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Revue | Politique étrangère |
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Numéro | no 3, automne 2011 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 486-488
Après le 11 septembre : les États-Unis et le Grand Moyen-Orient
- Introduction - Antoine Coppolani p. 490-493 Ce dossier exceptionnel a été réalisé sous la direction d'Antoine Coppolani et de la rédaction de Politique étrangère. La Région Languedoc-Roussillon soutient le financement du programme « Chercheur d'avenir », consacré aux processus de paix au Moyen-Orient, qui a facilité la constitution de ce dossier.
- Du 11 septembre aux révolutions arabes : les États-Unis et le Moyen-Orient - Philippe Droz-Vincent p. 495-506 Barack Obama a dû gérer le lourd héritage de l'Administration Bush au Moyen-Orient. La « militarisation de la politique étrangère » continue de se faire sentir, en particulier en Irak et en Afghanistan. La politique américaine dans le monde arabe connaît actuellement une phase de réorientation, la réaction de Washington face aux révolutions de 2011 n'ayant pas été exemptes d'hésitations et de contradictions.Barack Obama has had to deal with a heavy legacy left by the Bush administration in the Middle East. The “militarization of foreign policy” still exists, in particular in Iraq and Afghanistan. Washington's reaction to the 2011 revolutions has not been exempt from hesitations and contradictions; American policy with respect to the Arab world is currently in a phase of reorientation.
- Les États-Unis et le multilatéralisme depuis le 11 septembre - Jussi Hanhimäki, Elsa Paroissien-Ryder p. 507-519 Unilatéralisme et multilatéralisme doivent être vus comme les instruments conjoncturels d'une diplomatie américaine dont l'objectif reste la protection des intérêts du pays. George W. Bush a en son temps opéré un virage moins brusque qu'il n'y paraît. L'Administration Obama tient un discours plus ouvert au multilatéralisme. Et c'est l'évolution globale des rapports de puissance qui devrait inciter Washington à recourir davantage, dans l'avenir, à la négociation multilatérale.Jussi Hanhimäki, The United States and Multilateralism Since 9/11Unilateralism and multilateralism must be understood to be American diplomatic stabilization instruments, focused on protecting the country's interests. It now appears that George W.Bush made milder changes in his time than once thought. The Obama administration seems to use a discourse much more open to multilateralism. The evolutions of global power balances will, in the future, urge Washington to turn more often to multilateral negotiation.
- De Bush à Obama : l'effet 11 septembre sur la prise de décision à la Maison-Blanche - Charles-Philippe David p. 521-533 Le 11 septembre a sans doute été facilité par les dysfonctionnements du système d'information et de décision américain. Mais les attentats ouvrent aussi une période particulière, où les décisions sont prises par un groupe d'hommes très restreint, court-circuitant les processus normaux et marginalisant l'échange de positions contradictoires. D'où les errances de la « guerre contre la terreur », que s'efforce de rectifier, avec d'autres procédures, l'Administration de Barack Obama. politique étrangèreCharles-Philippe David, From Bush to Obama: The Effect of 9/11 on Decision-Making at the White House
September11th has without a doubt been facilitated by the dysfunction within American information and decision-making systems. However the attacks also marked the beginning of a particular period where decisions are made by a very limited group of men, short-circuiting the normal processes and marginalizing any debate. Hence the wanderings of the “war on terror”, which the Obama administration has strived to rectify. - Israël/États-Unis : du bon usage politique de l'islamisme radical - Frédéric Encel p. 535-546 Isolé diplomatiquement et confronté à la deuxième Intifada, Israël se saisit du 11 septembre pour resserrer ses liens avec Washington au nom de la lutte contre le terrorisme. Le rapport de force israélo-palestinien en est profondément modifié. Dix ans plus tard pourtant, l'Administration Obama peine à adopter une attitude de distance efficace vis-à-vis d'Israël, mais la menace terroriste semble s'affaiblir et remettre en cause le dispositif mis en place par l'État juif après le 11 septembre.Frédéric Encel, Israel/United States: On Political Use of Radical Islam
Diplomatically isolated and confronted with the second Intifada, Israel has chosen 9/11 to strengthen its relationship with Washington in the context of the fight against terrorism. Since this change, the Israeli-Palestinian balance of power has been profoundly modified. Ten years later however, the Obama administration struggles to adopt an attitude of distance with respect to Israel, but the threat of terrorism seems to have weakened and thus questions the system put in place by Tel-Aviv after 9/11. - Les attentats du 11 septembre 2001 et la question palestinienne - Jalal Al Husseini p. 547-558 Les attentats du 11 septembre ont profondément modifié la scène israélo-palestinienne. L'alliance Washington/Tel-Aviv en a été renforcée et Israël a réussi à marginaliser l'idée d'un État palestinien aux frontières viables. L'ingérence extérieure a nui à la crédibilité de l'Autorité palestinienne, avec des conséquences institutionnelles qui perdurent. C'est l'ensemble de ces impasses qui a orienté les Palestiniens vers le débat sur la reconnaissance de leur État à l'ONU.Jalal Al Husseini, The Terrorist Attacks of 9/11 and the Palestinian Question
