Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 191, 2008
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Nécrologie

  • Dossier littérature

    • Alterity, Marginality and the National Question in the Poetry of the Niger Delta - Oyeniyi Okunoye p. 413-436 accès libre avec résumé
      Marginalité, altérité et la question de la nation dans la poésie du détroit du Niger. En tentant de témoigner de la complexité croissante de la géographie littéraire en Afrique et en portant les études sur la région du détroit du Niger au Nigeria dans la sphère culturelle, cet article attire l'attention sur la tradition poétique singulière de cette région. En soulignant la préoccupation constante pour le lien entre l'Homme et la nature dans l'imagination créative des poètes du détroit du Niger, l'article établit une continuité entre les oeuvres de vieux poètes comme Gabriel Okara et John Pepper Clark-Bekederemo d'une part, et celles de Ken Saro-Wiwa, Tanure Ojaide, Martins Adiyi-Bestman et Ibiwari Ikiriko, d'autre part. En s'appuyant sur les idées issues de pratiques discursives minoritaires et sur la pratique de la lecture rapprochée pour construire une tradition littéraire trans-ethnique, nous nous pencherons en particulier sur les oeuvres de Ken Saro-Wiwa, Tanure Ojaide et Ibiwari Ikiriko qui présentent des expressions articulées des sentiments et des préoccupations caractérisant la poésie du détroit du Niger. Pour cela, nous privilégierons les rêves et contestations collectifs populaires qui trouvent une expression dans leur poésie: une insistance à reconnaître l'altérité du détroit du Niger au sein du Nigeria et les interrogations qui en découlent concernant le projet nigérian. Cette étude est, intrinsèquement, un exposé préliminaire sur une tradition en évolution qui démontre comment la pratique poétique est impliquée dans la dynamique de la formation de l'identité dans le détroit du Niger.
    • Portraits de femmes au Biafra. Étude comparée de Chinua Achebe et Leslie Ofoegbu - Françoise Ugochukwu p. 437-456 accès libre avec résumé
      Cette étude considère l'impact de la guerre civile nigériane sur la vie quotidienne et les relations interpersonnelles des Biafrais telle qu'elle est présentée dans Femmes en guerre et autres nouvelles d'Achebe et Blow the Fire de Leslie Ofoegbu. Ces deux écrivains, dont l'un, déjà traduit dans plusieurs langues, a été le premier à projeter le pays igbo sur la scène internationale, et dont l'autre est une Écossaise mariée à un Nigérian et qui vécut au Biafra pendant les années de guerre, offrent, au-delà de leurs différences, un témoignage de l'intérieur sur le conflit qui a déchiré le pays de 1967 à 1970. Femmes en guerre et autres nouvelles, traduit en français en 1981, est un recueil de nouvelles dont trois sont directement inspirées par le conflit. Blow the Fire est un récit autobiographique témoignant de la vie quotidienne de l'auteure et de sa famille à l'époque. L'étude met en lumière la remise en question des valeurs traditionnelles et l'évolution des attitudes face au déracinement, à l'exode, au danger et à l'omniprésence de la mort. Elle révèle également le rôle crucial des femmes en tant que gardiennes de la vie au coeur de la zone encerclée.
  • Dossier littérature

    • Scandales. Littérature francophone africaine et identité - Koffi Anyinefa p. 457-486 accès libre avec résumé
      L'histoire de la littérature francophone africaine a été ponctuée de scandales divers d'autant plus importants qu'ils concernent des auteurs considérés comme importants. En étudiant surtout les discours qui ont accompagné deux scandales les plus retentissants (Ouologuem et Beyala), l'article montre que le champ littéraire en question constitue un espace pluriel subissant un courant d'influences diverses et se nourrissant aussi bien d'éléments endogènes qu'exogènes essentiellement relayés par Paris.
  • Etudes et essais

