Contenu du sommaire : Bouleversements stratégiques dans le monde arabe ?
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 79, automne 2011 |
Titre du numéro | Bouleversements stratégiques dans le monde arabe ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Introduction - Barah Mikail p. 9-12
- Les États-Unis et le Printemps arabe - Anna Raymond Viden p. 13-26 Le « Printemps arabe » a coïncidé avec les termes de l'Administration démocrate du président Barack Obama. Cela étant dit, après son discours du Caire, qui se voulait ouvert et pragmatique, et à un moment où les intérêts américains au Moyen-Orient sont en jeu, le chef d'Etat américain a dû parfois reconsidérer ses jugements. L'auteure nous rappelle ici quels sont les termes de ces repositionnements, avant de nous rappeler ce que pensent les communautés universitaire et stratégique de leur pays dans la région.
- L'Union européenne : de la munificence à la géostratégie - Richard Youngs p. 27-36 Avec les évolutions du « Printemps arabe », l'approche par l'Union européenne de cette région n'a pas manqué d'être soulignée. L'auteur revient sur cet aspect, en démontrant que, n'ayant pas été à la hauteur de ses moyens jusqu'à peu, la diplomatie européenne prend toujours le risque de manquer le tournant des évolutions arabes. Or, entre une présence perçue comme encombrante par les pays arabes et un retrait distant, un juste milieu existe, qui permettrait à l'UE de consacrer sa présence dans la région tout en développant des ressorts favorables à l'évolution de celle-ci.
- La France et les mutations arabes - Barah Mikaïl p. 37-46 La France s'est longtemps caractérisée par une forme de « pragmatisme » dans son approche des affaires du Moyen-Orient. Or, le « Printemps arabe » a souligné tour à tour les contradictions de la diplomatie française puis ses tentatives de rattrapage. L'auteur souligne ici les contours de cette attitude, avant de se demander si, en encourageant des opérations militaires en Libye, la France a effectivement trouvé les conditions pour un renforcement de sa diplomatie.
- La Turquie, le Printemps arabe et la Post-Européanité - Nilüfer Göle p. 47-56 Dans cet article, l'auteure interroge les raisons d'émergence de la Turquie comme une référence, un exemple, voire même un modèle pour les pays gagnés par le Printemps arabe. Le nouveau rôle géopolitique de la Turquie est ici décrit comme un processus d'émancipation par rapport aux politiques occidentales et d'affirmation en tant qu'acteur régional. La visibilité de la Turquie au Moyen-Orient est due à cette légitimité désormais acquise. Sa singularité vient de sa capacité démocratique à incorporer le référent islamique. L'exemplarité de la Turquie signifie le décentrement de l'Europe comme le foyer exclusif de l'imaginaire démocratique.
- Un nouveau paradigme pour la Turquie ? - Alican Tayla p. 57-65 La Turquie répond à certains fondamentaux définis par l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Cela étant dit, les évolutions du « printemps arabe » ont aussi mis en perspective la nécessité pour la diplomatie turque de développer une réponse adéquate à ces événements. L'auteur, après nous avoir rappelé les dilemmes qui ont pu parfois s'imposer à la Turquie devant les bouleversements de son voisinage, en vient à un constat lucide : la diplomatie du pays, aussi évolutive ait-elle pu être, a aussi répondu à bien des limites dans ses tentatives d'adaptation.
- Les forces armées dans les révoltes arabes - Jean-François Coustillière p. 67-80 Le « printemps arabe » a montré combien les schémas transitionnels régionaux se devaient de pouvoir compter sur les armées afin de maintenir une stabilité. Cela étant dit, quelle vision ont les armées, occidentales en l'occurrence, des évolutions régionales ? L'auteur revient sur cette question, avant que de rappeler que, entre autres conditions, les armées occidentales seraient bien inspirées de relever le niveau de leur coopération avec leurs homologues de la Méditerranée si elles souhaitent assister à des réussites exemplaires.
