Contenu du sommaire : Créations en migrations
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 25, no 2, 2009 |
Titre du numéro | Créations en migrations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Créations en migrations : Parcours, déplacements, racinements - Marco Martiniello, Nicolas Puig, Gilles Suzanne p. 7-11
Articles
- Musiques d'Algérie, mondes de l'art et cosmopolitisme - Gilles Suzanne p. 13-32 Dans le contexte actuel d'intensification et de diversification des pratiques de circulation à l'échelle mondiale, comment les mondes de la musique (nous traitons ici ceux des musiques d'Algérie) acquièrent-ils une dimension transnationale à la faveur de phénomènes migratoires complexes ? Nous verrons dans quelle mesure le caractère mobile de ces mondes et de leurs acteurs marque leurs productions musicales et leurs existences. Avant même cela, nous nous interrogerons sur les représentations qui ont tout au long du XXe siècle servi de modèles pour l'interprétation de cette dimension migratoire des mondes des musiques d'Algérie.
- L'expression musicale de musulmans européens : Création de sonorités et normativité religieuse - Farid El Asri p. 35-50 Des artistes musulmans ou d'origine musulmane, investis dans le champ musical en Europe, mettent en perspective le fait que des mutations culturelles et cultuelles des intimités musulmanes s'opèrent, depuis une vingtaine d'années, avec intensité. Ces transformations ont pourtant été peu explorées et la recherche sur le quotidien des musulmans européens, parfois teintée de culturalisme, a souvent eu tendance à confondre des adhésions, des pratiques, des modes de vie issus de traditions et de coutumes avec des pratiques religieuses, entendues au sens normatif, éthique et moral. Le référentiel religieux fait sens pour une partie des artistes musulmans. Il se traduit notamment par un normatif nivelant la finalité de contenus, les comportements des acteurs et les orientations des produits musicaux. Les artistes musulmans européens reformulent alors leurs identités et sculptent des contours musicaux islamiquement normés, culturellement métissés et mondialisés, à partir d'un système de sens définit par le religieux.
- Le vrai voyage : L'art de Dinh Q. Lê entre exil et retour - Catherine Choron-Baix p. 51-68 Exilé aux États-Unis depuis la fin des années soixante-dix, Dinh Q. Lê se forme aux arts visuels dans les écoles nord-américaines et se fait connaître des milieux artistiques pour sa technique du « tissage de photographies », un procédé inspiré du nattage traditionnel vietnamien. Il poursuit aujourd'hui une carrière internationale qui le conduit à se déplacer dans le monde entier, et a choisi récemment de rentrer vivre au Vietnam pour y travailler au développement d'une scène artistique locale. Son parcours illustre celui de nombreux artistes en diaspora qui, comme lui, gagnent leur reconnaissance sur le marché mondial de l'art contemporain en rejouant dans leurs oeuvres leurs origines et peuvent ensuite avoir un rôle de médiation et d'innovation dans les pays périphériques dont ils sont issus.
- Anish Kapoor et ses interprètes : De la mondialisation de l'art contemporain à une nouvelle figure de l'artiste universel - Denis Vidal p. 69-82 Cet article fait référence à l'oeuvre d'Anish Kapoor, l'un des plus grands sculpteurs contemporains. Plusieurs critiques ont cherché à expliquer son travail par son origine ethnique et sa vie en Grande-Bretagne. Mais lui-même a toujours refusé ces interprétations. L'auteur montre comment, dans une époque où « mondialisation » et « identité » semblent faire si bon ménage, des artistes n'en existent pas moins qui, non seulement, refusent de se prêter à un tel jeu, mais renouvellent aussi, chacun à sa façon, la figure de l'artiste « universel » pour notre temps.
