Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 185, 2007
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La conversion dans une Église akurinu. Le choix d'un réseau non exclusif - Barbara Morovich p. 5-28 accès libre avec résumé
    La conversion dans les Églises akurinu du Kenya ne représente pas une échappatoire à une réalité trop dure, mais concerne plutôt la réactivation identitaire des nouveaux croyants qui font face, de manière parfois douloureuse, aux enjeux contemporains. Les Akurinu reconstruisent les étapes qui donnent accès à des statuts progressifs et les entourent de nouveaux rituels tout en les intégrant aux lois des communautés kikuyu précoloniales. Une différence existe entre la conversion des leaders et celle des autres fidèles : c'est Dieu qui choisit le leader à travers ses appels répétés. Grâce au « baptême de Dieu », examiné ici de manière diachronique, le leader devient par la suite un fondateur. Cependant, les Églises akurinu, autrefois des « communautés de purs », sont aujourd'hui devenues des groupes plus structurés, puisque les leaders baptisent les autres croyants. L'Église devient le groupe des affinités et des échanges prioritaires : même lorsque certains Akurinu affichent une prise de distance par rapport au groupe du sang, le réseau familial n'est pas totalement écarté et l'affiliation akurinu devient un réseau de plus parmi tous les réseaux possibles en ville.
  • La scénographie de la déviance dans les scrutins politiques : La violence comme phénomène électoral d'ici et d'ailleurs - Joseph-Marie Zambo Belinga p. 29-64 accès libre avec résumé
    Qu'il s'agisse des imaginaires collectifs se construisant autour des scrutins politiques organisés en Afrique en général et au Cameroun en particulier depuis l'avènement de la démocratisation ou de certaines lectures suscitées par une frange des analystes de la scène politique africaine de l'ère de la démocratisation, la permanence et l'enracinement du phénomène de la violence en période électorale se conceptualisent comme traduction en actes d'une réelle absence de maturité politique de populations jugées encore frustres, donc produisant des comportements contraires à la citoyenneté démocratique. Pourtant, la déviance électorale dans sa composante violence est, contrairement à ce qu'une telle perception pourrait laisser penser, loin d'être une création des sociétés politiques africaines. C'est cette non-singularité des sociétés politiques africaines dans la production de la violence en période électorale que ce travail entreprend de visiter. Il se construit autour de deux préoccupations fondamentalement corrélées. La première consiste à mettre en relief, à partir de la prospection d'aires politiques et culturelles différentes et dans une démarche transversale, l'effectivité de l'expression et de la manifestation du phénomène de la violence dans les scrutins politiques d'une vieille démocratie (France) en ressortant les similitudes et convergences que les épisodes qui ont marqué les scrutins de cette aire politique affichent en comparaison avec ceux produits actuellement au Cameroun. La seconde, se fondant sur ce constat, initie une autre lecture de la violence électorale dont l'expression en période électorale cesse d'être la résultante d'un archaïsme supposé des populations pour se cerner davantage comme le transfert, dans le champ politique, de la conflictualité sociale ordinaire sous-tendue par la quête quotidienne du bien-être social des groupes sociaux dans un contexte de rareté permanente.
  • Bounded and Multiple Identities : Ethnic Identifications of WoDaaBe and FulBe - Kristín Loftsdóttir p. 65-92 accès libre avec résumé
    Identités limitées et multiples : identifications ethniques des WoDaaBe et des FulBe. Les théories sur le nationalisme ont analysé dans quelle mesure le nationalisme est un phénomène récent, et ont mis l'accent sur le rôle déterminant de l'ethnicité. Cet article s'intéresse à l'ethnicité en utilisant des textes coloniaux et des données ethnographiques concernant les FulBe et les WoDaaBe du Niger. J'insiste sur le fait que les classifications établies par d'autres ? et souvent perçues comme étant à l'origine de nouvelles identités ? peuvent être incohérentes et fondées sur divers facteurs. En m'inspirant des théories féministes sur les identités multiples, j'avance que les identifications ethniques se mêlent à diverses autres sources d'identifications, les individus manipulant sans cesse leur identité... Depuis longtemps, dans les textes coloniaux et postcoloniaux, les FulBe sont caractérisés en des termes raciaux et essentialistes, ce qui rend leur classification particulièrement intéressante pour cette étude. Cet article met l'accent sur les actes et la créativité des personnes impliquées, et précise que même si l'ethnicité constitue une part importante de l'identité, celle-ci dépend aussi d'autres facteurs qui s'imposent en fonction des contextes.
