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Au moment où éclate la seconde guerre mondiale, en Albanie, les survivances féodales sont encore très prononcées: il n'y a pas de classe ouvrière mais des petits et moyens propriétaires terriens. Si l'on s'en tient à la doctrine marxiste, rien ne justifiait l'instauration d'un régime communiste. Pour l'historien, il s'agit d'un phénomène paradoxal.

Société traditionnelle dont la population était à 70% musulmane, où les coutumes étaient régies par le code du Kanun qui réglementait la vie clanique, l'Albanie communiste s'est réapproprié des traits culturels et psychologiques de l'ordre ancien pour imposer l'ordre nouveau.

Extraits du code coutumier albanais, présentés et commentés.

Le 29 novembre 1944, dans Tirana libérée de l'occupant allemand, Enver Hoxha prononce un discours. Le dictateur, déjà, perce sous le libérateur. L'admiration

Il suffisait de ne pas mettre son bulletin de vote dans l'urne réservée à Enver pour connaître le camp. Mais s'opposer à la rupture avec l'URSS, être marié à la fille d'un ministre tombé en disgrâce ou encore s'écarter des règles de l'art en vigueur méritait le même châtiment. Histoires ordinaires et tragiques de différentes victimes de la répression paranoïaque.

Entre 1945 et 1990, l'Albanie a fait montre d'une étonnante résistance aux lames de fond. Le stalinisme n'y sera délogé que vers 1990-1991. Qui était Kadaré, égaré dans cet étrange biotope ? Un produit dérivé de Havel ou Pasternak ? Un ambassadeur de la culture albanaise à l'étranger qui restera toujours suspect aux yeux du minstère de l'intérieur.

A deux reprises et successivement, Edmond Tupja choisit pour épouse la fille d'un ministre que le tyran répudia ultérieurement. Pour sauver sa famille et lui-même du châtiment collectif, il divorce. Il lui en reste un goût amer et une formidable envie de rire lorsqu'il voit des couples amis se séparer pour ce qui lui apparaît comme des vétilles...

A Tirana, la Cité interdite s'appelait le "Bloc". Ses habitants étaient d'une espèce particulière. On les appelaient les "Dirigeants". C'est là que grandit Bashkim Shehu dont le père, ancien des Brigades internationales de la guerre d'Espagne et fidèle compagnon d'Enver devenu ministre de l'Intérieur, se suicida (?) en 1981.