Contenu du sommaire : La ville destabilisée ? Faits et représentations

Revue Revue Européenne des Migrations Internationales Mir@bel
Numéro Vol. 14, no 1, 1998
Titre du numéro La ville destabilisée ? Faits et représentations
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les relations interculturelles dans la ville : entre fictions et mutations - Véronique De Rudder, Sophie Body-Gendrot p. 7-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En France, comme aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne, selon une rhétorique déjà ancienne, l'amalgame entre « quartiers en crise » et « pathologies sociales » s'exprime dans des discours stéréotypés qui renforcent la stigmatisation conjointe des espaces de relégation résidentielle et de leurs habitants. Les effets de la crise économique et de la globalisation produisent cependant des effets contradictoires sur la formation des identités, entre la fragmentation et la labilité de leur expression quotidienne dans les interactions locales et le renforcement des identifications plus générales, nationales voire civilisationnelles. Tandis que se polarisent frontières et clivages sociaux, les populations défavorisées des quartiers en déréliction sont engagées dans des enjeux de classement social qui s'expriment sous forme de conflits interculturels. Les politiques publiques concernant ces secteurs urbains varient en fonction des traditions nationales et des orientations gouvernementales, et l'engagement de l'Etat, en particulier y est assez différent. Elles ont cependant en commun, dans les trois pays considérés, d'utiliser des outils mineurs parfois inadéquats et souvent contradictoires pour traiter de situations de dégradation économiques et sociales majeures tout en n'offrant guère de solution permettant une véritable revalorisation du statut de ces territoires ni une véritable intégration sociale et politique des populations considérées.
    In France, as in the United States or in the United Kingdom, according to an already worn out rhetoric, the conflation of « neighbourhoods in crisis » and of social pathologies is expressed in stereotyped discourses reinforcing the joint stigmatisation of segregated residential spaces and of their residents. The impact of economic restructuring and of globalization produces however contradictory outputs on the formation of identities, such as the fragmentation and the fluidity of their daily expression in local interactions and the hardening of more general, national, even civilisational identifications. As boundaries and social cleavages crystallize, the disadvantaged populations from bleak areas are involved into stakes around social hierarchies revealed throughout interethnic and racial conflicts. Public policies related to these urban spaces vary according to national traditions and administrative choices and the intervention of the state, in particular, may be rather different. They converge in the three concerned countries, however, in the use of minor, sometimes inadequate, and often contradictory tools to treat major cases of economic and social collapse, while hardly offering any solution allowing a genuine revamping of the status of such spaces nor a real socio-political integration of their residents.
  • L'immigration à la croisée des chemins sécuritaires - Didier Bigo p. 25-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'immigration est de plus en plus perçue comme une question, un problème de sécurité, tant par les hommes politiques que par les policiers, les gendarmes, les douaniers ou les forces armées, et ceci aussi bien en France ou en Allemagne qu'en Italie ou qu'aux Etats-Unis. Cet article s'interroge sur les raisons de ces convergences en décrivant les rationalités et les pratiques des univers policiers et militaires. Il insiste aussi dès l'introduction sur la responsabilité des universitaires dans ces processus de sécurisation de l'immigration et sur la nécessaire réflexivité de l'analyse en matière de sécurité.
    Immigration is more and more perceived as an issue, a security problem by political leaders as well as by policemen, gendarmes, custom-officers and the army and this happens as much in France, Germany, Italy as in the US. This article questions the reasons of these convergences, describing the logics and the practices of police and army universes. It also insists from the start on the responsibility of academies on such processes of immigration securisation and on the necessary reflexivity of the analysis in matters of security.
  • La sécurité dans les villes d'Amérique Latine : sociétés (non) civiles sous la loi démocratiquePaulo - Paulo Sérgio Pinheiro p. 47-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les gouvernements démocratiques ont été incapables en Amérique latine de mettre en place ou de proposer des réformes pour des institutions judiciaires ou celles chargées de l'ordre public. La criminalité violente et la délinquance en général ont augmenté dans les sociétés latino-américaines dans les années 1980 et 1990. Les crimes contre la vie et l'intégrité physique de la personne - les homicides, les attaques à main armée, les viols - ont augmenté de façon très sensible. Il y a une forte corrélation entre les espaces où vivent les pauvres, la violence, et la mort violente. Les quartiers de Sao Paulo dans lesquels les indicateurs sociaux ont les niveaux les plus bas sont précisément ceux qui ont les taux les plus élevés d'homicides. L'état de droit dont nous discutons ici ne doit pas être réduit à la seule application de la loi pénale, car justement l'une des principales caractéristiques de cette loi, c'est son caractère discriminatoire. Malgré tous les obstacles discutés et analysés ici, et en tenant compte de l'incapacité des institutions de l'État de mettre en oeuvre l'état de droit, il est important de constater que le gouvernement civil et la démocratie formelle - pour parler comme Agnès Heller - ont ouvert de nouvelles perspectives pour les processus de consolidation démocratique qui maintenant prennent en compte l'appropriation des droits pour ceux qui n'en disposent pas.
