Contenu du sommaire : La nouvelle critique urbaine
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | no 32, 2010/1 |
Titre du numéro | La nouvelle critique urbaine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La nouvelle critique urbaine - Christian Lefèvre, Emmanuel Négrier p. 5-10
- Démocratie participative et Démocratie différentielle - Alain Faure, Olivier Glassey, Jean-Philippe Leresche p. 11-23 La participation est (re)devenue un objet important dans le domaine des études urbaines, donnant lieu à des controverses autour de « promesses » de démocratisation de la vie politique locale. Bernard Jouve a traité cette thématique dans plusieurs de ses travaux en s'intéressant d'abord à la gouvernance urbaine puis en approfondissant la question de la démocratie métropolitaine. Sa perspective d'analyse critique s'est construite sur une articulation remarquable entre des investigations empiriques poussées et la mobilisation de cadres d'analyse à la fois meso et macro. En prenant deux cas bien différents (les conseils de développement en France et l'e-participation), cet article souhaite souligner l'utilité, en particulier heuristique, de ces cadres d'analyse et revenir sur l'hypothèse exploratoire d'une « démocratie différentielle » en formation dans les démocraties occidentales. Cette entrée nous permet d'ouvrir une discussion sur ses conclusions lucides et pessimistes concernant l'instrumentalisation des dispositifs participatifs par les acteurs dominants du pouvoir urbain.
- Community, Cooperation and Metropolitan Democracy - Philip Booth p. 25-34 Le discours sur la gouvernance locale en Grande-Bretagne s'est centré sur le concept de «community» et sur les vertus de la coopération. Cet article considère les origines de ce discours au XIXe siècle et les raisons de sa renaissance à la fin du XXe siècle. Il défend l'idée qu'il y a une tension entre les structures formelles de représentation du gouvernement local et le désir de développer l'implication de la «community». Cependant, l'article conclut sur une complexité croissante de la gouvernance comme conséquence inévitable de la complexité de la vie moderne en métropole et estime que le problème est de garantir la légitimité et l'imputabilité des nouvelles structures créées.
- Jeux d'échelles et démocratie métropolitaine : Leçons montréalaises - Daniel Kübler, Mariona Tomàs p. 35-45 Ce texte propose une lecture critique de la théorie du rescaling à travers le cas de Montréal. Les auteurs soulignent l'importance du contexte institutionnel pour analyser le processus de construction et de légitimation d'une institution métropolitaine dans le cadre de la restructuration entre échelles. L'exemple montréalais illustre la force des inerties locales et questionne le potentiel démocratique de l'échelle métropolitaine. Dans un contexte de concurrence des échelles de légitimité, les échelles locale et provinciale canalisent l'action collective au détriment de l'échelle métropolitaine.
- Empowerment et diversité culturelle : quelques prolégomènes - Alain G. Gagnon, Paul May p. 47-57 Le présent texte explore l'articulation entre l'empowerment et la diversité culturelle, et notamment les voies prometteuses du jumelage entre ces deux termes. L'apport de la philosophie de Charles Taylor conjuguée aux récentes théories du fédéralisme permet de porter un regard nouveau sur la thématique des revendications identitaires en milieu urbain et d'esquisser des solutions institutionnelles pour répondre au double défi posé par le pluralisme culturel et de la nouvelle configuration économico-politique sous-tendant la mondialisation. Malgré ses aspects positifs, cet article entend montrer, dans le sillon des travaux de Bernard Jouve, les limites et l'utilisation équivoque que l'on peut faire de l'empowerment, qui sert parfois à justifier un désengagement de l'État-providence en faveur des populations les plus démunies, et qui ne présente pas toujours les garanties nécessaires pour lutter contre les discriminations survenant au sein des Minorities within Minorities.
- Gouverner la gentrification : Différentiel de loyer et coalitions de croissance dans la ville en déclin - Max Rousseau p. 59-72 L'objectif de cet article est de contribuer à l'interprétation des processus de gentrification à l'oeuvre dans les villes françaises. Sans pour autant écarter une approche par la demande, cet article met davantage l'accent sur la construction de l'offre de gentrification, un angle d'analyse souvent délaissé par la recherche urbaine française. Afin de mieux comprendre la manière dont la gentrification devient un référentiel caractéristique de l'entrepreneurialisme urbain tardif dans la ville post-fordiste, l'approche propose d'agréger deux concepts classiques des études urbaines anglophones : celui de « différentiel de loyer » emprunté à la géographie, d'une part, et celui de « coalition de croissance » emprunté à la science politique, de l'autre. A partir de l'étude de la création d'un marché du loft à Roubaix, l'analyse de l'intérêt commun des acteurs publics et privés produisant les politiques de gentrification est ainsi au coeur de la démarche adoptée ici.