  • « Tu ne peux pas rejeter ton enfant ! ». Contrat entre les générations, sécurité sociale et vieillesse en milieu urbain burkinabè - Claudia Roth p. 93-116 accès libre avec résumé
    Selon la conception des personnes âgées et des jeunes, le contrat entre les générations représente une assurance pour la vieillesse. Dans la pratique, la recherche menée à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, révèle un nouveau rapport de sécurité sociale, « Le contrat entre les générations à l'envers ». Beaucoup de parents sont devenus l'assurance chômage de leurs enfants et le soutien de leurs petits-enfants orphelins. Néanmoins, l'idée que le contrat entre les générations tend à se disloquer, n'a pas été confirmée par notre étude. Bien au contraire : différencié sous quatre formes, on s'aperçoit qu'il est encore très vivace. Suite à la crise économique, la majorité des personnes de la couche des pauvres vivent dans la précarité ou sont socialement marginalisées. Les femmes et les hommes élaborent des stratégies différentes pour parvenir à vivre en conformité avec le code d'honneur et éviter la marginalisation sociale. Les uns et les autres misent sur leurs enfants ? les femmes le font de manière directe, les hommes indirectement, par la médiation de leurs épouses.
  • Crossing Rural-Urban Spaces : The Takumbeng and Activism in Cameroon's Democratic Crusade  - Charles Che Fonchingong, Pius T. Tanga p. 117-144 accès libre avec résumé
    Traverser les espaces ruraux-urbains : les Takumbeng et l'activisme dans la croisade démocratique du Cameroun. Cet article s'intéresse au pouvoir exercé par les femmes au sein des sociétés secrètes et autres « enclaves féminines » au Cameroun et ailleurs. Il montre comment ce pouvoir est soumis à une constante transformation dans le paysage politique moderne. Les soulèvements, protestations et manifestations instigués par les femmes ont déjà été observés dans certaines sociétés camerounaises et dans d'autres régions d'Afrique, mais cet article s'intéresse tout particulièrement à la société féminine traditionnelle des Takumbeng et à sa politisation en cette période de démocratisation et de multipartisme. Nous examinerons la transformation de ce groupe dans le contexte de l'agitation collective et analyserons quel impact il subit sur la scène politique actuelle qui est caractérisée par une immense déception face au dédain et aux politiques non démocratiques du gouvernement national en place. Cette étude révèle le symbolisme et les métaphores, les interactions et raisons d'être culturelles qui se cachent derrière l'activisme de ce groupe en se plaçant du point de vue des acteurs en milieu urbain. L'article conclut que le groupe a accentué son combat continu pour la démocratie en s'appuyant sur son expérience de résistance, en ravivant la flamme de la démocratie sociale et en élevant la conscience politique dans la province Nord-Ouest du Cameroun, bastion du parti d'opposition, le Front social-démocrate.
  • Anxiété et choix, les prémisses d'un processus identitaire ? - Caroline Dossogne p. 145-173 accès libre avec résumé
    Cet article décrit le processus d'identification et de subjectivation de jeunes Africains dans une ville émergente du Burkina Faso. Après l'évocation des parcours de vie de quatre jeunes issus de la ville de Ziniaré, il s'agira tout d'abord de cerner les mécanismes d'ambivalence de l'intégration sociale et politique en examinant les difficultés rencontrées dans leur tentative d'émancipation. Ils subissent, en effet, à travers l'image négative que constitue l'étiquette « jeunes de Ziniaré » une forme de violence symbolique. Ainsi, leurs difficultés à accéder au marché de l'emploi, l'ambivalence du mécanisme d'intégration politique et sociale ainsi que la vision très pessimiste de leur cadre de vie concourent à leur faire ressentir l'impuissance de pouvoir changer le cours d'une conjoncture défavorable. Doublé d'insécurité émotionnelle, ce sentiment favorise l'émergence d'une forme d'anxiété. Le rôle de petits groupes, autrement appelés grins, permet, d'une part d'atténuer cette angoisse et, d'autre part, de maintenir une présence dans la vie de la cité. Néanmoins, si la production d'une telle situation identitaire collective n'est pas sans rappeler les groupements d'âge chez les Mossi (les naams), l'entente qui lie le groupe reste de type contractuel et sert souvent des fins individuelles.
  • Analyses et comptes rendus - p. 175-208 accès libre