    Democratic governance has been unable in this continent to implement or to propose reforms for those institutions, as the judiciary, the public prosecutors office and the police. Violent crime and delinquency have increased in Latin American societies, particularly in the 1980's and the 1990's. Crimes against life and physical integrity - homicide, assault, rape - have risen sharply. There is a strong correlation between the places where the poor live and violence, and violent death. Those districts of the city of Sao Paulo with the worst social indicators are precisely those with the highest numbers for homicides. The rule of law which is discussed here must not be equated with the enforcement of criminal law, precisely because one of the cardinal features of the criminal law is its discriminatory character. Despite ail the obstacles which we discussed and analysed here and the failure of present State institutions to enforce the rule of law, it is important to acknowledge that civilian rule and « formal democracy »- to use Agnes Heller expression with all its limitations in Latin America has opened new perspectives for democratic consolidation processes which now necessarily encompasses the appropriation of rights by the underprivileged.
  • Les contextes de la violence des adolescents à New York - Jeffrey Fagan, Deanna Wilkinson p. 63-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La recherche sur la violence porte en général sur l'identification des caractéristiques et des indicateurs relatifs à la prédisposition à la violence de certains acteurs plutôt que d'autres. Dans cette étude, nous situons la violence dans un cadre où la motivation interagit avec le contexte et produit des événements violents. Notre recherche intègre deux perspectives souvent négligées dans les études sur la violence : d'une part il s'agit d'un comportement fonctionnel, servant à atteindre certains objectifs liés au développement social; d'autre part ses fonctions reflètent une dynamique interpersonnelle située dans des contextes sociaux d'exclusion économique. Les données tirées d'entretiens menés auprès de 125 garçons adolescents dans deux quartiers de New York sont analysées pour identifier les contextes dans lesquels se produit la violence, les gratifications fonctionnelles produites par la motivation de la violence et par le sens des événements violents et les conséquences de ces événements selon que la violence est allée à son terme ou a été évitée. Nous distinguons la violence d'acquisition (vols), le conflit ethnique et la défense du quartier, la violence de rétribution (gestion des griefs, bagarres autour de la drogue ou autres questions économiques), la domination (quête de statut ou de respect, sauver la face), la violence associée aux relations amoureuses et la violence organisationnelle (de coins de rue, de gangs). Les résultats soulèvent d'importantes questions sur la spécialisation par rapport à des formes particulières de violence et à des motivations spécifiques. La violence est-elle ou non un comportement fonctionnel avec des buts et des objectifs spécifiques ?
    Typically, violence research has been concerned with identifying the characteristics and predictors of why certain actors are more disposed to violence than others. In this study, we assess violence within a framework where motivation interacts with context to channel arousal into violent events. This research integrates two perspectives often overlooked in violence studies: (1) violence is a functional behaviour that achieves specific goals related to social development, and (2) the functions of violence reflect interpersonal dynamics in social contexts of economic deprivation. Data from interviews with 125 adolescent males in two New York City neighbourhoods are analysed to identify the contexts where violence occurs, the functional returns from violence that provide motivation and meaning to violence events, and the outcomes of these events in completed and avoided violence. We distinguish among acquisitive violence (robbery), ethnic conflict and neighbourhood defence, retributive violence (settling grievances, drug or other economic disputes), dominance (quests for status or respect," saving face), violence associated with gender relations , and organisational violence (streetcorner or gang violence). The results raise important questions about specialisation in particular forms of violence, motivations for specific forms of violence and whether violence is functional behaviour with specific purposes and goals .
  • Violence et ethnicité dans l'école française - Eric Debarbieux p. 77-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les débats éducatifs en Europe, la violence scolaire a pris une place considérable ces dernières années. En France, la représentation d'une causalité "ethnique" de cette violence est fort prégnante. Après avoir rappelé comment l'ethnicité doit être considérée non comme un état donné, mais comme une construction sociale, cet article tente de décrire le discours de la décadence éducative qui se construit à propos de la violence scolaire, dans un affrontement Barbarie-Civilisation. Il montre comment l'appel en une restauration identitaire est la conséquence d'une crise de sens dans les sociétés libérales démocratiques mais dualisées.