    • Gérer la tribu ? Le traitement du fait tribal dans l'Algérie indépendante (1962-1989) - Yazid Ben Hounet p. 487-512 accès libre avec résumé
      La question tribale est réapparue en Algérie suite aux révoltes survenues en Kabylie en avril 2001 et en particulier à l'avènement de la coordination des arouch, dairas et communes. De nombreux articles journalistiques sont parus au sujet de la tribu, et depuis, on assiste dans la presse à une mise en exergue et peut-être à une survalorisation de la réalité tribale dans ce pays. Dans cet article, nous nous proposons d'analyser la manière dont la question tribale a été traitée dans l'Algérie indépendante, et en particulier durant la période du parti unique (1962-1989). On remarque alors que si les tribus n'ont pas eu un rôle important dans l'avènement et la construction de l'État algérien contemporain, elles constituaient toutefois des entités avec lesquelles il fallait oeuvrer. Les tribus et les solidarités tribales demeuraient en effet des forces à ménager, à contrôler et parfois à utiliser, ce que faisaient assez bien le parti unique et les autorités politiques.
    • Building a New Image of Africa : "Dissident States" and the Emergence of French Neo-colonialism in the Aftermath of Decolonization - Alexander Keese p. 513-530 accès libre avec résumé
      Bâtir une nouvelle image de l'Afrique: les "États dissidents" et l'émergence du néocolonialisme français au lendemain de la décolonisation En 1958, l'État français perdit le contrôle de deux de ses anciens territoires africains, la Guinée et le Togo. Dans un premier temps, cette perte de contrôle fut totale mais les dirigeants togolais établirent rapidement une relation de travail avec Paris. Survenus entre la promulgation de la loi-cadre et la mise en place du nouveau gouvernement de Charles de Gaulle, ces événements furent un choc pour les dirigeants français. Ces derniers devaient toutefois s'adapter aux nouvelles circonstances politiques, et ils firent le choix d'adopter une nouvelle politique plutôt que d'intervenir directement. L'attitude de la France face à ces "États dissidents" devait influencer sensiblement la manière dont ces responsables politiques français allaient interpréter la situation en Afrique sub-saharienne. Ainsi, les décideurs politiques français commencèrent à considérer l'Afrique comme un champ de bataille opposant amis et ennemis, traîtres procommunistes et partenaires loyaux.
    • Habib Benglia et le cinéma colonial - Nathalie Coutelet p. 531-548 accès libre avec résumé
      Habib Benglia, artiste polyvalent et prolifique, n'a eu au cinéma que des rôles secondaires, des emplois codifiés et la critique l'a souvent ignoré. C'est à la fois le lot de nombreux comédiens, éclipsés par les vedettes, et le résultat d'un préjugé. Sa carrière a reposé, en grande partie, sur sa couleur, ses rôles se sont cantonnés à quelques emplois traditionnels. Le cinéma colonial, oeuvre de propagande ou divertissement exotique, l'a ainsi mis largement à contribution. Vecteur de stéréotypes, ce genre évolua vers davantage de vérité et de réalisme, mais n'offrit pas à Benglia la possibilité de se hisser aux côtés des vedettes.
  • Notes et documents

    • Barthélémy Boganda et l'Église catholique en Oubangui-Chari - Côme Kinata p. 549-566 accès libre avec résumé
      Barthélémy Boganda, originaire de la Lobaye en pleine forêt équatoriale, devenait le premier prêtre catholique oubanguien le 27 mars 1938. Orphelin très tôt, ses parents ayant été tués par les miliciens, il fut recueilli par les missionnaires catholiques de la congrégation du Saint-Esprit. Ses tuteurs le poussèrent à faire de la politique en le faisant élire député de l'Oubangui-Chari à l'Assemblée de l'Union française en 1946. C'était l'objectif de Boganda depuis son baptême : défendre les intérêts des Oubanguiens qui étaient considérés par les Blancs comme moins que rien. Boganda, le plus instruit des fils du pays avait une très forte réputation fondée sur trois éléments : prêtre, il était censé être en rapport avec le monde invisible ; fils de sorcier, il était craint. Il était ainsi censé être capable de découvrir des choses cachées maintenant les indigènes dans un état d'infériorité d'où ils espéraient sortir. Enfin, marié à une Blanche, il devenait l'égal des Blancs. La question des relations entre Boganda et l'Église doit tenir compte de tous ces éléments qui s'entremêlaient étroitement. Boganda lui-même en était très conscient. La résurgence du souvenir des compagnies concessionnaires martyrisant les populations grâce à l'appui de l'administration coloniale, l'amplification des relations conflictuelles dues au racisme de ses supérieurs et de ses confrères religieux spiritains, sa pratique sacerdotale avaient par ailleurs largement orienté les rapports entre Boganda et l'Église catholique.
    • « Faire musique de tout bois »  : L'inventivité traditionnelle comme fondement d'une politique nationale de la musique au Gabon - Ludovic Obiang p. 567-584 accès libre avec résumé
      Au Gabon, la vie musicale moderne se caractérise par une rareté de la pratique instrumentale et par un élitisme croissant qui tranchent/contrastent avec la richesse organologique et le communautarisme des sociétés traditionnelles. Il convient dès lors d'examiner les mécanismes internes de la musique traditionnelle, ceux qui garantissaient naguère sa vitalité et son caractère indivis, afin d'en déduire les processus d'une renaissance musicale au Gabon. Deux de ces modalités en particulier ont longtemps interpellé les observateurs. Ce sont la potentialité et la polyvalence. Leur connaissance approfondie devrait servir de base pour envisager une politique de la musique qui soit à la fois accessible à tous et garante de l'identité culturelle de notre pays.
  • Chronique filmographique

    • Jean Rouch à portée des yeux - Jean-Paul Colleyn p. 585-605 accès libre avec résumé
      Analyse et contextualisation de dix films de Jean Rouch -pionnier du film ethnographique et inspirateur de la nouvelle vague (1917-2004)- à l'occasion de l'édition du coffret de 4 DVD « Jean Rouch », par les Éditions Montparnasse.
  • Chronique bibliographique