Contenu du sommaire : Stratégies islamistes
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 76, hiver 2010-2011 |
Titre du numéro | Stratégies islamistes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Introduction - Jean-Paul Chagnollaud p. 9-12
- Entretien avec François Burgat - François Burgat p. 13-21
- Vers un islamo-nationalisme - Luz Gomez Garcia p. 23-36 Au cours du dernier quart du 20ème siècle, l'idéologie islamiste et ses pratiques ont été caractérisées par une progressive trans-territorialisation dont le point culminant furent les attentats du 11 septembre 2001. Néanmoins, dix ans plus tard, il faut analyser le 11 septembre et ses répliques (Madrid, Londres) comme le « chant du cygne » d'une forme d'islamisme globalisé. La vigueur actuelle de l'islamo-nationalisme dans différents contextes régionaux, culturels et politiques montre une inflexion dans la trajectoire ultime de l'islamisme, qui était caractérisé par la perméabilité idéologique et le pragmatisme stratégique. Le Hamas, le Hezbollah et les talibans incarnent le pari islamo-nationaliste sans renoncer à leurs spécificités respectives.
- Laïcité, islam politique et démocratie conservatrice en Turquie - Didier Billion p. 37-49 Le rapport à la laïcité en Turquie est souvent méconnu sinon caricaturé. C'est en particulier le cas de celui qu'entretiennent les kémalistes mais aussi le mouvement actuellement au pouvoir – le parti pour la Justice et le Développement (AKP) – dont la doctrine semble bien éloignée des différents avatars qui l'ont précédé dans la généalogie islamiste. Cet article permet de préciser ces positionnements. Il met également en exergue les termes actuels du débat sur le rapport entre sphères politique et religieuse ; même si ce débat retrouve une certaine acuité, celle-ci n'est pas pour autant annonciatrice d'une remise en question radicale d'un principe fondamental de la Turquie républicaine. Enfin, cet article permet de mieux appréhender la réalité doctrinale de l'AKP aujourd'hui, un exercice qui permet d'évaluer les contours de ses orientations stratégiques.
- Les relations inter-palestiniennes au temps mort - Roger Heacock p. 51-61 Le projet régional israélien est aujourd'hui hégémonique sur le plan politique, les priorités et les inquiétudes des régimes arabes le démontrent. Sur le plan militaire par contre, il est menacé par les revers successifs de la dernière décennie. C'est dans ce contexte qu'ont pris fin, après vingt ans de révolte de 1987 à 2007 sous forme d'initiatives contrastées – recours aux manifestations, aux armes et aux urnes – les initiatives autonomes des Palestiniens. Les politiques antagonistes des autorités de Cisjordanie et de Gaza sont à nouveau assujetties à une polarité mondiale qui les dépasse, et dont la société palestinienne transnationale fait les frais, tout comme elle fait les frais des types de gouvernance aliénantes auxquels elle est soumise.
- 23 ans après sa création... où va le Hamas ? - Raed Eshnaiwer p. 63-70 23 ans après sa création, contrairement à ce qui est souvent dit, la stratégie du Hamas a beaucoup évolué. La preuve en est qu'il a accepté de se présenter à des élections que, jusque-là, il récusait et a sensiblement infléchi sa position sur la question d'un Etat palestinien. Cependant, les contradictions qui le traversent et l'isolement politique qu'il subit devraient le pousser à faire des choix décisifs sans lesquels il ne pourra sortir de l'impasse où il se trouve aujourd'hui.