    In the current educational debates in Europe, the issue of school violence receives an enormous attention. In France, the representation of an "ethnic" cause to violence has a strong impact. After reminding how ethnicity must be seen not as a given but as a social construct, this article attempts to describe the discourse related to educational decay and to the clash of Barbarism and Civilization, when the issue of school violence is raised. It shows how the call for the restoration of identity is the consequence of a crisis of meaning in democratic liberal -yet dual- societies.
  • La ségrégation comme processus dans l'école et dans la ville - Catherine Barthon p. 93-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Y-a-t'il dans l'espace scolaire une ségrégation entre enfants d'immigrés et enfants de Français ? Si oui, comment se construit-elle ? Telle est la question que pose cet article, en se fondant sur les résultats d'une recherche qui a porté sur les collèges de l'académie de Versailles. La ségrégation y est étudiée comme processus, processus dont la production renvoie à différents facteurs. Ainsi la concentration des enfants d'immigrés se trouve accentuée par les pratiques de mise à distance sociale et physique dont ils sont l'objet. Ces logiques entraînent une inégalité d'accès aux ressources éducatives, qui prend place dans un espace scolaire hiérarchisé avec ses bonnes et ses moins bonnes places. Dans le contexte d'apparition du "marché scolaire" et de la mise en place progressive de "l'école à plusieurs vitesses", la relégation des enfants d'immigrés en des lieux et places fortement dévalorisés et stigmatisés ne risque-t-elle pas alors de se transformer en exclusion sociale ?
    Are immigrant children segregated from French children in school spaces ? Such is the question set by this research carried in high schools of Versailles (Paris region). Segregation is studied as a process calling for other factors. Thus the concentration of immigrant children is reinforced by the social and physical demarcation targeting them. Such processes generate unequal access to educational opportunities in a hierarchized space with good and bad positions. With emerging "market laws" and the progressive setting of several gear within the schools, may not the marginalization of immigrant children in forcefully devalorized spots and places transform itself into social exclusion?
  • Une école « difficile » : sur la concentration d'élèves d'origine immigrée à Madrid - Adela Franze p. 105-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    A partir de l'augmentation des flux migratoires vers l'Espagne dans les années 90, on constate que certains établissements scolaires des grandes agglomérations accueillent d'année en année une proportion croissante d'élèves d'origine immigrée. Loin de se limiter au sujet "immigration" le phénomène de la concentration -ou "ghettoïsation"- scolaire s'inscrit dans d'autres processus plus larges qui affectent le champs scolaire global. L'analyse d'un tel processus qui a lieu dans un contexte historico-spatial spécifique, exige d'être abordé a partir d'une perspective qui intègre les dimensions structurelle et subjective des pratiques sociales.
    Since the growth of immigration flows to Spain during the 90's, the concentration of an increasing number of students having an immigrant origin at certain schools in the main cities, is becoming a well known fact. Far from being simply an immigration issue, this phenomenon of scholar "ghettoisation" can be inscribed in a wider process that affects the global scholar field. The analysis of such a process taking place in a specific historical-spatial context, requires an approach which should integrate both the structural and subjective dimensions of the social practices leading to it.
  • Dépasser le racisme ? L'expérience contrastée des jeunes Montréalais d'origine haïtienne - Anne Laperrière p. 121-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article porte sur la place du racisme dans la construction des relations sociales et de l'identité de jeunes Haïtiens fréquentant une école cosmopolite de Montréal. L'analyse met au jour les processus par lesquels bon nombre de ces jeunes en viennent peu à peu à circonscrire les effets du racisme par le biais d'alliances avec leurs amis blancs, de même que les résistances d'un nombre significatif de ces jeunes à la séduction d'un cosmopolitisme qu'ils estiment fragile et circonscrit aux limites de l'école. Il ressort de nos analyses que la constance ou le déclin de l'influence du racisme sur l'image de soi, les projets d'insertion et les relations sociales de ces jeunes ne peuvent se comprendre qu'à travers une mise en contexte où sont aussi bien considérés les projets et la position sociale de leur famille que la dynamique des relations sociales qu'ils vivent à l'école, dans le quartier et dans la société élargie. Ces analyses s'inscrivent dans le cadre d'une recherche plus vaste sur la construction sociale des relations interethniques et de l'identité culturelle de jeunes d'origine québécoise-française, italienne, haïtienne et vietnamienne (N = 555) dans deux écoles multiethniques de Montréal. L'article publié ici traite plus spécifiquement de la population haïtienne (N = 25) de l'une de ces écoles, où la majorité québécoise-française (20 % de la population scolaire) est entourée d'une myriade de minorités dont la plus importante ne dépasse pas 5 % de la population scolaire.