- La gouvernance des villes françaises : Du schéma centre-périphérie aux régimes urbains - Gilles Pinson p. 73-92 Cet article défend l'idée selon laquelle il n'est plus satisfaisant d'étudier les formes du gouvernement des villes françaises au travers du seul cadre d'analyse des rapports centre-périphérie. La dévolution de compétences aux gouvernements urbains, les trans-formations du capitalisme et des politiques des États ont fait des villes françaises non plus uniquement des espaces de mise en oeuvre des politiques publiques mais des acteurs de l'élaboration de ces politiques et des visions stratégiques qui les inspirent. Les relations « horizontales » qui associent les acteurs urbains peuvent être considérées comme la première explication des formes que prend l'action publique urbaine. Dès lors, il est légitime d'appréhender désormais la gouvernance et les politiques urbaines en France au travers d'outils théoriques qui accordent un rôle de premier plan aux interactions entre acteurs et groupes urbains et aux conflits et logiques de coalition dans lesquels ils sont impliqués. Parmi ces outils théoriques, l'approche en termes de régimes urbains semble particulièrement prometteuse.
- Governance, Participation and in-between : Inclusion in Policy Making and Policies for Inclusion in Four Western European Metropolises - Ernesto d'Albergo p. 93-108 Cet article présente une comparaison des pratiques par lesquelles les acteurs non-institutionnels sont intégrés dans les processus de gouvernement à Londres, Madrid, Paris et Rome. Des concepts bien connus comme ceux de gouvernance ou de participation sont utilisés de manière singulière pour former un continuum idéal-type des différentes formes d'inclusion. Dans chaque ville, le degré de consistance et de complémentarité entre les pratiques de gouvernance et/ou d'inclusion peut-être le résultat d'une politique d'inclusion explicite et complète concernant l'ensemble de la ville, fondée sur une stratégie cohérente, ou bien est expliquée par d'autres facteurs. Les convergences et les différences entre les quatre métropoles européennes sont expliquées en analysant le rôle joué dans chaque ville par des variables comme l'orientation de l'agenda politique, la nature du système politique urbain et les changements qui l'affectent, l'organisation institutionnelle des collectivités locales, la force du leadership politique et ses stratégies pour chercher un consensus avec les intérêts économiques et la société civile ainsi que les pressions exogènes exercées par des acteurs nationaux et transnationaux qui fournissent aux acteurs locaux des cadres cognitifs et normatifs.
- Qui gouverne les industries ? : De l'élite métropolitaine aux élites sectorielles - William Genieys, Andy Smith p. 109-118 La question de savoir qui gouverne l'économie a longtemps fasciné les sciences sociales sans pour autant souvent générer de résultats probants et rigoureux. Bernard Jouve a tenté d'y répondre en se focalisant sur l'élite de chacune des métropoles qu'il a étudiée. Ce texte prolonge son travail en changeant de focale pour aborder plutôt les élites qui régulent chaque industrie en présentant leur « programme » respectif. Ayant exposé les développements théoriques menant à ce concept « d'élite programmatique », l'article le croise avec une approche du gouvernement des industries afin de tracer une nouvelle voie vers une meilleure compréhension du rôle du politique dans l'économie.