- La montée en puissance du Hamas depuis la fin des années 1990 - Valentina Napolitano p. 71-88 Depuis la fin des années 90, le camp de réfugiés de Yarmouk a connu d'importantes recompositions politiques. Dans un contexte marqué par le détachement des réfugiés vis-à-vis des factions nationalistes et de gauche, le Hamas est parvenu à gagner un rôle politique et social croissant au sein du camp, notamment suite à l'établissement d'un bureau politique dans la capitale syrienne en 1993. Au cours de ce travail, je propose donc d'analyser le discours et les stratégies de mobilisation adoptées par le Hamas pour gagner le soutien des réfugiés. Cet article cherche à comprendre comment ce mouvement est parvenu à ajuster son action au contexte particulier du camp et du pays d'accueil, et comment il a bouleversé la vie sociale des réfugiés, leurs représentations et leurs modes de participation à la cause nationale.
- Iran - Liban : une relation stratégique ? - Bernard Hourcade p. 89-99 Si l'Iran considère le Proche-Orient comme une dimension très importante de sa politique extérieure, les contradictions au sein de la classe politique et de la société civile peuvent la relativiser au profit d'autres priorités liées à la sécurité du pays et plus largement à sa place dans le monde. En ce sens, le voyage au Liban de Mahmoud Ahmanidejad en octobre 2010 qui fut un incontestable succès populaire est peut-être un chant du cygne. En tout cas, l'issue des relations entre l'Iran et cette région se trouve dans la compétition désormais ouverte pour l'élection présidentielle iranienne de mai 2013.
- Le Hezbollah libanais et la résistance islamique au Liban : des stratégies complémentaires - Aurélie Daher p. 101-111 Lorsque les troupes de Tel-Aviv envahissent le Liban pour la deuxième fois en juin 1982, la mobilisation d'une partie du monde militant chiite contre Israël se traduit par la création d'une nouvelle organisation militaire, la « Résistance islamique au Liban » (RIL). Quelques mois plus tard, celle-ci se dote d'un pendant civil chargé de défendre ses intérêts au sein de la société puis de la classe politique libanaises : le Hezbollah. Une répartition des rôles complémentaire est donc instaurée dès le début : la Résistance se charge de l'action extérieure, à travers le combat contre l'occupation israélienne, remplacé après la Libération de 2000 par une mission de défense du territoire contre les offensives en provenance du sud ; le Hezbollah, sur la scène intérieure, mobilise pour la RIL et désamorce les menaces qui proviendraient de la société – et surtout de l'équipe au pouvoir. Cet article étudie, période après période, comment ces stratégies jumelées font face aux impératifs des différents contextes, tout en restant perpétuellement ancrées dans la logique originelle qui définit les fonctions de chacune des deux formations.
- Entretien avec Abed Al-Halim Fadlallah - Abed Al-Halim Fadlallah p. 113-116 Cet entretien a été réalisé au moment où le Hezbollah était associé à un gouvernement d'union nationale réunissant les deux pôles du 14-Mars (majorité) et du 8-Mars (opposition). Depuis, la situation a changé : la défection de Walid Joumblatt et de certains de ses partisans de la coalition du 14 Mars puis la démission des ministres du 8-Mars (Hezbollah et aounistes notamment) ont eu raison du gouvernement d'alors. Un nouveau Premier ministre sunnite, Najib Mikati, plus tourné vers le compromis politique avec le Hezbollah, a été nommé le 25 janvier 2011. Malgré cette nomination, le Liban est toujours dans l'attente d'un nouveau gouvernement. Cet entretien demeure d'actualité car il dessine les contours de la stratégie interne du Hezbollah dont la présence au pouvoir est peut-être appelée à se renforcer avec l'arrivée de Najib Mikati. En 1992, votre parti a officiellement intégré l'espace politique libanais en acceptant alors la participation aux élections législatives. Depuis 2009, il est entré dans le gouvernement d'union nationale tout étant membre de l'opposition du 8 mars. Dès lors que vous êtes devenu un parti en responsabilité gouvernementale, quelles sont les priorités que vous voulez faire prévaloir sur le plan économique et social ?