    What is the influence of racism in the construction of the social relations and identity of young Haïtians attending a multiethnic school in Montreal ? This article examines the processes through which a majority of these young Haïtians try to control the effects of racism through alliances with their white friends; it also explores the resistance of a significant number to the seduction of the school's cosmopolitanism, which they consider to be fragile and restricted to the limits of the school territory. The analysis shows that the reproduction or the decline of the effects of racism on the respondents'self-image, integration projects or social relations is related to contextual elements such as their family's social position and integration projects and the dynamics of social relations in school, in the neighbourhood and in the society at large. These analyses are part of a larger research on the social construction of interethnic relations and cultural identity among young of French-Quebecker, Italian, Haïtian and Vietnamese origins, within two multiethnic schools of Montreal. This article concerns the Haïtian respondants from one of those schools, where the French-Quebecker majority, surrounded by a myriad of minorities, represents 20 % of the school population, the second most important minority counting for less than 5 % of the school population.
  • La vie de quartier dans le Montréal multiethnique - Annick Germain, Bernadette Blanc p. 141-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article présente les résultats d'une recherche portant sur les types de cohabitation interethnique qui prévalent dans sept quartiers de la région métropolitaine de Montréal. La cohabitation interethnique a été appréhendée principalement à travers la sociabilité dans les espaces publics et la dynamique associative et communautaire. Dans les espaces publics, deux tendances principales ressortent : une cohabitation pacifique mais distante, une triple segmentation des échanges plus soutenus en fonction de l'origine ethnique, du sexe et de l'âge. Les associations ethniques et les groupes communautaires jouent un rôle important dans l'intégration économique et sociale des immigrés. Ils sont les intermédiaires entre le gouvernement et les communautés culturelles. Il semble qu'ils fonctionnent comme un filet de sécurité qui détecte et résout les conflits au fur et à mesure. Cela ne se fait pas sans heurts et si la crise économique et les incertitudes sur le plan politique perdurent on peut se demander s'ils pourront continuer à jouer ce rôle de gardien de la paix sociale.
    This paper presents the results of a study carried out in seven multiethnic neighborhoods of the Montreal's Metropolitan region. We made systematic observations of the sociability of the main public places and analysed the perception and dynamic of local associations. We concluded on a peaceful but distant cohabitation and a triple segmentation of social interactions in these spaces based on ethnie, gender and age. The local ethnic association and grass-root groups play an important role in reception and integration of immigrant in economic and social life. They are more and more an intermediary between government and cultural communities. With a weak economy and the political dispute that upset Quebec's political landscape, we can ask if they will be able to continue to play this role of keeper of social peace.
  • Gouvernement urbain et production de la ségrégation : quelles leçons de la « ville d'apartheid » ? Une comparaison Johannesburg-Los Angeles - Claire Benit p. 159-192 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article s'interroge sur la notion de « ville d'apartheid », forme exacerbée ou forme exceptionnelle de la ségrégation urbaine ? L'organisation volontariste et systématique de la ségrégation urbaine en constitue une première spécificité. Toutefois, à travers une comparaison entre les villes de Johannesburg et de Los Angeles, l'auteur montre que la notion de « ville d'apartheid », telle qu'elle est habituellement comprise et utilisés, n'est souvent que la radicalisation des phénomènes de ségrégation plus classiques ; le zonage résidentiel des groupes par des plans d'urbanisme exclusifs, la disjonction fiscale entre espaces déshérités et espaces favorisés, le mythe des sociétés séparées et des vertus d'une démocratie locale parfois ambiguë, tous ces mécanismes désignés pour dénoncer la « ville d'apartheid » semblent également à l'oeuvre dans une ville comme Los Angeles. La racialisation et l'ethnicisation des ségrégations résidentielles, plus poussées qu'ailleurs, constituent une deuxième spécificité de la « ville d'apartheid ». La démultiplication des différenciations raciales et ethniques des groupes et des espaces fut d'autant plus puissante qu'aux mécanismes de ségrégation institutionnelle souvent s'ajouter des effets d'agrégation des groupes ainsi construits. Ces effets semblent perdurer aujourd'hui alors même que l'on passe progressivement d'une ségrégation ethnique à une ségrégation socio-ethnique, et que les modes de gouvernement urbain mis en place depuis la fin de l'apartheid semblent donner les moyens d'une lutte contre la production institutionnelle des ségrégations urbaines.