The terrorist attacks of 9/11 have profoundly changed the Israeli-Palestinian situation. The relationship between Washington and Tel-Aviv was strengthened and Israel succeeded in marginalizing the idea of a Palestinian state with viable borders. The external interference was detrimental to the credibility of the Palestinian Authority (PA) with lasting institutional consequences. It is the combination of all of these standoffs that has pushed the Palestinians towards the debate on the recognition of their state at the United Nations (UN). - Les États-Unis en Irak : les errances du regime change - Alexandra de Hoop Scheffer p. 559-572 L'intervention américaine en Irak n'a pas eu l'effet domino escompté, à savoir une succession de regime change conduisant à la démocratisation de la région. L'Irak a, dans les faits, plus vécu un « remplacement de régime » qu'un « changement de régime ». La balbutiante démocratie irakienne n'a pu servir de modèle pour les révolutions arabes de 2011. Ce sont au contraire ces dernières qui pourraient influer, dans l'avenir, sur les équilibres internes en Irak.Alexandra de Hoop Scheffer, The United States in Iraq: The Digressions of Regime Change
The American intervention in Iraq has not had the intended domino effect: a succession of regime changes pushing for democratization in the region. Iraq has in fact undergone what seems more like a “regime replacement” than a “regime change”. The chaotic Iraqi democracy has at no time been used as a model for the Arab revolutions of 2011. In the future it could be these revolutions that may influence the internal balances in Iraq. - Téhéran/Washington : une relation immobile ? - Suzanne Maloney, Guylaine Vivarat p. 573-585 Après les attentats du 11 septembre 2001, les intérêts américains et iraniens ont convergé sur la question afghane. Washington et Téhéran ont entamé une coopération fructueuse qui a pris fin avec l'émergence du Freedom Agenda de George W.Bush et la révélation du programme nucléaire iranien. Si Barack Obama a voulu tendre la main aux dirigeants iraniens au début de son mandat, il est ensuite revenu à une politique plus traditionnelle, misant sur les sanctions pour faire plier Téhéran.Suzanne Maloney, Tehran and Washington: A Motionless Relationship?
Following the attacks of 9/11, American and Iranian interests converged on the Afghan question. Washington and Tehran established a fruitful cooperation, which ended with George W.Bush's Freedom Agenda and the revelation of an Iranian nuclear program. If Barack Obama had wanted to hold a hand out to Iranian leaders in the beginning of his first term as president, he has lately become a more traditional politician, using sanctions to make Tehran cooperate. - La Turquie, alliée de toujours des États-Unis et nouveau challenger - Dorothée Schmid p. 587-599 Membre de l'OTAN depuis 1952, la Turquie est un allié traditionnel des États-Unis, malgré des désaccords sur des dossiers comme Chypre ou l'Irak. Depuis la fin de la guerre froide, et particulièrement après l'arrivée de l'AKP au pouvoir, les relations entre les deux pays se sont toutefois tendues. Il va désormais falloir trouver un équilibre entre le besoin de reconnaissance d'une Turquie toujours plus ambitieuse à l'échelle régionale et les impératifs de sécurité américains.Dorothée Schmid, Turkey, a Longtime Ally of the United States and a New Challenger
A member of NATO since 1952, Turkey has traditionally been an ally of the United States, despite disagreements on Cyprus and Iraq. However, since the arrival into power of the Justice and Development Party, relations between the two countries have been tense. From this point on, it will be necessary to find a balance between the need to recognize a more ambitious Turkey on a regional level and the imperatives of American security. - États-Unis/Pakistan : la relation à haut risque - Anatol Lieven, Thomas Richard p. 601-615 La stratégie américaine vis-à-vis du Pakistan privilégie des objectifs liés aux opérations d'Afghanistan, sans prendre en compte les intérêts propres d'Islamabad. L'armée et l'opinion pakistanaises sont pourtant de plus en plus sensibles aux intrusions américaines dans le pays. Un éventuel accord avec les Talibans, où le Pakistan jouerait un rôle décisif, pourrait redonner toute leur place aux intérêts nationaux pakistanais, qui restent obsédés par le poids croissant de l'Inde dans la région.Anatol Lieven, The United States and Pakistan: A High-Risk Relationship
