Contenu du sommaire : Nouvelles migrations chinoises en Afrique et en Amérique latine

Revue Revue Européenne des Migrations Internationales Mir@bel
Numéro Vol. 25, no 1, 2009
Titre du numéro Nouvelles migrations chinoises en Afrique et en Amérique latine
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Nouvelles migrations chinoises en Afrique et en Amérique latine

    • Migrants chinois au Mali : une pluralité de mondes sociaux - Françoise Bourdarias p. 7-24 accès libre avec résumé
      L'histoire de chacun des États africains, leurs structures économiques, les dynamiques sociales qui s'y développent, donnent une forme très particulière aux migrations chinoises. Les interdépendances qui lient migrants et populations locales contribuent à orienter les flux migratoires, tandis que la présence chinoise exerce une influence croissante sur les composantes essentielles des sociétés d'accueil. Cette contribution présente quelques éléments d'observations recueillies au cours d'un terrain mené au Mali (2005-2008). La population chinoise implantée au Mali est très hétérogène. Une perspective microsociologique fait apparaître une multiplicité de territoires, de calendriers sociaux, de constructions identitaires, indices d'une forte fragmentation sociale. On peut alors s'interroger sur la pertinence de la notion de « diaspora » dans le contexte malien.
    • Recent Chinese Migrants in small Towns of Post-apartheid South Africa - Yoon jung Park, Anna Ying Chen p. 25-44 accès libre avec résumé
      L'Afrique du sud accueille la plus importante population chinoise du continent africain, estimée entre 250 000 et 300 000 personnes. Les différentes vagues migratoires chinoises ont créé des communautés chinoises diverses, pluri-générationnelles et plurilingues. Cet article analyse ces vagues migratoires et s'intéresse plus particulièrement aux nouveaux migrants chinois pour la plupart originaires des zones rurales du Fujian et principalement établis dans les petites villes rurales sud-africaines. Puis les auteurs analysent ces nouveaux migrants en termes de race, classe et pouvoir et examinent ce qui les rapprochent et les différencient des autres communautés migrantes.
    • Chine-Afrique ou la valse des entrepreneurs-migrants - Brigitte Bertoncello, Sylvie Bredeloup p. 45-70 accès libre avec résumé
      Alors que la République Populaire de Chine convoite plus que jamais les matières premières du sol et du sous-sol africain et s'introduit dans des secteurs autrefois réservés aux sociétés d'États, des marchands chinois et africains impulsent par le bas des dynamiques plus discrètes, diffusant auprès des 900 millions de consommateurs africains des produits bon marché fabriqués à profusion dans les usines chinoises. Les commerçants chinois, dont les parcours intercontinentaux ont été influencés à la fois par les réformes de 1978, la libéralisation de la législation chinoise sur l'émigration et les restructurations économiques à l'oeuvre en RPC se sont implantés, à la fin des années 1990 en Afrique subsaharienne, quelques années après que des ingénieurs, techniciens et ouvriers ont été recrutés dans le cadre de la coopération bilatérale. Les entrepreneurs-migrants africains ont, quant à eux, intégré au seuil du nouveau millénaire les villes chinoises dans leurs itinéraires migratoires, après avoir exploré, de leur propre chef, d'autres places en Afrique et en Asie au fil des dernières décennies. Après avoir décliné les trajectoires migratoires et professionnelles de ces deux catégories de populations et décrit la progression des bazars chinois sur le continent africain tout comme la constitution du comptoir africain en Asie, les auteurs apprécieront dans quelle mesure ces itinéraires relèvent ou non de destinées communes.
    • La nouvelle immigration chinoise au Pérou - Isabelle Lausent-Herrera p. 71-96 accès libre avec résumé
      Le Pérou, pays possédant avec Cuba la plus ancienne communauté chinoise d'Amérique latine, est devenu depuis l'ouverture de la Chine, un pays de transit mais aussi de destination pour un grand nombre d'immigrants chinois. Cet article a pour objet de montrer la place que le Pérou a prise dans le réseau des routes empruntées par les migrants et leurs passeurs pour atteindre les États-Unis et le Canada et de dresser le profil des nouveaux migrants grâce à la constitution d'une base de données réalisée à partir de l'examen de demandes de visas pour le Pérou faites par des Chinois ainsi que des dossiers des garants chinois cautionnant ces demandes. La nouvelle immigration chinoise est plus jeune et plus féminine. Autrefois exclusivement originaires du Guangdong, les nouveaux migrants proviennent maintenant aussi du Fujian et des provinces du nord de la Chine.
    • Le prolétaire, le commerçant et la diaspora - Emmanuel Ma-Mung p. 97-118 accès libre avec résumé
      Depuis le tournant du millénaire on observe une augmentation sensible des migrations au départ de la Chine vers l'Afrique et l'Amérique latine. Elles semblent être de trois types : une migration commerçante, une migration temporaire de main-d'oeuvre liée à la réalisation de grands travaux par des entreprises chinoises ; une migration prolétaire de transit constituée de personnes à la recherche d'opportunités de passage vers l'Europe ou l'Amérique du Nord. L'objectif de cet article est de décrire le contexte migratoire dans lequel elles s'effectuent, de dessiner le cadre diasporique qui permet de les comprendre et d'articuler deux figures emblématiques des migrations chinoises (le prolétaire et le commerçant) pour comprendre la forme sociospatiale qu'elles symbolisent et qui les produit.
  • Articles hors-dossier