- The Politics of City Regions in Comparative Perspective - Paul Kantor, H.V. Savitch p. 119-136 L'âge du «régionalisme urbain» est arrivé. Le capitalisme postindustriel se développe avec des modalités qui accordent une nouvelle importance aux villes-régions. De nouvelles formes d'interdépendance économique, l'émergence d'une production spécialisée flexible, la diffusion des nouvelles technologies, et d'autres facteurs font des villes-régions un n?ud prédominant dans l'économie globalisée d'aujourd'hui. Bien que les gouvernements de tous niveaux aient fourni des réponses pour gérer cette réalité, l'intervention politique demeure un objet de conflit parce que le développement économique régional a libéré de nouvelles tensions politiques. Certaines tensions naissent des obstacles économiques à une coopération politique de niveau métropolitain. D'autres proviennent de l'intérieur même du processus politique des villes. De nombreux intérêts politiques, y compris ceux des gouvernements, s'opposent à une collaboration jugée nécessaire au niveau des villes-régions parce que cette collaboration met en danger ceux qui ont peur d'y perdre du pouvoir, un statut ou des ressources. Les forces politiques qui font de la résistance aux niveaux local et métropolitain diffèrent cependant en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest.
- Urban Governance in Europe: The Government of What? - Olivier Borraz, Patrick Le Galès p. 137-151 «Qui gouverne quand personne ne gouverne?» Pour répondre à cette question, plusieurs traits caractéristiques des villes contemporaines sont examinés : violence, criminalité, immigration, mobilité. Il convient aussi de s'intéresser de plus près à différentes formes de régulation : l'État, le marché et des formes qui font appel à la coopération ou la réciprocité. Le risque incarne ces différentes formes : il constitue une modalité de cadrage et de gestion de tout un ensemble de problèmes urbains, suggérant que gouverner revient d'abord et avant tout à identifier et gérer des vulnérabilités par le biais de différents modes de régulation. Enfin, la question renvoie aux incertitudes qui entourent les frontières de la ville : celles-ci sont en évolution permanente, sous l'effet de la démographie, de l'urbanisation et des réformes politiques.
- Les métropoles et la nouvelle critique urbaine - Pierre Hamel p. 153-164 La perspective critique élaborée par Henri Lefebvre demeure pertinente pour penser les rapports sociaux à l'espace, y inclus ceux qu'on observe dans les métropoles contemporaines en Amérique du Nord. En examinant la controverse autour de la forme urbaine telle que celle-ci a été remise à l'ordre du jour dans les années 1990 à la faveur du discours néorégionaliste, ce texte pose la question de l'avenir des métropoles et du modèle de ville dans lequel on souhaite vivre. La thèse défendue peut se résumer comme suit : afin de faire échec à la position libérale qui accorde la préséance aux facteurs économiques et aux forces du marché, les acteurs sociaux doivent porter le débat autour de la forme urbaine sur le terrain politique. À cette fin, l'urgence demeure de mobiliser la communauté politique.
- Le concept de la ville créative : la création d'une réelle ou imaginaire forme d'action politique dominante - Roger Keil, Julie-Anne Boudreau p. 165-178 Dans ce court texte en hommage aux travaux de Bernard Jouve, on nous a demandé d'écrire sur la notion de ville créative. Avec Jouve, nous avons beaucoup travaillé sur la gouvernance métropolitaine et la constitution de nouveaux modes de gouvernance (ou régimes urbains). C'est à partir de ces travaux que ce texte se questionne sur la pertinence de la notion de ville créative dans le contexte particulier de Toronto où, malgré l'absence d'institutions métropolitaines fortes, une certaine gouvernance métropolitaine est en marche. Or la notion de ville créative met sérieusement au défi cette échelle métropolitaine de gouvernance, axée exclusivement sur la centralité au détriment des périphéries de la métropole. À l'aide de deux personnages publics puissants à Toronto, Richard Florida et David Pecaut, nous proposons une critique de cette notion de ville créative désormais dominante.
- Surveiller et classer : Deux chantiers pour une recherche urbaine critique - Fabrice Bardet, Anaïk Purenne p. 179-190 Après avoir navigué entre deux continents, Bernard Jouve s'était donné pour ambition de développer, au sein du monde académique français, une pensée critique sur la ville inspirée de la recherche urbaine nord-américaine et de diffuser ces réflexions au sein du monde social. Ce goût pour les analyses critiques sur le « fait urbain » a constitué, sous son impulsion, un élément fédérateur pour l'équipe de recherche lyonnaise qu'il a dirigée au cours des dernières années. A travers des exemples tirés de nos travaux sur les classements de ville et la surveillance, on montre qu'il en demeure aujourd'hui encore un important fil conducteur.
- Biographie de Bernard Jouve - p. 191-192
- Bibliographie de Bernard Jouve - p. 193-197