The American strategy towards Pakistan has favored goals linked to operations in Afghanistan without necessarily taking Islamabad's interests into account. The army and the Pakistani opinion are therefore more and more sensitive to American intrusions in the country. A possible agreement with the Taliban in which Pakistan would play a decisive role could restore national Pakistani interests to a place of importance. Pakistan's most pressing interests remain concerned with the growing power of India in the region. - L'Amérique en guerre : grandeur et décadence de la contre-insurrection - Élie Tenenbaum p. 617-629 Après l'échec du concept de regime change en Irak, la « contre-insurrection » a constitué depuis quelque temps le paradigme des opérations extérieures américaines. Elle obtient un certain succès en Irak, mais échoue en Afghanistan. La contre-insurrection a une histoire complexe dans les rivalités entre services des armées et exige une mobilisation de moyens, surtout humains, hors de portée des guerres limitées. La sortie d'Afghanistan marquera sans doute la fin du cycle de la contre-insurrection.Élie Tenenbaum, America at War: The Rise and Fall of Counterinsurgency
After the failure of the regime change concept in Iraq, counterinsurgency is the new paradigm of American foreign operations. It has seen some success in Iraq, but has failed in Afghanistan. Counterinsurgency has a complex history in the rivalries between the armed services and demands a mobilization of resources, especially people, out of reach of the limited wars. The withdrawal from Afghanistan will certainly mark the end of a conceptual cycle of counterinsurgency. - Washington face aux révolutions arabes - Mansouria Mokhefi p. 631-643 L'arrivée au pouvoir de Barack Obama avait suscité beaucoup d'espoirs dans les pays arabes, après les deux mandats de George W. Bush, marqués notamment par la guerre en Irak. Surprise par l'ampleur et par la rapidité des révolutions de 2011, l'Administration Obama a réagi au cas par cas, de façon pragmatique et conformément aux intérêts américains. À l'espoir a succédé la désillusion, et le président américain est aujour-d'hui très impopulaire dans le monde arabe.Mansouria Mokhefi, The United States Facing the Arab Spring
The arrival into power of Barack Obama, following two terms of George W.Bush marked notably by the war in Iraq, sparked much hope within Arab countries. Surprised by the magnitude and speed of the revolutions in 2011, the Obama administration reacted case by case pragmatically and in a way that conformed largely to American interests. Thus hope was followed by disillusion and the American president is now very unpopular in the Arab world.
- Introduction - Antoine Coppolani p. 490-493
Libres propos
- La démocratie dans l'aire arabo-musulmane - Marc Crapez p. 647-659 Y a-t-il une spécificité du déficit démocratique dans l'aire arabo-musulmane ? L'évolution de situations très diverses (exemples de la Tunisie, de l'Égypte, de la Libye, etc.) empêche pour l'heure de savoir si nous sommes en face de révolutions réussies ou de simples révolutions de palais. L'impossibilité de satisfaire une pressante demande démocratique pourrait à terme avoir pour effet de mettre en selle un islamisme qui garde dans les sociétés arabo-musulmanes une légitimité propre.Marc Crapez, Democracy in the Arab-Muslim Sphere
Is there uniqueness to the democratic deficiency in the Arab-Muslim sphere? The evolution of diverse situations (Tunisia, Egypt, Libya, etc.) makes it impossible at the moment to say whether we have witnessed successful revolutions. The impossibility of satisfying a pressing demand for democracy could in the long term have the effect of putting Islamism, with legitimacy in Arab-Muslim societies, in the power seat. - PSDC : le jeu des lettres et des « directoires » - André Dumoulin p. 661-671 Dans un contexte de blocage de la PSDC européenne, diverses initiatives bi- ou trilatérales ont tenté, depuis 2010, de relancer les coopérations de défense : accord franco-britannique, lettre franco-germano-polonaise, lettre germano-suédoise, etc. Ces axes partiels de coopération seront certainement utiles, mais ils ne pourront à terme se substituer à une volonté politique globale qui, seule, pourrait permettre de mettre en œuvre les dispositifs prévus par le traité de Lisbonne.André Dumoulin, CSDP: The Game of Letters and “Directories”In the context of a deadlock in the European Common Security and Defense Policy (CSDP), diverse bi- or trilateral initiatives have attempted to revive defense cooperation since 2010: the Franco-British accord, the Franco-German-Polish letter, the German-Swedish letter, etc. These partial axes of cooperation will certainly be useful, but they will not be able to replace the global political will, which alone could permit the carrying out of operations anticipated by the Treaty of Lisbon.
- La démocratie dans l'aire arabo-musulmane - Marc Crapez p. 647-659
Lectures
- Das Amt und die Vergangenheit: Deutsche Diplomaten im Dritten Reich - Nele Wissmann p. 674-677
- Lectures - p. 678-712