de l'emploi y sont catastrophiques.

Le caractère négatif du bilan de huit années d'"aide" occidentale à la Russie ne fait plus aucun doute, pas plus que l'échec de la politique de soutien sans nuances aux côtés des libéraux entourant B. Eltsine, contribuant à créer un chaos dont se sont emparés les membres de la famille du président et quelques uns de ses "amis" politiques.

L'Union démocratique du centre (UDC) est le grand vainqueur des élections nationales d'octobre dernier. Cette victoire retardera sans doute l'intégration de la Suisse dans l'Union Européenne et pèsera sur les relations déjà difficiles entre les régions romandes et alémaniques, même si les dirigeants actuels décident de ne pas changer pour l'instant la composition du gouvernement.

Le référendum organisé par l'ONU au Sahara Occidental est une nouvelle fois repoussé. Le compromis que recherche Rabat -une large autonomie du Sahara- suppose l'accord du Front Polisario, donc une réconciliation algéro-marocaine, presque impossible tant que ces deux pays refusent que la politique étrangère soit débattue publiquement et démocratiquement.

Les accords signés à Lomé (Togo) entre les autorités de Sierra Leone et la rébellion du Front révolutionnaire uni assurent l'impunité pour les atrocité commises pendant la guerre civile. Mais la plus grande incertitude pèse sur la mise en oeuvre de ces accords de paix, financée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, et soutenue par l'Inde ainsi que d'autres pays africains.

L'Afrique est en proie à une montée de xénophobie qui, si elle est moins due à une manipulation aux fins politiques qu'en Europe, peut prendre des formes aussi extrêmes que dans les pays du Nord.

Depuis les années 70, la frontière nord du Mexique a vu se développer les métropoles urbaines, où sont exploitées des masses d'immigrés de l'intérieur qui n'auront, en fin de compte qu'une solution: passer la frontière. Mais les Etats-Unis mettent en oeuvre d'importants moyens pour enrayer cette migration, qui a fait plus de 400 morts depuis 1995.

Des centaines de milliers de Mexicains pauvres délaissent leur Etat d'origine pour migrer vers la frontière nord du pays. Espérant y trouver du travail, ils se retrouvent pris dans une nasse et n'ont d'autre solution que de chercher n'importe quel travail aux Etats-Unis, dans la clandestinité.

S'ils permettent l'expression d'un sentiment protestataire, les courants indépendantistes ne vont pas jusqu'à réclamer un changement radical de statut, les populations attendant plutôt de nouveaux moyens pour le développement éonomique.

Bien que, dans la théorie bien-pensante, l'accumulation du capital soit présentée comme de l'épargne et de l'investissement, elle provient en fait de l'endettement. La dette mondiale croit trois fois plus vite que le PIB mondial: un gigantestque volcan risquant d'entrer à tout moment en irruption.

Le discours économique des médias, en nous demandant de saluer les "décideurs" de la modernité, semble vouloir nous décourager d'agir par nous-mêmes et conforte le désenchantement à l'égard de l'action politique.

Le protocole de Kyoto, signé en 1997 et ratifié cette année par une soixantaine de pays -sauf les Etats-Unis- engage les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais des initiatives personnelles et une meilleure éducation, dès l'école maternelle, permettraient également de lutter contre la pollution.

Derrière la façade d'une énergie propre se cachent de gros marchés. La fabrication de ses énergies nécessite des développements technologiques considérables et coûteux. Si bien que, sans gros contrats à la clé, la dépollution aura du mal à se concrétiser.

Les armes dites "non létales", destinées soi-disant à paralyser l'adversaire plutôt qu'à le détruire, élargissent en fait la palette des techniques de répression. Et si les démocraties laissent leur fabrication d'armes développer cet attirail, il sera exporté vers des pays où l'on hésite moins à brutaliser les populations.

Puritanisme, peur et ordinateur: le mélange peut conduire à une surveillance permanente. Aux Etats-Unis, où les délinquants sexuels sont ainsi fichés et exhibés sur les cédéroms dans des lieux publics, le durcissement du contrôle social ne fait pas l'objet du moindre débat.

Le débat sur le partage du pouvoir politique suppose, outre un débat sur une éventuelle contrainte quant à la place des femmes sur les listes une réflexion sur un vrai statut de l'élu et sur les mesures spéciales pour alléger les charges familiales ainsi que l'accès de toutes les femmes -pas seulement celles qui sont privilégiées- aux responsabilités.

Le Téléthon et sa réussite poussent à réfléchir sur l'effet du petit écran: cette émission affiche en effet de façon ostensible l'objectif qu'elle recherche, c'est-à-dire sensibiliser les téléspectateurs pour les impliquer dans le soutien financier à la recherche sur des maladies génétiques.

A la culture qui, livre au coeur, irriguait la société, succède la communication fragmentée, où toute parole est autorisée, mais également dédaignée.

Après la chute des idéologies politiques et du cléricalisme, toute volonté politique de placer l'homme comme régulateur de l'économie est à priori suspectée d'être vouée à l'échec. Mais la modernité libérale ne voit-elle pas elle même resurgir les conflits tribaux et une sorte d'alliance objective entre fondamentalismes et stratégies des multinationales, au détriment une nouvelle fois de l'espace laïc garantissant l'éveil spirituel et l'engagement de chacun dans la fraternité universelle?