- The Muslim Brothers in Jordan: From Alliance to Divergence - Jamal Al Shalabi p. 117-136 La relation des Frères musulmans avec le régime Hachémite en Jordanie, depuis la fondation du groupe en 1946 à Amman, peut être considérée comme un modèle important pour comprendre la nature de l'évolution des relations des mouvements islamistes, en général, et des Frères musulmans, en particulier, avec les régimes politiques arabes. En Jordanie, les relations entre les deux parties sont passées par plusieurs étapes. Il y a d'abord eu la période du « confinement amical » sous le règne du Roi Abdallah I puis sous celui de son petit fils le Roi Hussein, et ce dans un contexte d'affrontement avec leurs ennemis communs: le nationalisme arabe et le communisme. Puis vint la période de la « méfiance » survenue après l'effondrement de l'Union soviétique, et confortée avec la signature du traité de paix « wadi Araba » avec Israël en 1994. Depuis l'arrivée du roi Abdallah II, les relations entre les islamistes et le pouvoir se trouvent dans une « période d'antipathie », marquée par des développements locaux, régionaux et internationaux très prégnants, notamment les évènements du 11 septembre 2001.
- L'islamisme algérien, vingt ans après - Séverine Labat p. 137-153 Confluences a déjà publié cet article dans son numéro 68 (hiver 2009). Comme il reste toujours aussi pertinent, il nous a paru très utile de l'inclure dans ce dossier consacré aux stratégies islamistes. La problématique n'a donc pas changé. Vingt ans après l'irruption de l'islamisme et des islamistes dans l'espace public algérien, à la faveur de ce qui est désigné comme les « émeutes d'octobre 1988 », quelle lecture peut-on faire aujourd'hui de la séquence islamiste des années 1988-2008 ? Faut-il tenir que l'hypothèse d'une alternative islamiste au régime autoritaire en place depuis l'été 1962 est définitivement révolue ?
- Les groupes islamistes se réclamant d'Al-Qaïda au Maghreb et au Nord de l'Afrique - Michel Masson p. 155-168 Les groupes islamistes se réclamant d'Al Qaïda au Maghreb et au Nord de l'Afrique constituent aujourd'hui le principal acteur d'un terrorisme dont le périmètre d'action s'est élargi de l'Algérie au Sahel comme l'a encore montré une actualité toute récente. L'objet de cet article est d'analyser : 1) la genèse de la création et les formes d'organisation d'un groupe, l'AQMI, désormais liée à Al Qaïda ; 2) les éléments de la politique d'éradication de ce terrorisme mise en place notamment par le gouvernement algérien.
Actuel
- A propos du partenariat franco-algérien - Hubert Colin de Verdière p. 171-182 Monsieur Hubert Colin de Verdière, Ambassadeur de France, a été ambassadeur à Alger de 2000 à 2002 puis de 2004 à 2006. Il connaissait déjà l'Algérie pour y avoir précédemment exercé les fonctions de conseiller auprès de l'ambassade de France à Alger. Cette connaissance approfondie de ce pays et l'intérêt qu'il lui porte, conduisent l'ambassadeur à être souvent sollicité pour faire partager, à des auditoires très divers, son expérience et son regard attentif sur les relations franco-algériennes. Ainsi, le texte ci-dessous reprend et développe les idées présentées lors de trois conférences données tout d'abord en 2009 à Paris et à Marseille, à l'invitation de l'association Euromed-IHEDN, partenaire de la revue, et en juin 2010, lors d'un séminaire consacré à la Méditerranée occidentale au Collège interarmées de Défense à Paris.
- A la mémoire d'André Prenant - Gilbert Meynier p. 183-186
- A propos du partenariat franco-algérien - Hubert Colin de Verdière p. 171-182
Culture
- L'Italien vu de Nice - Robert Serravalle p. 189-195
- Langues régionales : il y a deux siècles, une mort programmée... - Robert Bistolfi p. 197-202
- Les défenseurs des langues régionales - Christophe Chiclet p. 203-211
- Notes de lecture - p. 214-226