Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 204, 2011
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Nécrologie : Claude Daniel Ardouin Im Memoriam - Mamadou Diawara p. 735-737 accès libre
  • Études et essais

    • L'écologisme d'un mouvement religieux japonais au Sénégal : De la guérison à la gestion de l'environnement par Sukyo Mahikari - Frédérique Louveau p. 739-768 accès libre avec résumé
      Sukyo Mahikari est un prophétisme japonais né en 1959 basé sur un rituel de purification (okiyome) et un système de sens emprunté au shint ?. Les adeptes sénégalais sont attirés par son aspect thérapeutique car ils trouvent un mieux-être lié à la purification des corps. L'idéologie du mouvement religieux associe les corps, l'univers, les entités invisibles (esprits, ancêtres, divinités) et la nature dans un monde interagissant. La purification des corps entraîne la purification de l'environnement et inversement, ce qui conditionne l'avènement du paradis sur terre attendu par les initiés. Cet article montre comment un mouvement religieux offrant une thérapie corporelle devient un acteur gestionnaire de l'environnement légitimé par l'État en amenant ses adeptes à réaliser des activités écologistes dans des espaces naturels urbains (nettoyage des espaces publics, reboisement, restauration des jardins botaniques, jardinage de proximité) selon des préceptes religieux.
    • Le « tiers-espace » de Léonora Miano romancière afropéenne - Sylvie Laurent p. 769-810 accès libre avec résumé
      L'africanité inexpugnable des populations noires vivant sur différents continents a nourri depuis le XIXe siècle le militantisme des partisans les plus résolus du « retour » à la mère-patrie des enfants d'Afrique, dépossédés selon eux par les Blancs de leur identité fondamentale. De part et d'autre de l'Atlantique, des artistes noirs ont parallèlement et à leur façon interprété l'intuition partagée d'un patrimoine et d'une sensibilité artistiques communs des peuples « afro-descendants ». Depuis quelques années, ils sont rejoints dans cette relecture des cultures noires par les études diasporiques qui trouvent un écho grandissant dans les universités anglo-saxonnes. Les théories stimulantes autour de « l'Atlantique noir » permettent de réévaluer les interfaces culturelles multiples rassemblant les populations noires des trois continents. Cet article se propose d'étudier à cette lumière l'oeuvre de la romancière franco-camerounaise Léonora Miano, d'éclairer les sources d'inspirations, issues avant tout des espaces américain et caribéen. En les interprétant au prisme de son éducation africaine et de son statut d'« afropéenne », la jeune romancière illustre les complexités des identités noires contemporaines, ancrées dans un « tiers-espace », ni africain, ni américain, ni européen.
    • Le concept du héros imprévisible : Système religieux yorùbá (Bénin-Nigeria). Èsù, l'improbable Trickster - Gilles-Félix Vallier p. 811-845 accès libre avec résumé
      La notion de trickster (décepteur) a été appliquée par plusieurs chercheurs à certains personnages occupant une place prépondérante, parfois marginale, dans certains systèmes complexes de croyances des sociétés ouest-africaines de la tradition. C'est à partir de la compréhension d'Èsù, médiateur et principe traducteur de la religion yorùbá (Nigeria-Bénin) que se décide la particularité des autres òrìsà. Ces derniers apparaissent différenciés l'un de l'autre par la présence d'un espace intermédiaire. Seul Èsù, vecteur du système oraculaire et interprète de la plupart des instances de culte, connaît et domine les secrets de l'univers dont il n'a reçu aucune part ? le seul domaine attitré serait l'espace du marché. Figure remarquable du complexe religieux, Èsù traduit la non-fixité des valeurs et l'envers des institutions. Il introduit au sein même de l'ordonnance du système religieux une marge importante d'imprévisibilité, d'incertitude, qui « donne du jeu » au segment, grâce à la remise en cause de tout ce qui existe. Agent omniprésent et omniscient au coeur même de la religion et des traditions, il nous convie à rester attentif à deux phénomènes : le primat du sacré dans toutes les composantes du système social et politique ; la nécessité d'un principe dynamisant et créateur d'un nouvel ordre. En d'autres termes, si Èsù représente la traduction et l'instrument de conservation de l'ordre ? lequel n'est jamais acquis de manière définitive ? il est l'expression du désordre en tant qu'il recrée un ordre nouveau après destruction d'un ordre antérieur. Dans cette perspective dynamique de l'expérience individuelle et collective du sacré, Èsù assure d'une manière unique et continuelle la condition de sa reproduction. Ces éléments caractéristiques et fondamentaux nous amènent à reconsidérer le concept même de trickster et sa réalité factice et imprescriptible. Celui-là se retrouve de manière inaugurale comme la pierre angulaire de constructions théoriques toujours plausibles, dont les reliefs s'apparentent le plus souvent au mirage.