    • L'éthique du débat sur la fuite des cerveaux - Speranta Dumitru Nalin p. 119-135 accès libre avec résumé
      Cet article analyse les engagements éthiques qui pèsent sur la méthodologie des recherches sur « la fuite des cerveaux » et qui conduisent les participants au débat public à remettre en cause le droit fondamental d'émigrer pour les personnes qualifiées. Nous identifions cinq présupposés de ce débat : au conséquentialisme, au prioritarisme et au nationalisme, nous ajoutons les biais que nous appelons « sédentaristes » et élitistes. Cette analyse nous permettra de montrer que même si l'émigration des plus talentueux représentait une perte pour le pays d'origine, cette perte n'est pas une raison suffisante pour exiger que les migrants qualifiés la compensent, que ce soit par le paiement d'un impôt (la taxe Bhagwati) ou par un refus du droit d'émigrer. En outre, voir l'investissement public dans l'éducation comme une source d'obligation pour les migrants, c'est considérer l'éducation comme une source de dividendes, plutôt qu'un accès à l'opportunité que les générations présentes doivent aux générations qui les suivent.
    • Les usages sociaux de l'histoire de l'immigration : enquête auprès d'un cercle militant - Gilles Frigoli, Christian Rinaudo p. 137-161 accès libre avec résumé
      Cet article aborde la question des usages sociaux de l'histoire de l'immigration à partir d'une enquête menée dans la région de Nice et portant sur le travail d'organisation collective mené par un cercle de militants d'origine maghrébine. Dans un premier temps est mise en lumière la diversité des mémoires de l'immigration susceptibles de fonctionner au sein du cercle comme des ressorts de l'action collective, comme des enjeux de mobilisation, de réaction et de reconnaissance publique. Puis, nous analysons la manière dont ces mémoires et les usages qui en sont faits s'intègrent, pour contribuer à en constituer le cadre, aux deux formes d'action qui se sont développées au sein du cercle militant étudié : le commando et le club social. Il apparaît finalement que si les acteurs impliqués dans l'une ou l'autre de ces formes d'organisation et d'action collective s'accordent pour faire de la mémoire de l'immigration un outil efficace au service du changement social, celle-ci s'avère intervenir à la fois comme un instrument qui unit les militants autour de certains objets de mémoire consensuels et comme un puissant révélateur des divergences observables quant au contenu à donner au changement social attendu.
    • Ni invasion, ni exode : Regards statistiques sur les migrations d'Afrique subsaharienne - David Lessault, Cris Beauchemin p. 163-194 accès libre avec résumé
      Les migrations africaines d'origine subsaharienne occupent aujourd'hui une place dominante dans les discours politiques et médiatiques portant sur l'immigration. Cette focalisation s'est traduite récemment par l'adoption d'une série de mesures politiques, policières et diplomatiques visant à réguler un flux considéré comme massif, voire invasif. Rassemblant des données statistiques éparses, cet article donne la mesure des migrations subsahariennes en adoptant à la fois les points de vue de l'immigration et de l'émigration, à l'échelle de la France mais aussi à l'échelle de l'Union européenne et de l'OCDE. L'état des connaissances statistiques est assorti d'une analyse des migrations irrégulières, généralement tenues pour responsables d'une sous-estimation officielle des flux. Les chiffres commentés sont sans équivoque : si les migrations subsahariennes sont extrêmement visibles dans les discours politiques et médiatiques, elles constituent pourtant un fait statistique minoritaire. Le paradoxe invite à s'interroger sur le bien fondé des politiques publiques en matière de gestion des migrations internationales.
    • Étudier les liens entre les migrations intérieures et internationales en suivant les trajectoires migratoires des Boliviens au Brésil - Sylvain Souchaud, Rosana Baeninger p. 195-213 accès libre avec résumé
      Les premières migrations internationales des Boliviens au Brésil, à partir des années 1950, ont eu la frontière pour principale destination. L'augmentation récente du flux migratoire au Brésil coïncide avec une concentration des migrants boliviens dans la métropole de São Paulo. Les contours d'un nouvel espace migratoire bolivien au Brésil se dessinent où la frontière, en dépit de l'importance croissante de la ville de São Paulo dans l'organisation de l'espace migratoire bolivien, conserve un rôle important et spécifique. À partir des données d'une enquête réalisée fin 2006 dans des ménages immigrés de la ville frontalière de Corumbá, dans l'État du Mato Grosso do Sul, nous étudions dans cet article les changements intervenus dans l'organisation spatiale de ce champ migratoire. Nous souhaitons notamment préciser le rôle actuel de l'espace frontalier, historiquement réputé pour concentrer l'immigration internationale voisine, en tant que pôle migratoire et envisager d'éventuelles articulations avec la métropole de São Paulo et l'espace intérieur bolivien.
  • Note de recherche

  • Notes de lecture