- Réseaux sociaux et médias d'information - Manuel Manrique p. 81-92 On a souvent présenté les médias et les réseaux sociaux comme étant l'une des conditions sine qua non pour la favorisation du « Printemps arabe » et des processus révolutionnaires en général. Or, l'auteur souligne ici que, bien qu'important, le rôle des NTIC ne doit pas pour autant être exagéré. Ceux-ci sont un potentiel catalyseur pour les soulèvements de la région, certes ; mais dans le même temps, ils accompagnent les processus et leurs aboutissements bien plus qu'ils ne les provoquent.
- Première approche d'une contextualisation des révoltes populaires arabes - Georges Corm p. 93-111 Ce texte consacré aux révoltes arabes tente de redéfinir le cadre géohistorique et géopolitique de leur apparition avant d'analyser les discours contrastés qu'elles engendrent.
Actuel
- Le pays qui était de couleur égarée, destins de l'Unité italienne (1861-2011) - Serge Airoldi p. 115-130 Débarrassée depuis le 12 novembre de Silvio Berlusconi dont les marchés financiers et la crise en Europe ont eu finalement raison, l'Italie doit s'engager maintenant dans une autre gouvernance après dix-sept ans d'extravagances qui n'ont rien épargné à la chronique et au pays. Le hasard fait que la chute du Cavaliere intervient à la fin de l'année où l'on célébrait le 150è anniversaire de l'Unité italienne. En 1861, Mazzini, Cavour, Garibaldi et beaucoup d'autres imaginaient en effet une unification du royaume. Un projet gigantesque qui a pris corps, une espérance de virtu qui est devenu un pays réel lequel, toutefois, a connu depuis, toutes les aventures et tous les périls.
- Quel avenir pour l'accord de Doha sur le Liban ? - Pierre Berthelot p. 131-145 Le Liban connait une situation politique instable depuis l'assassinat de Rafic Hariri en février 2005, qui fut suivi presqu'immédiatement du retrait des troupes syriennes du pays, Damas ayant à l'époque été jugé responsable de cette tragédie. Le pays du Cèdre, en permanente ébullition, a fonctionné depuis, et tant bien que mal, principalement à partir de deux accords politico-institutionnels, « Taëf » et « Doha »1. Ce dernier semble avoir volé en éclat début 2011 lorsque Walid Joumblatt et la majorité de son groupe parlementaire, appuyés par quelques individualités principalement sunnites et tripolitaines (dont Nagib Mikati, devenu le 26 janvier le nouveau chef du gouvernement) ont rallié l'ancienne opposition emmenée par le Hezbollah lui permettant de devenir désormais majoritaire2. Doha est-il pour autant définitivement abandonné ou est-ce qu'à tout le moins son esprit subsistera, puisque sans cette vision de compromis il semble peu probable que le Liban n'affronte pas de nouvelles turbulences de forte intensité ? Pour pouvoir mieux évaluer cette perspective, il conviendra de revenir sur sa genèse, avant de préciser quels ont été ses acquis, ses insuffisances depuis sa mise en place en mai 2008, tout en s'interrogeant sur sa potentielle pérennité, sous une forme ou une autre. Les évènements qui se produisent au Liban peuvent à tout moment provoquer une déflagration régionale avec des répercussions internationales et il n'est donc pas inutile d'esquisser une réflexion sur ces différentes évolutions.
- Les Frères musulmans et les chrétiens dans la révolution égyptienne - Fatiha Kahouès p. 147-160 Les élections législatives en Egypte dont le premier tour a débuté le 28 novembre témoignent à la fois du succès de la transition post-Mubarak et de la progression des islamistes, singulièrement celle des salafistes. Pour les coptes, qui représentent 10% environ de la population égyptienne, un tel score ne peut manquer de susciter des craintes dans un contexte marqué récemment de violences confessionnelles à leur encontre. Une telle focalisation sur la donne religieuse ne doit pas obscurcir l'enjeu économique, essentiel dans un pays marqué par une pauvreté endémique.
- Le pays qui était de couleur égarée, destins de l'Unité italienne (1861-2011) - Serge Airoldi p. 115-130
- Notes de lecture - p. 162-169