    • Violence in Dialogue : Yorùbá Women in Actions - George Olusola Ajibade p. 847-871 accès libre
    • Les transformations des représentations symboliques relatives à l'eau : La sorcellerie des talimbi dans le contexte urbain centrafricain - Aleksandra Cimpri? p. 873-892 accès libre avec résumé
      La sorcellerie comme facteur explicatif des changements sociaux actuels est un thème récurrent dans les études anthropologiques contemporaines. Très flexible, la notion de sorcellerie se renouvelle continuellement et s'adapte facilement à ces changements actuels. La sorcellerie des talimbi, en République centrafricaine, a subi des transformations et des réinterprétations pour s'adapter aux besoins de la société contemporaine. Les représentations actuelles relatives aux talimbi puisent leur matière au sein de plusieurs systèmes de représentations, notamment celui des nyama ti ngu (animaux de l'eau), des hommes-caïmans et des zo ti likundu (sorciers). Étant une réalité sociale, cette sorcellerie intègre davantage les éléments de la marchandisation des biens et des humains et peut être ainsi désignée comme une « économie occulte ». Ces représentations fonctionnent à la fois comme un régulateur des normes de savoir-vivre et de moralité des personnes. C'est ainsi que les talimbi proposent une analyse des relations sociales à tous les niveaux.
    • Yemeni Families in the Early History of Addis Ababa, Ethiopia ca.1900-1950 : A Revisionist Approach in Diasporic Historiography - Samson A. Bezabeh p. 893-919 accès libre avec résumé
      Familles yéménites dans l'histoire des débuts de Addis Abeba, Éthiopie, 1900-1950. Une approche révisionniste dans l'historiographie des diasporas. ? Cet article porte sur l'histoire non documentée de la migration yéménite vers Addis Abeba, capitale de l'Éthiopie. Il décrit l'évolution du statut des migrants yéménites au sein de l'État éthiopien sur une période d'un demi-siècle. Plus spécifiquement, l'article décrit les changements dans le temps du cadre de migration et d'installation des Yéménites à Addis Abeba. Il tente en outre de montrer comment les Yéménites se sont progressivement intégrés dans l'économie et la vie sociale de l'État éthiopien. L'interprétation s'appuie sur des histoires familiales ainsi que sur des documents détenus par des membres de la communauté yéménite de la diaspora. L'article plaide pour l'utilisation de la stratégie méthodologique afin d'expliquer non seulement l'histoire des migrants yéménites mais également celle d'autres familles de la diaspora.
    • L'homophobie populaire au Cameroun - Ludovic Lad? p. 921-944 accès libre avec résumé
      L'homosexualité africaine est très peu étudiée et documentée, l'homophobie africaine l'est encore moins. Ici le tabou culturel semble se doubler d'un tabou scientifique. L'entrée récente du sujet de l'homosexualité dans les débats publics et populaires dans certains pays africains, dont le Cameroun, s'est faite par le biais de faits divers, largement relayés par des médias locaux, qui impliquaient et criminalisaient une frange influente de l'élite politique et économique du pays. Cet essai montre qu'à travers cette saga, l'opinion populaire, en recyclant le thème connu de l'association de l'homosexualité et de la sorcellerie criminelle s'est positionnée comme défenseur des valeurs traditionnelles. Celles-ci seraient menacées par une certaine modernité occidentale aux soldes de laquelle seraient un État postcolonial prévaricateur et une élite locale criminalisée et désavouée. L'homophobie est instrumentalisée ici non pas par les détenteurs du pouvoir à des fins politiques, comme c'est souvent le cas, mais bien par la populace pour nommer la déchéance des gouvernants. Par ailleurs, cette résistance culturelle, morale et sociale s'opère dans un cadre où les industries de la culture contribuent à la mondialisation non seulement des débats sur des sujets longtemps considérés tabous en Afrique mais aussi du choc entre les résistances locales et les pressions des lobbys internationaux.
  • Notes et documents

    • L'esclavage domestique chez les Beembe (Congo-Brazzaville) XVIIIe-XXe siècles - Benjamin Kala-Ngoma p. 945-978 accès libre avec résumé
      Tragique désillusion que celle des Beembe qui croyaient l'esclavage non seulement incapable de les atteindre dans leur citadelle, mais encore moins leur y porter la guerre. Et quel ennemi ? L'esclavage domestique ! Une hydre aux mille visages, avec des têtes aussi séduisantes qu'assassines ayant pour noms porcs, fusils, manioc, maïs, coutelas, produits manufacturés? Un combat fatal a l'issue connue d'avance. Heureusement que le colonisateur, volant à leur secours, a terrassé l'hydre, mais sans la tuer, l'hideux monstre ayant mué et continuant sournoisement son combat.
  • Débats et controverses

  • Chronique bibliographique