    The racialization and ethnicization of urban segregations can be considered a a second specifity. Numerous racial and ethnic differenciations of space were constructed, not only by institutional means, but also by the agregated dynamics of such constructed groups. These agregated dynamics are still active today, even if socio-ethnic segregation tends to replace ethnic segregation, and in spite of powerful post-apartheid forms of local government aimed at at fighting the institutional production of segregation. This paper questions the notion of the « apartheid » : what are its specificities, between the uniqueness of the apartheid system and the worldwide phenomenon of urban segregation ? A first specificity can be seen in the unicity of this explicit, voluntary ans systematic organization of urban segregation. However, through a comparison between Johannseburg and Los Angeles City, the author shows that is pointed through the common use of « apartheid city » is not so specific : the residential zonning through exclusionary urban planning, the fiscal disjunction between wealthy and improvershed spaces, the myth of separate societies as a means to implement an ambiguous local democracy, can also befound in a metropolis like Los Angeles.
  • Immigration et immigrés en Afrique du Sud - Antoine Bouillon p. 193-219 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    De nombreux étrangers, en particulier des Africains, affluent en Afrique du Sud depuis le début de sa transition politique. Pays d'immigration, celle-ci s'était dotée, dès les années trente, d'une législation réservant l'immigration aux seuls blancs. Les noirs étrangers n'étaient, comme les noirs sud-africains eux-mêmes, que tolérés dans l'Afrique du Sud « blanche » pour des séjours temporaires, au titre d'une main d'œuvre sous contrat. L'inversion de 1990, le remplacement de la politique d'encouragement de l'immigration blanche par une politique de restriction, a été confirmée par la suite, et s'est accompagnée d'un renforcement sans précédent de la répression de l'immigration « illégale ». Bien qu'elle donc n'ait jamais été reconnue, l'immigration noire en Afrique du Sud représente néanmoins la composante la plus importante de la population étrangère résidant dans le pays, tous statuts confondus. Après avoir rendu compte de cette situation, l'article s'efforce de dresser « l'inventaire » de cette population étrangère à travers les divers statuts de l'immigration permanente, de l'immigration temporaire, des réfugiés, et de l'immigration dite « illégale ».
    Since the beginning of its political transition, South Africa has witnessed the influx of many immigrants, particularly Africans. A Country of immigration, it had adopted in the thirties a « whites only » immigration policy, while foreign as well as local black people were restricted to a temporary migrant worker status. The reversal of its pro-active (white) immigration policy in 1990 has been supplemented by an unprecedented level of repression of « illegal » immigration. Although they have never been recognised as such, black immigrants are the most numerous component of the South African immigrant population. After giving an account of this situation, this article endeavours to take stock of the immigrants population as a whole, by covering the whole range of permanent, temporary, refugee and « illegal » immigrant status and populations.
  • Les Espagnols dans le cinéma français (1945-1965) - Aline Angoustures p. 221-252 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les Espagnols, comme l'ensemble des étrangers, sont peu représentés dans le cinéma français de cette période. Les rencontres entre Français et Espagnols y sont rares et difficiles, même si les conflits historiques entre peuples y sont esquivés. La présentation des Espagnols montre tout d'abord une nette opposition avec les Français. Les Espagnols sont des guerriers dont la société est en conflit, les Français sont des amoureux dont la société est pacifique. Cette image de l'Espagne et des relations bilatérales est traditionnelle en France et elle reflète l'impact qu'y a eu la guerre civile espagnole. Les relations amoureuses entre Français et Espagnols dans ces films montrent toutefois que l'Espagnol incarne le conflit central de la fiction occidentale entre amour et passion sexuelle. Avant 1958, cela le rapproche de la société française, après cette date cela l'identifie à un ordre moral supposé révolu.
    Spaniards, like all strangers, are rarely presents in the French cinema of that period. Encounters between French and Spaniards are both rare and difficult, even if historical conflicts tend to be avoided. Presentation of Spaniards reveal, at first, a complete opposition with French people. Spaniards are warriors and their society is in conflict while French are lovers and their society is peaceful. That image of Spain and of bilateral relations between the two countries is traditional in France and reflects the impact of Spanish civil war. Love relations between French and Spaniards in those movies show however that Spaniards embody the contradiction between love and sexual passion which is central in occidental fiction. Before 1958 it tends to bring the two societies closer together while, after 1958, it identifies Spaniards with a moral order hoped to be part of the past.
  • Notes d'actualité

  • L'habitat et la ville au regard des relations interethniques - Catherine Barthon, Claire Benit p. 277-280 accès libre
  • Notes de lecture

  • Livres reçus - p. 289-291 accès libre
  • Note aux auteurs - p. 2 accès libre