- Exils décalés : Les registres de la nostalgie dans les musiques palestiniennes au Liban - Nicolas Puig p. 83-100 Les cultures palestiniennes sont irriguées par le traumatisme de 1948, année de l'exode de plus de 700 000 personnes dont une partie s'implante alors durablement au Liban. Les mémoires sont travaillées par cet événement de la Nakba, la catastrophe, selon différentes modalités qui recouvrent des conflits de leadership politique et des enjeux individuels de récit. L'entretien d'un sentiment de nostalgie prenant place autour d'un petit nombre de référents et de symboles liés à la patrie perdue est à relier directement aux temporalités de l'exil, à la façon dont il est ressenti chez les différentes générations de réfugiés et sur le devoir de mémoire qui lui est lié. La musique produite dans les orchestres liés aux différentes organisations politiques sert directement un projet mémoriel et vise au soutien de l'identité. Mais, au sein de ce formalisme culturel se font jour de multiples détournements qui font justice d'enjeux personnels d'émancipation et de sortie des ordres collectifs. Les registres de la nostalgie institutionnelle se croisent alors avec ceux des nostalgies vécues qui sont développés par les individus à propos de leur parcours, des temps et des âges de leur vie. Dans l'enceinte des musiques nationalistes, des registres variés se mêlent ainsi, produisant des « exils décalés » renvoyant à des temporalités divergentes du collectif et de l'individuel.
- Musiques, musiciens et participation électorale des citoyens issus de l'immigration : Le cas des élections présidentielles américaines de 2008 - Jean-Michel Lafleur, Marco Martiniello p. 101-118 Cet article propose d'examiner la pertinence politique des arts populaires, en général, et de la musique en particulier, dans le contexte des sociétés multiculturelles postmigratoires. Plus précisément il cherche à démontrer comment musiques et musiciens permettent, dans certaines conditions spatio-temporelles, à une partie des populations issues de l'immigration d'exprimer des positions politiques et de se mobiliser politiquement. Après une discussion sur le rôle de la musique pour les communautés immigrées et les groupes ethniques et la place qu'elle occupe dans les campagnes électorales, nous examinons le cas de l'élection présidentielle de 2008 aux États-Unis. Nous mettons en lumière le rôle des artistes issus des minorités ainsi que les tentatives d'instrumentalisation des musiciens et des musiques « immigrés » à des fins électoralistes.
- Réseaux transnationaux d'artistes et relocalisation du répertoire « afro-cubain » dans le Veracruz - Kali Argyriadis p. 119-140 Le répertoire musical et chorégraphique « afro-cubain » est considéré aujourd'hui comme un apport légitime et valorisé à l'identité culturelle nationale cubaine. Il est transmis au public non-cubain par des musiciens et des danseurs professionnels qui sont aussi des pratiquants des religions « afro-cubaines ». Insérés dans de complexes réseaux rituels et professionnels polycentrés, ces artistes ont formé des élèves qui contribuent à leur tour à la construction de larges réseaux transnationaux d'artistes. Dans cet article, je propose d'ébaucher une analyse historique et ethnographique de ces réseaux, depuis leur naissance à Cuba et en explorant l'une de leurs ramifications dans l'État du Veracruz, au Mexique. Il s'agira dans un premier temps de comprendre le fonctionnement concret de la diffusion d'un répertoire pour ensuite analyser la ré-interprétation de ce dernier à la lumière des relations de pouvoir générées par l'organisation en réseaux.
- Musiques d'Algérie, mondes de l'art et cosmopolitisme - Gilles Suzanne p. 13-32
Notes de lecture
- Sylvie BREDELOUP, La Diam'spora du fleuve Sénégal. Sociologie des migrations africaines - Armelle Choplin p. 141-147
- Marion FRESIA, Les Mauritaniens réfugiés au Sénégal. Une anthropologie critique de l'asile et de l'aide humanitaire - Véronique Lassailly-Jacob p. 142-147
- Françoise ROLLAN et Benoît SOUROU, Les migrants turcs de France. Entre repli et ouverture - Stéphane de Tapia p. 143-147